Fondateur d’Automobile Propre et de Chargemap, Yoann est l’un des tout premiers électromobilistes français à avoir reçu en 2016 une Tesla Model S avec la nouvelle face avant. La magie qui entoure cette grande berline électrique est-elle intacte après avoir parcouru 115 000 km en 6 ans ?

À l’origine d’Automobile Propre

Pour les pionniers de la mobilité électrique, le projet Tesla Model S annoncé en juin 2008 se présentait comme une véritable révolution alors que les placides VE en circulation à l’époque n’offraient pour la plupart qu’une autonomie d’à peine 100 km. Incapables d’imaginer son dynamisme, nous étions impatients de la découvrir avant même son arrivée en France en septembre 2013.

« C’était pour moi le grand rêve pendant des années d’avoir une Tesla Model S. C’était un objectif que je m’étais fixé », confirme Yoann à Max Freyss. La découverte en 2008 du fabuleux roadster de la marque l’a décidé le jour même à démarrer le site Web Automobile Propre. « Il va se passer quelque chose autour des voitures électriques », a-t-il alors ressenti.

Dans un souci de cohérence, le discret boss a cherché à s’équiper au plus vite d’un VE doté d’une autonomie compatible avec ses besoins. D’où son achat d’une Nissan Leaf dès 2011.

75D

Yoann a reçu sa Tesla Model S en octobre 2016. Il s’agissait à l’origine d’une 70D, upgradée en 75D (+ 5 kWh sur la capacité énergétique de la batterie) en profitant d’une offre commerciale intéressante. La désignation sur le coffre a même été changée en conséquence lors d’un passage par un centre Tesla.

En choisissant la grande berline américaine, le fondateur d’Automobile Propre « voulait se projeter dans un futur où les gens allaient avoir des voitures électriques avec beaucoup plus d’autonomie ». Avec ses 350-400 km de rayon d’action, la Tesla Model S était en 2015 – année de la commande de la 70D de Yoann –, la seule disponible sur le marché branché français à répondre parfaitement à cette vision.

Bien informé, il a signé pour 85 000 euros (bonus de 7 000 euros déduit), la veille d’une importante augmentation des tarifs. Il lui a cependant fallu attendre environ un an avant de recevoir son exemplaire embelli par le nouveau museau : « J’ai eu de la chance, parce que j’ai été l’un des premiers à pouvoir en bénéficier en France ».

Les prix du neuf et de l’occasion aujourd’hui

La nouvelle face avant se traduit par quelques milliers d’euros de plus sur le marché de l’occasion. Aujourd’hui, une Tesla Model S 75D d’octobre 2016 ainsi dotée se déniche autour des 43 000-45 000 euros en France. Les prix peuvent tomber tout juste en dessous des 40 000 euros avec l’ancien ovale noir figurant une calandre.

Max Freyss a de son côté enquêté sur les tarifs du neuf. Dans l’Hexagone, seule la version Plaid est proposée, contre un minimum de 138 990 euros. Aux États-Unis, il est encore possible d’obtenir un modèle plus sage à partir de 104 990 dollars (environ 103 400 euros selon le taux de change au 11 septembre 2022).

Soit une différence d’environ 11 000 euros 6 ans après, en comparant les prix hors aides gouvernementales. Ce que Yoann justifie par « de belles améliorations » sur la Model S, dont une batterie d’un minimum de 100 kWh en capacité énergétique.

Un coffre gigantesque

Le fondateur de notre webzine avoue ne pas avoir trop utilisé le frunk de 89 litres, « par crainte d’abîmer le capot ». Tout le nécessaire de recharge, y compris le maxichargeur mobile de Mister EV, trouve largement sa place dans le double fond à l’arrière.

Derrière le hayon à ouverture manuelle et qui peut s’élever jusqu’à 2,30 m selon le constructeur (sauf réglage personnalisé si disponible), le volume de chargement se chiffre à 709 l, qu’il est possible d’étendre à 1 739 l en rabattant le dossier de la banquette.

« Le coffre a été pour moi un élément très important », souligne Yoann. « Pour mon entreprise, je peux être amené à déplacer des bureaux, des chaises ou du matériel de recharge » ; « J’ai vraiment pu passer des choses énormes dans ce coffre » ; « Ça peut faciliter accessoirement le passage à la déchetterie », a-t-il cité en exemples.

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Recharge

« L’autonomie n’a jamais été une question sur cette voiture », assure Yoann. Lors de ses longs déplacements, il s’arrête « toutes les 2 heures et trouve une prise sans trop de problèmes ». Si la trappe en bout d’aile à l’arrière gauche de la Model S favorise la connexion aux superchargeurs Tesla, ce n’est pas forcément sans risque lorsqu’il s’agit de se brancher sur les bornes en voirie. « Une voiture qui passerait trop près risquerait d’arracher le câble », signale Yoann.

Le petit volet sous catadioptre qui abrite une prise Type 2 est intégré au bloc optique. Notre boss s’est toutefois équipé pour exploiter, via des adaptateurs, la recharge rapide aux standards Combo CCS et CHAdeMO. « Je peux charger absolument partout. Le CHAdeMO se réduisant, on trouve parfois des bornes à ce standard qui sont libres alors que les câbles Combo sont tous utilisés », illustre-t-il.

Au bout de 6 ans, il ne perçoit pas la probable perte d’autonomie de sa 75D : « Dans mon usage quotidien, ce n’est pas un sujet ni une préoccupation. Je rentre chez moi, je la mets en charge et c’est réglé ». Une sérénité qu’il espère transmettre aux automobilistes prêts à passer à l’électrique.

