Alors que les constructeurs équipent très majoritairement de la technologie lithium-ion leurs véhicules électriques, Bolloré maintient le cap avec ses batteries LMP. Le groupe breton espère parvenir à faire évoluer ses accumulateurs vers davantage de capacité énergétique et un fonctionnement à température ambiante.
Afin de justifier sa persévérance à développer ses batteries lithium-métal polymère à électrolyte solide, Bolloré met dans la balance plusieurs avantages importants : l’absence de matériaux critiques (cobalt, cadmium et nickel), leur résistance aux températures extrêmes, leur meilleure densité énergétique, leur recyclabilité et leur simplicité de fabrication.
Seulement voilà, pour leur bon fonctionnement, les cellules LMP, qu’embarquent la Bluecar et ses dérivés Bluesummer et Citroën e-Méhari, doivent être maintenues à une température de l’ordre de 60 °C. Si ce n’est pas vraiment un problème pour des flottes de véhicules exploitées quotidiennement, les automobilistes particuliers s’accommodent difficilement de devoir brancher la voiture au secteur quand elle n’est pas utilisée régulièrement.
Et si la technologie évoluait vers des batteries pouvant fonctionner à température ambiante ?
Collaboration avec Li-Metal
Installée au Canada à Toronto, Li-Metal est une société spécialisée dans la recherche de solutions technologiques autour des cellules et des anodes au lithium-métal. Un accord vient d’être passé avec l’entreprise Blue Solutions de Bolloré pour le développement et la commercialisation conjoints de batteries de nouvelle génération.
Ce partenariat « contribuera à faire progresser le développement des technologies d’anodes au lithium-métal hautes performances et à faible coût de Li-Metal et des batteries à semi-conducteurs de Blue Solutions à utiliser dans les véhicules électriques de tourisme », rapporte l’entreprise canadienne dans un communiqué daté du 1er mars 2022.
Pour elle, l’accord est une aubaine. Il va lui faciliter les tests de qualification.
De nouveaux processus meilleurs pour l’environnement
Selon Maciej Jastrzebski, PDG cofondateur de Li-Metal, le partenariat avec Blue Solutions devrait permettre de mettre au point des anodes de batterie plus rentables à produire, avec des performances augmentées et un moindre impact sur l’environnement.
Aujourd’hui, l’industrie du lithium-métal repose sur l’électrolyse d’un mélange de chlorure de lithium (45 %) et de chlorure de potassium (55 %) porté à 400-450 °C. Cette opération est coûteuse et gourmande en énergie. Le procédé mis au point par l’entreprise canadienne remplace le chlorure de lithium par du carbonate du même matériau.
La disponibilité de ce dernier est bien meilleure. De plus, il permet de produire du lithium-métal à moindre coût avec un impact modéré sur l’environnement. Les partenaires espèrent construire une usine importante capable de sortir entre 100 et 300 MWh de matériaux d’anode par an dès 2023.
2 usines Blue Solutions
La production de batteries LMP de Blue Solutions s’appuie actuellement sur 2 usines, l’une au Québec, et l’autre en Bretagne. Celle d’Ergué-Gabéric, près de Quimper, ne fonctionne pas au niveau espéré. Pourquoi ? En raison des difficultés à vendre la Bluecar qui a disparu de la plupart des services d’autopartage qu’elle symbolisait.
Depuis 2019, c’est Cyrille Bolloré, le fils de Vincent Bolloré, qui est aux commandes. Son ambition, selon un article publié par le quotidien régional Le Télégramme : aboutir d’ici à 2026 à une quatrième génération de batteries, plus puissantes, fonctionnant à température ambiante et dotant les véhicules qui les embarquent d’une autonomie plus importante.
Nul doute que le partenariat établi avec Li-Metal serve ce programme qui rendrait alors les batteries LMP très désirables auprès des constructeurs de véhicules électriques.
Vers une résurrection de la Bluecar ?
Si la Bluecar a déserté les rues de Paris, de Bordeaux et de Lyon où elle s’offrait en autopartage, sa commercialisation n’a jamais été officiellement arrêtée. Le site officiel qui la propose est toujours en ligne. C’est que le groupe Bolloré continue à investir en visant son retour sur le marché du neuf des voitures particulières électriques.
