Le Tesla Semi est-il le poids lourd révolutionnaire que vend Tesla ? Un chauffeur routier déplore un manque d’ergonomie colossal du poids lourd.

Alors que Tesla effectue ses tests finaux du Tesla Semi, les livraisons ont commencé. L’occasion de découvrir le look unique du camion électrique, mais aussi ses capacités hors norme pour un véhicule de ce gabarit.

Perçu par certains comme l’avenir du transport, le Semi va certainement marquer un tournant dans la mobilité et dans l’exploitation des motorisations électriques. Tomasz Orynski, un routier polonais, s’est penché de manière plus pragmatique sur le véhicule. Le bilan qu’il en fait n’est pas des plus sympathiques.

“Je regarde des vidéos sur le Tesla Semi”, écrit Orynski sur Twitter. “Vous vous souvenez ? Le camion qui devait révolutionner l’industrie du transport. Et je vais vous dire pourquoi c’est un véhicule complètement stupide.”

Car si le poids lourd électrique a de quoi impressionner, il semble aussi avoir des défauts de conception. Nombre d’entre eux révèlent une construction qui n’aide en rien les routiers dans leur vie quotidienne.

“Je ne vais pas parler de sa capacité de chargement ou autre. Je vais juste regarder la cabine d’un point de vue pratique, comme quelqu’un dont le métier est de conduire un camion. Car c’est l’inverse de ‘construit autour du conducteur’.”

De l’espace perdu et une visibilité médiocre

En effet, “built around the driver” était le slogan de Tesla lors de la présentation du Semi. Comparant l’habitacle du Semi avec le DAF XG+, le plus gros camion du marché, le chauffeur déplore “l’espace perdu” dans le Tesla, et en liste ensuite les défauts.

“Le chauffeur est au milieu. Cela rend les dépassements et la vision vers l’avant plus difficiles. Cela empêche aussi d’accéder à la fenêtre pour tendre des papiers ou parler avec la personne au portail quand vous entrez dans un port, dans une usine, ou même à une cabine de péage.”

“Les portes sont à l’arrière. Vous montez, pendez votre veste, et devez faire quelques pas pour vous asseoir derrière le volant. Cela signifie que l’on perd de l’espace en cabine pour un couloir, globalement. On ne peut pas placer de lit, donc le chauffeur ne peut pas se reposer, car les portes sont là.”

C’est évidemment un gros problème, puisque dormir dans le camion fait partie intégrante du métier de routier. Il rappelle que les conducteurs “ont parfois besoin d’une sieste de 20 minutes quand ils conduisent de nuit”. Une sieste de 20 minutes qui, dans le cas du Semi, serait parfaite pendant la recharge du véhicule.

Un manque de confort au quotidien

Le routier poursuit son tour d’horizon du Tesla Semi, et s’attaque ensuite à une autre partie du problème. Il déplore en effet que la conception de la cabine complique la possibilité de garder un environnement propre.

“Si vous voulez aller sur la droite de la cabine, il faut passer par le siège passager, qui s’entrecroise avec celui du conducteur. Vous ne pouvez donc pas passer devant, comme dans une cabine standard. Et parfois, vous devez sortir par la droite, ce qui m’est arrivé aujourd’hui car il y avait beaucoup de neige sur ma gauche.”

“Le fait qu’il faille faire le tour de la cabine signifie qu’elle sera pleine de terre. La bonne chose quand on peut aller directement sur le siège conducteur, c’est que l’on peut secouer ses chaussures et retirer la boue ou la neige en y arrivant. Et même si vos bottes sont encore sales, seule cette petite partie devant le siège est sale.”

“Vous pouvez enlever vos bottes à cet endroit et marcher pieds nus dans le reste de la cabine, qui reste propre. Mais non, pas dans un Tesla. À moins que vous ne changiez de chaussures à chaque fois que vous entrez dans la cabine, ce qui serait stupide.”

Tomasz Orynski continue son étude du dernier-né de la marque d’Elon Musk et s’attaque aux deux tablettes qui entourent le volant. Le Polonais explique qu’il a conduit lui-même un camion Mercedes avec les rétroviseurs caméras. Les problèmes sont au nombre de deux : les difficultés à les régler, à cause de la distance, et la lueur qu’ils provoquent la nuit.

Des écrans et un pare-brise qui compliquent la vie

Mais c’est le pare-brise du Tesla Semi qui inquiète grandement cet habitué des poids lourds. Il explique en quoi l’inclinaison de cette vitre est un problème.

“La neige va stagner dessus quand vous vous garez l’hiver. Vous vous souvenez comme c’est pénible de devoir nettoyer la neige sur un pare-brise de voiture ? Essayez à trois mètres de haut. Si la fenêtre est verticale, la neige n’est pas un problème.”

Il y a aussi “la surchauffe de la cabine quand vous conduisez lors d’une journée d’été ensoleillée. Même les cabines des fourgons peuvent devenir très chaudes. C’est à cause de ce grand pare-brise incliné. On peut évidemment le régler avec la climatisation, ce qui augmentera la consommation et réduira votre autonomie.”

“Le pare-brise incliné offre aussi de plus gros angles morts. Réfléchissez au nombre de fois où vous avez évité de peu un piéton en tournant avec une voiture moderne. Et il y a en plus ces tablettes dans votre champ de vision.”

“La cabine est plus étroite à l’avant. Mais les rétroviseurs doivent pouvoir voir vers l’arrière. Cela signifie qu’ils ont de longs bras. Vous ne pouvez donc pas vous asseoir sur le siège, ouvrir la fenêtre et les nettoyer quand ils sont sales. Vous ne pouvez pas les atteindre de l’intérieur, ni de l’extérieur, car ils sont trop hauts.”

En conclusion, il déplore le fait que Tesla ait surtout pensé à l’esthétique du véhicule dont l’ergonomie est cruciale. Selon lui, les ingénieurs qui ont travaillé sur le Semi n’ont pas eu un cahier des charges assez précis quant aux besoins des chauffeurs qui l’utiliseront.

“Je pourrais continuer. Ce véhicule est un jouet pour riches. Ce n’est pas un véhicule pratique et fonctionnel, car ses concepteurs n’ont aucune idée de la réalité des transports.”

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