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Cette start-up française va installer une borne de recharge par induction dans une gendarmerie

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Qui n’a jamais rêvé d’une auto électrique qui se recharge sans branchement ? Il y a deux façons d’aborder le sujet de la recharge par induction. Certains pensent que c’est inutile et que brancher une voiture électrique ne demande quand même pas trop d’énergie. D’autres se disent au contraire que les bornes seront bientôt obsolètes et que la recharge sans fil va devenir la norme. Les équipes d’Up&Charge penchent plutôt pour la seconde option. Nous avons discuté avec Marin Champenois, patron de cette start-up française. L’occasion d’aborder une expérimentation à venir dans une gendarmerie de Seine-et-Marne.

Recharge par induction : où en est-on ?

Si la recharge par induction semble être une innovation tout droit venue du futur, elle n’est en réalité pas si nouvelle. Déjà utilisée dans d’autres secteurs, notamment pour les smartphones, cette technologie repose sur la transmission d’énergie via un champ magnétique entre deux bobines. L’une située dans le sol, l’autre sous le véhicule. Aucun câble n’est nécessaire : il suffit de se garer au bon endroit pour que la recharge commence. En France comme ailleurs, plusieurs expérimentations ont déjà vu le jour.

Dès 2021, Renault s’était associé à l’industriel français ElectReon pour tester la recharge dynamique (en roulant) sur un circuit à Satory. En 2023, Stellantis a aussi testé des solutions d’induction statique sur les Peugeot e-208 et Fiat 500e dans ses centres techniques. Plus récemment, la ville de Lyon a mené un projet pilote avec la société norvégienne IPT Technology. Mais ces tests sont restés confidentiels ou limités à des démonstrateurs technologiques. Pas de démocratisation au programme.

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Ailleurs en Europe, notamment en Allemagne, en Suède et en Italie, des projets pilotes sont également en cours pour expérimenter cette recharge « invisible », avec l’ambition de la rendre opérationnelle d’ici à la fin de la décennie. En Californie, WiTricity, leader américain du secteur, s’est même associé à plusieurs marques pour commercialiser des kits de rétrofit par induction. Pourtant, malgré ces avancées, la recharge sans fil reste aujourd’hui très marginale dans le paysage automobile.

Il faut dire que les obstacles sont nombreux : normalisation des technologies, coût, compatibilité des véhicules, et surtout, un marché encore balbutiant, pour ne pas dire inexistant. Pour comprendre comment le secteur évolue et avoir un peu plus de visibilité sur les perspectives à moyen terme, nous avons échangé avec la start-up française Up&Charge. Fondée en 2021, l’entreprise se donne pour mission de faire de la recharge sans fil une solution de masse. Son pari ? Rendre ce geste aussi simple que de se garer.

Est-ce une réelle contrainte de se brancher ?

Pour cela, l’entreprise a développé un système de recharge par induction qui se compose d’une borne intégrée au sol et d’un récepteur fixé sous le véhicule. Dès que la voiture est correctement positionnée, la charge débute automatiquement. « Nous avons observé que de nombreux véhicules ne sont pas rechargés, non pas par manque de bornes, mais parce que le geste de brancher est perçu comme une contrainte », nous dit Marin Champenois. « Notre solution vise à éliminer ce frein et garantir une disponibilité maximale ».

Dans un premier temps, la firme française vise les flottes d’entreprises. Pourquoi ? Parce que la recharge est une vraie contrainte pour les professionnels. En tant que particulier, on peut facilement se brancher à la maison. Mais, pour les entreprises, c’est une autre histoire. Il faut repenser les infrastructures, souvent entreprendre des travaux longs et coûteux pour installer des bornes. Bref, on voit bien que la recharge par induction pourrait être un vrai levier pour accélérer l’électrification des flottes.

La technologie développée par Up&Charge utilise le courant continu, avec des vitesses de charge pouvant être jusqu’à trois fois supérieures à celles de certains chargeurs en courant alternatif (AC). Petit bonus pour la recharge sans fil : les pertes d’énergie sont moins importantes qu’en filaire. Une récente étude a permis de montrer qu’une Renault Zoé perd jusqu’à 24,2 % d’énergie sur une prise domestique classique. Les pertes sont moins importantes en courant continu (DC).

