Les propriétaires de voiture électrique nous le prouvent tous les jours : traverser la France n’est pas un problème. Mais qu’en est-il dans le reste de l’Europe ? Peut-on facilement rejoindre des grandes villes d’Europe Centrale, s’aventurer jusqu’en Islande, ou prendre le temps de visiter les Highlands en Ecosse ? Trois électromobilistes ont accepté de partager leur expérience de recharge à l’étranger en témoignant. Voici le récit de Daniel, seconde partie d’un triptyque consacré aux incroyables roadtrips réalisés cet été en électrique.

Après avoir fait le tour d’Europe Centrale en compagnie d’Armand, nous voici parti en famille à la découverte de l’Ecosse, et en particulier des Highlands. Cette fois, c’est Daniel qui est au volant. Il nous raconte cette aventure de 6 200 km depuis le sud de la France.

De l’hybride rechargeable au 100% électrique

Pour la plupart des passionnés d’automobile, l’hybride rechargeable est soit le mix parfait entre le tout électrique et le thermique, soit le pire de ces deux mondes. Plus rarement, on le présente comme une passerelle de l’un vers l’autre. Pourtant, si Daniel roule aujourd’hui en Volkswagen ID4, c’est bien parce qu’il a eu pendant 6 ans une Golf GTE ! « C’était pour moi impeccable parce que j’ai un trajet aller-retour domicile/travail de 40 km donc en gros je faisais 30-35 km en électrique et puis le reste en thermique ». Surtout qu’il fait partie de ceux qui jouent le jeu en branchant tous les jours sa voiture. « Sur 6 ans, j’ai fait une moyenne de 3,5 l/100 et mon record avec un plein de 40 litres, c’était 2 000 km ». C’est ainsi que, non content de son expérience en Golf, il a décidé de sauter le pas vers le 100 % électrique à la fin de sa LLD. « En 2021, je me suis posé la question : est-ce que je reprends une hybride rechargeable ou est-ce que je prends une électrique ? D’autant plus que finalement j’étais un peu frustré de ne pas avoir plus d’autonomie en électrique, ne serait-ce que pour tous les jours ». Précisons également que sa femme roulait déjà en Renault Zoé depuis 2016. Son choix s’est alors porté sur le SUV de Volkswagen.

Pourquoi l’ID4 et pas l’ID3 ? « Pour une question d’habitabilité surtout. J’ai deux ados, deux filles, et, dans la Golf, j’avais leurs genoux qui me tapaient dans le dossier du siège. Je ne voulais pas non plus mettre un coffre de toit sur une électrique pour ne pas perdre en autonomie. J’ai donc pris l’ID4 ». En outre, il apprécie le rayon de braquage particulièrement court, la longueur relativement contenue pour pouvoir se garer sans trop de difficultés en ville, et les aides à la conduite efficaces. Aujourd’hui, et depuis 2021, le garage de Daniel est donc 100 % électrique.

Au temps de la Golf et de la Zoé, la recharge s’effectuait sur une prise Green Up, aidée par une simple prise domestique si besoin. Avec deux 100 % électriques à la maison, il était temps de passer à une wallbox. « Même si, dans l’absolu, on aurait pu continuer sans, ça devenait intéressant de charger plus rapidement. À 7 kW, en une nuit on peut faire le plein ». Mais ce n’est pas le seul changement que Daniel a opéré. « Depuis cette année, je suis passé à un abonnement électrique EDF Tempo. Je chauffe au bois donc, les journées rouges, je suis très faiblement impacté et recharger à 10 ou 12 centimes le kWh le reste de l’année, c’est top ». Une configuration clairement idéale avec un tel abonnement électrique, qui est de surcroît complétée par 6 kW de panneaux solaires. Une chose est sûre, quand la famille de Daniel part en vacances en voiture aujourd’hui, c’est forcément en électrique ! Une manière supplémentaire de diminuer son empreinte carbone, notamment comparé à l’avion.

