Comme le constructeur Nio, Voyah arrive de Chine en abordant l’Europe par la Norvège. Son premier showroom a été ouvert à Oslo en juin dernier pour diffuser le SUV électrique Free. Maxime Fontanier s’est rendu sur place pour vous faire découvrir ce séduisant engin.

Marque premium de Dongfeng

Voyah est pour Dongfeng ce que Lexus est à Toyota : une marque haut de gamme réservée à une clientèle exigeante et à l’aise financièrement. Son lancement a été officialisé au salon de Pékin en septembre 2020. Le stand dédié présentait 2 concepts reposant sur la plateforme Essa (Electric, Smart and Secure Architecture) du groupe chinois conçue pour les modèles branchés : la berline sportive i-Land et le SUV i-Free.

C’est ce dernier qui accueille les visiteurs, prospects et clients à la boutique Voyah d’Oslo. Il montre que le modèle commercialisé Free a conservé les grandes lignes dessinées par le bureau italien Italdesign auquel nous devons les styles de voitures aussi diverses que les Fiat Panda, Renault 19, Lancia Delta, DeLorean DMC 12, BMW Nasca C2, Bugatti EB218, et Lamborghini Calà.

La Voyah Free suggère l’évasion avec un engin qui emprunte quelques codes à l’univers du yachting. Nous allons vite remarquer que c’est en poupe et dans l’aménagement à bord que la comparaison peut être effectuée de la façon la plus évidente.

Free, fruit de l’i-Free
(à répéter très rapidement 20 fois)

Abandonnant les caméras en remplacement des rétroviseurs extérieurs, les versions commercialisables et quelque peu assagies du Voyah Free ont rapidement suivi le lever de voile. Dès décembre 2020, la clientèle chinoise pouvait signer un bon de commande en choisissant entre un modèle électrique et une déclinaison hybride rechargeable.

Cette dernière ne devrait pas être proposée en Europe. Mais le tunnel de service à l’arrière, certes peu élevé, contribue à ne faire du milieu de la banquette arrière qu’une place à n’utiliser qu’occasionnellement ou pour de relativement courts trajets.

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Lors de son passage au premier showroom européen de Voyah, notre journaliste spécialisé était attendu par 2 exemplaires du SUV, l’un habillé de blanc, et l’autre de vert métallisé. Tous les 2 étaient coiffés d’un toit panoramique en verre fixe qui apporte un surplus de luminosité dans l’habitacle. Ils s’appuyaient sur des jantes 20 pouces façon turbine, montées avec des pneus Pirelli P Zero. Le châssis présente une double triangulation à l’avant et un système multibras à l’arrière.

Un peu d’originalité face à la concurrence

Reposant sur une empreinte au sol mobilisant un espace de 4,90 x 1,95 m, pour une hauteur de 1,65 m, le Voyah Free joue dans la même cour que les Nio ES8, Audi e-Tron et Mercedes EQE. Il peut aussi s’inviter en même temps que les Tesla Model X ou Model Y dans les projets d’achats pour un SUV électrique sortant de l’ordinaire.

Peut-être douterez-vous de l’originalité de ce concurrent chinois. Alors, regardez bien le jeu des suspensions pneumatiques, qui font varier la garde au sol depuis 11,3 cm avec le mode de conduite Sport, jusqu’à 21,3 cm. Si ce n’est pas forcément très courant, un tel dispositif n’est pas une nouveauté. Bien des sympathisants de Citroën DS s’en amusaient déjà dès 1955.

Alors !? Jetez un œil au tableau de bord pendant cette opération : il suit le mouvement ! À noter au centre de la planche l’œil qui va jouer le même rôle de compagnon de voyage que le Nomi du Nio ES8. Surveillant vos faits et gestes, il rapportera aussi des informations sur la présence et les mouvements des autres usagers dans les rues et sur les routes.

530 km d’autonomie

Ce sont 2 moteurs compacts synchrones à aimants permanents qui animent le Voyah Free, avec une puissance cumulée qui peut s’étendre à 360 kW (490 chevaux), pour un couple maximal de 750 Nm. Cette dotation permet à ce SUV électrique d’abattre le 0 à 100 km/h en 4,4 secondes, avant de filer vers les 200 km/h qui limitent sa vitesse de pointe.

La motorisation est alimentée par une batterie lithium-ion à cathode NMC (nickel manganèse cobalt) de 100 kWh, sur une capacité énergétique brute de 106,4 kWh. Le constructeur chinois communique sur une consommation moyenne de 18 kWh/100 km et une autonomie en cycle mixte WLTP autour des 530 km.

Via un connecteur Combo CCS, le pack peut être rechargé en courant continu jusqu’à une puissance de 125 kW. Nous sommes loin de ce que le groupe coréen Hyundai propose désormais. Une bonne courbe pourrait relativiser la différence. Le véhicule embarque un chargeur 11 kW pour se brancher sur les bornes 22 kW AC disponibles dans l’espace public ou une wallbox personnelle.