À bord

Globalement, la sellerie en cuir clair de la Tesla Model S de Yoann a bien passé les années. Elle bénéficie juste d’une apparence lustrée au niveau du siège du conducteur. À l’arrière, les genoux sont bien surélevés par rapport au fessier, avec pas forcément beaucoup de place pour étendre les jambes, en dépit d’un empattement de 2,96 m pour une longueur de 5,02 m et une largeur de 1,99 m.

Sans le toit panoramique, les passagers d’un gabarit important pourraient se sentir à l’étroit dans cette grande berline électrique d’apparence sportive qui s’élève à 1,43 m. Est-ce pour cela que certaines personnes transportées par notre boss lui ont avoué « ne pas se sentir très bien à l’arrière » ? Et ce, même avec une conduite qu’il qualifie lui-même de « sage », justifiée par une consommation moyenne tournant autour des 20 kWh/100 km.

Une tablette numérique au cœur

Lors de la présentation de la Tesla Model S, sa tablette centrale tactile de 17 pouces implantée en mode portrait avait largement séduit les curieux et futurs acquéreurs. « Elle est hyper plaisante et laisse de la place pour toute la partie instrumentation avec une grande cartographie : on voit bien l’itinéraire. C’est un point que j’adore vraiment », approuve Yoann.

La pièce avec le processeur a cependant été remplacée à la suite d’un rappel du constructeur. En cause, la puce mémoire qui se montrait plus lente à force d’enregistrer des informations. « Avec le temps, j’ai l’impression que le Touch Screen est devenu un peu moins réactif, peut-être au fil des mises à jour de la voiture », ressent Yoann.

Il déplore cependant de ne plus pouvoir bénéficier de toutes les nouveautés. L’Autopilot, par exemple, n’évolue plus, en raison de l’ancien hardware qui gère sa 75D, remplacé sur les modèles plus récents par un nouveau système. Il apprécie en revanche, derrière le volant, l’afficheur qui fait défaut sur les Model 3 et Model Y, aidant notamment « à bien suivre les indications du GPS ».

Les moins

Pas de gros problèmes enregistrés sur la Tesla Model S de Yoann en 6 ans. Le plus délicat à résoudre a été un souci au niveau des vitres : « Elles avaient du mal à remonter. À 110 km/h, il fallait procéder par à-coups, et parfois on n’y arrivait pas. Il y a eu plusieurs opérations de réglage, d’ajustement, et même d’ajout de silicone à certains endroits ». Il juge sa longue berline électrique moins silencieuse sur route que la Nissan Leaf « très bien insonorisée ».

Concernant le mobilier embarqué, il trouve le couvercle coulissant du rangement sous la tablette pas très bien fini. En outre, il utilisait parfois cette pièce pour déposer sa carte bancaire après règlement aux péages autoroutiers : « Elle a glissé un jour, allant se loger dans le fond. C’est un Tesla Ranger qui a dû me la ressortir ».

Par ailleurs, accéder à un parking souterrain peut être délicat : « Ma Model S peut toucher dans les descentes. Elle est basse et je n’ai pas fait le choix des suspensions pilotées proposées alors en option ».

La conduite

Ce que Yoann apprécie le plus dans sa Tesla Model S, c’est l’Autopilot à activer au moyen d’une petite manette à gauche et derrière le volant : « Pour moi, c’est un super bon système. Je suis régulièrement le matin dans les bouchons. C’est plus serein avec l’Autopilot ».

Plus globalement, concernant la conduite de la 75D, « j’aime sa douceur. On peut rouler tranquillement, à l’aise, de façon confortable. Le dosage de l’accélération et du frein moteur est vraiment bon. Je ne suis pas trop palettes derrière le volant. La régénération est vraiment bien réglée chez Tesla. Et s’il y a besoin, on a toute la puissance qu’il faut, notamment pour effectuer les dépassements sans problème ».

À cela il ajoute : le fait d’être assis bas dans une berline et la souplesse de la direction. Le tout lui permet de hisser ce modèle au rang de « voiture parfaite pour rouler en montagne », avec la possibilité de modifier l’allure uniquement avec l’accélérateur, sans trop avoir à recourir à la pédale des freins.

Toujours d’actualité

« Est-ce que tu recommanderais encore aujourd’hui ce modèle précisément de Tesla Model S ? », a demandé Max Freyss. « Oui, clairement. C’est une voiture qui reste d’actualité. Elle aura un peu moins d’autonomie que les véhicules électriques plus récents, mais elle reste largement acceptable », lui a répondu Yoann. « C’est un modèle dans lequel on est bien. Il bénéficie des superchargeurs Tesla gratuits à vie, ce qui fait rêver beaucoup de chauffeurs de taxi et d’utilisateurs de Model S plus récentes. Je la recommande les yeux fermés. J’ai pu l’éprouver pendant 6 ans : la 75D fonctionne bien », plaide-t-il.

« Devant la difficulté d’obtenir aujourd’hui des Model S neuves, avec des délais d’attente longs qui pourront s’étaler sur un an, sauf Plaid commandées dernièrement, les exemplaires d’occasion partent finalement assez bien. C’est un super bon plan pour ceux qui apprécient la ligne de la Model S, et qu’ils peuvent obtenir pour moins cher qu’une Model 3 », oppose-t-il.

« Il faut un peu de passion automobile pour choisir cette voiture. On la prend sous le coup de l’émotion, pour sa ligne, aussi pour l’historique qu’il y a derrière la Model S. C’est un modèle qui a révolutionné l’automobile au sens large. Mais ce n’est pas la voiture familiale par excellence », conclut-il.

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