A la recherche du frais !

C’est un discours que l’on commence à entendre distinctement avec les effets du réchauffement climatique : attirés par des températures plus clémentes, les touristes privilégient dorénavant les destinations du nord de l’Europe. Habitant la Côte d’Azur où il fait particulièrement chaud l’été, pas étonnant donc de retrouver l’Ecosse comme destination privilégiée de nos quatre voyageurs du jour. « On cherchait un peu de fraîcheur et moins de touristes. On avait alors envisagé la Norvège, mais les prix là-bas, en termes de location, c’était assez élevé. On a donc reporté notre choix sur l’Ecosse qui a des paysages vraiment magnifiques ». A noter que si la densité de touristes n’est pas la même que dans le sud de la France, le pays des Loch reste une destination courue.

Mieux vaut donc s’y prendre suffisamment à l’avance pour avoir le choix au niveau des hébergements. « Quand on a fait nos réservations, il restait très peu de choix, c’est pourquoi nous n’avons pas ajouté le critère de la charge à destination pour ne pas compliquer encore plus les recherches ». Sans possibilité de recharge la nuit, il fallait donc s’assurer de la couverture des réseaux de recharge. Si la femme de Daniel était au commande de la réservation des nuitées, Daniel, lui, s’est occupé de vérifier sur l’application Chargemap que les 6 200 km à travers la France, l’Angleterre et l’Écosse pouvaient se dérouler dans les meilleures conditions possible, grâce à un maillage suffisant. « Après vérification, je me suis dit : ça couvre sans problème ». Et quand on lui demande si au final, thermique ou électrique, cela faisait une grande différence, Daniel répond du tac au tac : « Je suis parti comme si j’étais en thermique ». Le ton était donc donné.

3 pays traversés, 4 opérateurs de bornes utilisés

A l’époque de sa Golf GTE, Daniel utilisait une carte KiwiPass. En passant au Volkswawgen ID4, il a reçu la carte We Charge de la marque, assurant des tarifs préférentiels sur le réseau de recharge Ionity. « Quand on fait un grand trajet comme ça, on ne cherche pas forcément à prendre un seul abonnement et l’amortir au maximum, l’important c’est d’avoir un réseau de bornes confortables et pratiques. J’ai donc assuré le coup en prenant pour la première fois un abonnement réseau Tesla parce qu’il y avait une bonne couverture en Angleterre entre Ionity et les Superchargeurs Tesla ouverts à la concurrence. Pour mon trajet, c’était parfait ! ». Deux réseaux qui s’avèrent effectivement bien représentés jusqu’à Edimbourg et Glasgow.

Mais une fois la direction des Highlands prise, cela n’était plus suffisant. « En regardant en Écosse les réseaux, j’ai commandé avant de partir une carte RFID de chez Charge Place Scotland qui m’a semblé être l’opérateur le mieux représenté, notamment du côté de l’Île de Skye ». Certains de nos lecteurs pourront se demander pourquoi avoir commandé une carte RFID plutôt que de passer directement par l’application qui existe. Deux raisons simples peuvent expliquer ce choix : « premièrement comme j’étais en France, je n’ai pas pu charger leur appli parce que je n’étais pas dans la bonne zone. Deuxièmement, quand il n’y a pas de réseau, vous avez beau avoir l’appli, vous ne pouvez pas recharger. Et en Écosse, je peux dire que le réseau, il n’est pas toujours en 4G. Donc il ne faut pas hésiter à payer une carte au même titre qu’on paye un abonnement pour ne pas se prendre la tête et ne pas risquer de ne pas charger ».  Voilà un bon conseil à suivre pour tous les voyageurs en voiture électrique !