Prêts pour le voyage ?

Mais comment déclenche-t-on l’ouverture du hayon électrique du coffre sur le Voyah Free ? Vous avez le choix entre passer un pied sous le bouclier arrière ou utiliser la télécommande. Le sol est recouvert d’un cuir matelassé original et éclairé par 2 petites rampes lumineuses LED sur les côtés. Le volume de 560 litres s’étend à 1 320 l en rabattant le dossier en 2 parties de la banquette. À noter qu’il sera fractionné en 3, avec une trappe à skis, sur les exemplaires livrés en Europe. Les câbles de recharge ou de petits sacs pourront prendre place à l’avant dans le frunk de 72 l.

Grâce en particulier à un empattement de 2,95 m, 2 passagers installés à l’arrière disposeront d’un généreux espace aux jambes, aux coudes et à la tête. L’assise n’en est pas pour autant trop basse. Maxime Fontanier a découvert un intérieur clair en cuir synthétique, avec un accoudoir central qui peut libérer au besoin 2 porte-gobelets.

« Franchement, ça présente très bien. On a l’impression d’avoir du vrai cuir. C’est très valorisant », estime-t-il. À part une bande en plastique de quelques centimètres qui veut imiter le bois, les matériaux qui revêtent les contreportes sont agréables et rembourrés. On y trouve de généreux rangements et une bande lumineuse d’ambiance. Les vitres sont ici surteintées.

Le point de vue du conducteur

À l’avant, les sièges sont ventilés, chauffants et massants et, surtout, bien accueillants. « Ils sont plutôt bien dessinés, je trouve. C’est confortable. On a pas mal de maintien sans que ce soit oppressant », a apprécié l’homme à la casquette. Il a aussi remarqué la présentation « somptueuse » du tableau de bord, d’un bout à l’autre, composé d’une enfilade d’écrans numériques.

Le passager assis à côté du conducteur a donc, lui aussi, accès à des applications diverses. Il dispose pour cela d’une tablette dédiée implantée au-dessus de la boîte à gants réfrigérée qui conserve les boissons au frais. Le système intègre une clé 5 G. Les versions européennes du Voyah Free seront compatibles Apple CarPlay et Android Auto.

À droite du sélecteur de marche en forme de galet, un pavé tactile permet d’intervenir sur l’écran central sans le graisser avec les doigts. Une pluralité de matériaux, dont l’alu brossé, égaie la console centrale suspendue très ergonomique. Le volant l’est aussi, avec à gauche les boutons de gestion des aides à la conduite dont le régulateur de vitesse, et de l’autre côté ceux pour intervenir sur le système d’infodivertissement.

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Finition impressionnante

Derrière le cerceau, l’écran de l’instrumentation est très lisible avec un graphisme d’une belle finesse. C’est un modèle dans son genre. En bas et à gauche du compteur de vitesse, le niveau d’énergie disponible est indiqué en pourcentage et en autonomie. Un chargeur à induction, différentes prises (USB et 12 V) et de nombreux espaces de rangement sont accessibles aux passagers qui voyagent à l’avant.

Le tableau de bord, les contreportes, et toutes les parties en contact avec les genoux sont revêtus de matières rembourrées. « C’est sans doute la meilleure position de conduite que j’ai pu avoir dans un SUV à ce jour », compare Maxime Fontanier. Si un essai du Voyah Free n’a pu être réalisé, on imagine l’engin évoluant très silencieusement, même à haute vitesse. La présence d’un vitrage feuilleté et de joints de porte très épais nous conforte dans cette idée.

« Pendant longtemps, j’ai parcouru des salons où je voyais des Chinois qui étudiaient les véhicules européens pour les copier. Je peux vous dire qu’aujourd’hui ce sont plutôt les Européens qui vont se mettre à copier les véhicules chinois », prévient notre collaborateur, particulièrement impressionné par ce qu’il découvre dans cette nouvelle voiture électrique.

Tarifs

À Oslo, le Voyah Free est affiché à partir de 719 000 couronnes norvégiennes, pour une disponibilité en fin d’année. Avec un taux de change très précisément à 0,10 euro l’unité, cette somme représente tout juste 71 900 euros.

Toutefois, les électromobilistes de ce pays n’ont pas à acquitter une TVA qui est à 20 % dans l’Hexagone. Ce qui mettrait ce SUV électrique en France à 86 280 euros, sauf tarification différenciée.

Que pensez-vous, chers lecteurs, de ce modèle ? L’imaginez-vous capable d’inquiéter les constructeurs européens ? Et seriez-vous suffisamment séduits pour l’ajouter à votre liste de voitures électriques à essayer si vous aviez l’intention d’en acquérir une dans ce budget ?

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