Mais au-delà de la performance, c’est l’accessibilité qui est au cœur du projet. « Pas de câble à brancher, pas de manipulation physique : cela ouvre des perspectives pour les personnes à mobilité réduite, les seniors, les femmes enceintes ou les blessés temporaires ». Côté particuliers, l’entreprise compte également se positionner. Une campagne de financement participatif sera lancée courant 2025, avec des premières livraisons annoncées pour 2026. Les choses se mettent donc en place chez Up&Charge.

Une gendarmerie française bientôt équipée

Après un premier projet pilote dans l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, c’est au tour de la gendarmerie d’Esbly, en Seine-et-Marne, de tester la technologie de recharge sans fil de l’entreprise. Cette fois, l’expérimentation se déroule en partenariat avec le ministère de l’Intérieur. « L’objectif est d’ancrer la solution dans le quotidien des agents », indique le CEO. « Les véhicules de patrouille doivent être disponibles à tout moment. Grâce à la recharge sans fil, ils le seront, même en cas d’intervention d’urgence ».

Le principe est simple : on a une place de stationnement équipée d’un socle de recharge, et un 3008 hybride rechargeable doté d’un récepteur sous le châssis. Pas besoin de penser à brancher le câble entre deux rondes. À chaque retour à la caserne, la batterie se recharge automatiquement. Ce test grandeur nature permettra à Up&Charge de collecter des données et de valider son approche sur le terrain. « Tout doit être ajusté au millimètre. Les forces de l’ordre n’ont pas de temps à perdre ».

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L’expérimentation d’Esbly pourrait n’être qu’un début. Up&Charge discute déjà avec d’autres institutions publiques et collectivités locales pour déployer sa technologie sur les véhicules d’intervention, de service ou de livraison. Des flottes d’entreprises sont également intéressées. Up&Charge a déjà levé 1,5 million d’euros. Il est désormais question de passer en phase de pré-industrialisation. L’ambition est claire : devenir une référence française de la recharge par induction appliquée à la mobilité.

Combien ça coûte une borne de recharge sans fil ?

D’ailleurs, combien ça coûte une borne de recharge par induction ? La jeune pousse précise qu’il faut compter 4 500 euros pour le système au sol, et 500 euros pour le récepteur côté véhicule, pose comprise. Des coûts encore élevés, mais appelés à baisser avec la montée en cadence industrielle. Alors, la recharge par induction peut-elle devenir la norme dans les années à venir ? Difficile à dire. À court terme, elle devrait rester complémentaire des bornes classiques, avec câbles.

En revanche, son intérêt est évident. Cette solution permet d’automatiser un processus encore « trop souvent négligé ». Mais la route vers la démocratisation sera semée d’embûches : standardisation entre constructeurs, adaptation des véhicules, retour sur investissement pour les utilisateurs, etc. Il faudra une volonté politique pour accélérer l’arrivée de la recharge sans fil. Enfin, soulignons un bon point : l’initiative d’Up&Charge montre que la France n’est pas absente de cette course technologique.

Avis de l'auteur

Je ne pense pas que le fait de devoir brancher un véhicule électrique soit une réelle contrainte, en revanche je suis persuadé que la recharge par induction est la suite logique à l'évolution de l'électrification. Non pas parce que les conducteurs sont paresseux, mais parce que les usages évoluent, les besoins se diversifient, et les solutions doivent suivre. C'est à mon avis une alternative intelligente, complémentaire, presque invisible. Ce n’est pas tant une révolution qu’une discrète évolution ou une « friction » en moins dans notre quotidien. Je suis convaincu que la recharge par induction sera demain ce que le Bluetooth était hier : un luxe gadget devenu standard. Elle ne remplacera pas tout, tout de suite, mais elle deviendra une évidence, dans certaines niches d’abord, puis bien au-delà. Et ce jour-là, on se demandera comment on a pu s’en passer aussi longtemps et on trouvera absurde l'idée même de devoir brancher une auto électrique.

Valentin Cimino

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