Au final, Daniel et sa famille auront réalisé au cours de ce voyage 27 recharges en utilisant 4 opérateurs différents. Dans le détail, hormis 4 charges lentes, toutes les autres étaient des charges rapides, avec une moyenne de 30 minutes passées à recharger à la borne. Enfin, concernant le coût total, celui-ci s’élève à 516 €, soit 8,30€ pour 100 km. Un tarif qui reste sans doute plus avantageux qu’avec du thermique, alors même qu’outre Manche, l’essence y est moins chère qu’en France, contrairement au kWh qui lui est plus élevé. « Les prix du kilowatteur au Royaume-Uni, c’est à peu près 30 à 40% plus cher qu’en France. De toute façon, très clairement, le côté financier, c’était pas l’argument premier. Quasiment tout le reste de l’année, on charge à la maison avec une charge à 10-12 centimes du kilowattheure. Alors 50 centimes en moyenne pour de la charge rapide, ça me paraît honnête, surtout quand cela reste exceptionnel ». Et on ne peut que lui donner raison !

2 600 km à droite, 3 600 km à gauche, et des stations (parfois) encombrées

Comme prévu avant le départ, les 6 200 km se sont déroulés sans encombre pour les 4 passagers du Volkswagen ID4. Mais Daniel tient à préciser qu’il a parfois dû attendre pour pouvoir recharger. « Deux fois j’ai trouvé toutes les bornes occupées. Une fois chez Ionity, et une fois chez Tesla. La fois chez Ionity, j’ai attendu 15 minutes, c’était au niveau de Glasgow, donc une grande ville, et il n’y avait que 6 stèles ». Mais ce n’était sans doute pas la seule raison de cette attente. « En fait, je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup de gens qui chargeaient au-dessus de 80%. Si les gens s’étaient arrêtés à 80% ça aurait été beaucoup plus fluide ». La deuxième fois où il y a eu de l’attente, c’était sur une station Tesla en Angleterre, et cette fois pour une raison bien particulière : « sur les Superchargeurs V2, la répartition de la puissance se fait sur une paire de bornes. Donc les gens se positionnent généralement une place sur deux. Comme vous le savez, sur une Tesla le port de charge est à gauche, or sur l’ID4, c’est à droite. Du coup, quand quelqu’un veut charger avec sa prise à droite, il arrive qu’il ne puisse pas se brancher car plus de “bonne” place de disponible ». Résultat, Daniel a dû attendre 10 minutes, et une fois branché ne pas trop tarder puisqu’en se branchant il condamnait lui-même un emplacement pour une autre Tesla. Une problématique qui est censée se régler avec le déploiement des stations V4, et leurs câbles attachés plus long.

Une autre remarque qu’a également tenu à partager Daniel, c’est au sujet de l’état des bornes. « En France, souvent sur des réseaux régionaux, départementaux, disons locaux, il n’est pas rare de voir des bornes hors service, et cela fait râler. Mais en fait il n’y a pas que chez nous, au Royaume-Uni aussi. En gros, le réseau de recharge en France ou au Royaume-Uni c’est la même problématique, sauf que chez eux c’est plus cher ! ». De quoi, peut-être, se rassurer, ou du moins relativiser un peu quant à la qualité de notre réseau de recharge qui, sur autoroute par ailleurs, est particulièrement efficace. « Je pense qu’en 2023 c’est vraiment l’année qui a marqué un tournant. Sur l’A6 jusqu’à l’A7 on peut charger à quasiment toutes les aires, donc on n’a plus d’excuses…». Voilà qui est dit !

Un grand merci à Daniel d’avoir ajouté sa pierre aux témoignages publiés sur Automobile Propre. N’hésitez pas à lui poser des questions en commentaire si vous souhaitez en savoir plus sur cette aventure. Et si vous aussi, vous souhaitez partager votre expérience de la voiture électrique, qu’elle soit bonne ou mauvaise, vous pouvez nous envoyer un mail via le formulaire de contact ! En attendant le dernier épisode de ce triptyque consacré aux roadtrips à l’étranger, vous pouvez retrouver celui d’Armand, qui a traversé six pays pour visiter les grandes villes d’Europe centrale au volant d’une Tesla Model 3 propulsion.

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