Les ventes des Bluebus et des eCitaro de Mercedes qui exploitent ces batteries LMP ne sont pas suffisantes pour maintenir à un bon niveau l’activité des usines de Blue Solutions. Dans son article, Le Télégramme indique que « c’est le plan de la dernière chance », après déjà 3 milliards d’euros mobilisés en 25 ans pour développer et imposer une technologie de batteries controversée.
Le nouveau scénario prévoit l’ouverture d’une gigafactory en partenariat avec un autre industriel. En cas de nouvel échec sur le parcours, le groupe Bolloré pourrait se séparer de la branche Blue Solutions, croit savoir le quotidien breton.
En revanche, si la Bluecar devait renaître, il lui faudrait subir une véritable mutation qui la hisse au niveau de ses concurrentes et de la nouvelle génération d’accumulateurs.
Et vous ? Que pensez-vous de la technologie LMP ? Bolloré a-t-il raison de poursuivre dans cette voie ? La Bluecar doit-elle ressortir des cartons ?
Voila exactement le concept industriel qu’il ne faut pas suivre.
On ne décrété pas qu’une technologie est supérieure à une autre, on cherche et puis on trouve et si on trouve pas de solution on cherche autre chose.
L’investisseur a beaucoup d’argent et il sait très bien rebondir, au pire l’etat lui refilera un contract pour rentabilisé un fiasco supplémentaire.
Tous les milliardaires ne sont pas des génies
Tout effort de R&D est louable mais il faut avoir les reins solides et pouvoir voir le bout du tunnel dans un futur raisonnablement économique. 2026 n’est pas si loin et il y a de la place sur le marché pour de multiples technologies. J’espère leur succès.
Les batteries LMP conviennent parfaitement aux applications industrielles avec des taux d’utilisations et km quotidiens maîtrisés.
Cela couvre un grand nombre d’applications, bus, véhicules de livraison urbaine ou locale, BOM, chariots élévateurs, équipement portuaire et aéroportuaire…
Elles ont aussi l’avantage d’être utilisables sous climat très chauds.
Pour l’usage automobile des particuliers, elle est bien moins adaptée sauf à ne faire que de courts trajets quotidiens, oubliez aussi les migrations estivales ou les sorties éloignées improvisées.
Bolloré n’a pas la taille de ses ambitions ni en recherche, ni au niveau industriel. Sa finira mal cette histoire.
De l’argent à la poubelle 🗑
Si avenir il y a pour ces batteries, ce sera (et c’est déjà) dans des applications de stockage stationnaire. Dans un bâtiment on peut plus facilement gérer la température sans surcoût énergétique. La batterie chaude serait même un avantage, puisque le stockage ne nécessiterait pas de clim, surtout dans les pays chauds (il y en a de plus en plus grâce au CO2!).
Par ailleurs, en tampon d’EnR, on n’a pas besoin de courants de charge et décharge trop importants. Donc tous les inconvénients rencontrés dans le véhicule disparaissent.
AMHA indépendamment de l’indubitable échec de Bolloré sur les plans technique et commercial (sur ce point les pouvoirs publics ont leur part de responsabilité), on ne peut que se réjouir de la recherche améliorant les LMP. Selon les usages on a besoin de différentes chimies de batterie. C’est la quantité globale qu’il faut accroître. Donc l’absence de métaux onéreux ou trop consommateurs d’électricité est une bonne chose. Mais il faut noter que les LFP n’ont pas non plus de Cobalt ni Nickel (oublions le Cadmium qui n’est pas utilisé pour la mobilité).
La batterie LMP actuelle a 2 gros défauts. Sa température de fonctionnement de 60° qui vide à elle seule la batterie en 2 jours et des poussières. L’absence de recharge rapide, qui empêche d’une part la recharge rapide, mais aussi le retour de l’énergie du freinage récupératif (nécessité d’ajout de supercapacités pour jouer ce rôle, présenté comme un atout par Bolloré mais qui n’est qu’un paliatif aux restrictions de recharge de la batterie).
S’il arrive à s’exonérer de ces 2 contraintes, sa batterie a des chances en grand public. Si l’un des 2 reste, il n’a aucune chance. L’article parle bien du premier problème, mais pas du second