Yannick est un automobiliste que l’on peut qualifier de « gros rouleur ». Il fait environ 60 000 km par an. Installé en Allemagne, son métier l’oblige à se déplacer partout en Europe, de l’Italie au Danemark, en passant par l’Autriche. Pour parcourir tous ces trajets, il a choisi une berline électrique : la Nio ET7. J’ai eu l’occasion de discuter avec lui pour comprendre son approche et ce choix de passer sur un modèle 100 % électrique chinois.

Mercedes, c’est fini !

Chef d’entreprise et domicilié en Allemagne depuis 2010, Yannick a une vie bien remplie. À 63 ans, ce patron français effectue de nombreux déplacements professionnels. Il sillonne l’Europe tous les mois à la rencontre de ses clients et parcourt approximativement 60 000 km par an. Avant de passer à l’électrique en 2020, Yannick était un client fidèle de Mercedes. Il a notamment possédé plusieurs Classe E en diesel.

Il y a 4 ans, sa conscience écologique l’a incité à s’intéresser aux voitures électriques. Il a fait ses armes sur une Tesla Model 3. Globalement content de son modèle américain, il regrette simplement de ne pas avoir choisi une Model S pour plus de confort et des performances supérieures. Puis, est venu le moment de renouveler la flotte de l’entreprise. Amateur de nouveautés, Yannick a fait le tour des modèles disponibles sur le marché.

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Il était hors de question de revenir au thermique. Au cours de ses recherches, le chef d’entreprise a décidé de reprendre contact avec Mercedes pour découvrir la gamme électrique de la marque allemande. Il a notamment essayé les EQE et EQS. Plutôt satisfait des performances offertes par les deux voitures allemandes, il regrette toutefois le niveau des technologies embarquées. C’est « figé au niveau du hardware », m’a-t-il expliqué.

Nio, la force du swap

Il a ensuite pris contact avec Nio. Yannick me dit avoir été séduit par l’approche de la marque chinoise. Il avait déjà entendu parler du système de « battery swap » (l’échange de batterie proposé par Nio), mais ne s’y était pas intéressé plus que cela. C’est en regardant de plus près qu’il comprend que cette technologie pourrait totalement correspondre à son usage de la voiture électrique.

Selon lui, « le battery swap est un moyen de gagner du temps sur les longs trajets et de se libérer des contraintes technologiques ». Dans une « Power Swap Station », les modèles de Nio peuvent changer de batterie en seulement six minutes. Pas besoin de recharger. Mais pour Yannick, ce système est surtout un moyen idéal de pouvoir profiter des dernières technologies en conservant le même véhicule.

Il attend notamment avec impatience l’arrivée d’une grosse batterie de 150 kWh promise par Nio. Un pack capable d’offrir une autonomie de 1 055 km aux modèles de la marque. Certains clients peuvent déjà en bénéficier en Chine. Le chef d’entreprise a hâte qu’elles arrivent en Allemagne pour pouvoir gagner un peu plus en indépendance lors de ses voyages à travers l’Europe.

42 stations en Europe et 14 en Allemagne

À ce jour, Nio dispose de 14 swap stations en Allemagne et 42 dans toute l’Europe. Ce n’est pas énorme, mais c’est déjà « un bon début », selon Yannick. Il m’a notamment raconté une anecdote intéressante. Cet hiver, il a décidé de partir en vacances en Norvège avec sa Nio ET7. Un parcours de 1 600 km au cours duquel il a effectué quatre passages dans des swap stations. Finalement, il n’a eu besoin de recharger qu’une seule fois sa batterie.

Il estime avoir gagné « au moins deux heures » par rapport aux autres voitures électriques qui effectuaient le même trajet que lui, mais qui ont eu besoin de passer par la case recharge. Enfin, il m’explique que c’est aussi une bonne affaire d’un point de vue financier. Nio offre 2 swap gratuits par mois et, ensuite, il faut compter une dizaine d’euros pour changer de batterie.

Pour Yannick, l’autre atout de Nio, c’est la communauté. Les clients ont accès à une application sur laquelle ils peuvent discuter avec d’autres propriétaires Nio au sein de leur pays ou avec des employés de la marque. Le chef d’entreprise a, par exemple, eu l’occasion de tester des logiciels en avant-première. Il a également participé à des visioconférences avec la direction générale de Nio en Allemagne.

Selon lui, c’est l’occasion « de poser des questions et d’avoir des réponses immédiatement ». Tous les clients peuvent participer et poser des questions sur les nouvelles fonctionnalités ou les avancées de la marque. Il peut aussi discuter avec un conseiller en direct sur Discord. Yannick aime cette approche qui différencie Nio de ses concurrents premium en Allemagne.

Nio ET7 : le combo parfait pour Yannick

Comme la plupart des gros rouleurs, Yannick aime les berlines. Au moment de choisir son modèle, il avait deux cases à cocher : autonomie et confort. Comme les berlines électriques sont généralement plus efficaces que les SUV, il s’est rapidement orienté vers l’ET7. Il a opté pour la grosse batterie de 100 kWh. Théoriquement, elle offre de 450 à 800 km d’autonomie (en cycle WLTP) avec une seule charge.

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Yannick est très content de l’autonomie de sa voiture électrique. Il me parle d’un parcours récent composé de routes de montagne et d’autoroutes. Il a parcouru 428 km et il lui restait 23 % de batterie en arrivant à destination. En général, son ET7 est capable de faire 500 km et il m’assure qu’elle n’ira « jamais sous la barre des 300 kms, même dans les pires conditions imaginables ». Sa consommation tourne autour des 19 kWh/100 km.

Il voulait aussi un véhicule offrant de belles performances et un certain confort pour les longs trajets. De ce point de vue, la Nio ET7 est bien positionnée. La berline électrique chinoise est équipée de deux moteurs cumulant 480 kW, soit 650 ch et offre un total de 850 Nm de couple. De quoi abattre le 0 à 100 km/h en 3,9 secondes. Dernier point important : les performances de charge.

À ce sujet, Yannick pense avoir fait le bon choix en quittant Tesla pour Nio. Il m’explique qu’avec sa Model 3, la courbe de charge n’était pas optimale. Il avait un pic de puissance jusqu’à 50 % et ensuite une baisse en continu. Avec son ET7, la puissance de charge est constante : « elle ne passe sous les 100 Kw qu’aux alentours des 88 % de charge », selon son expérience.

Un modèle chinois, et alors ?

Quand je lui demande s’il a hésité avant de basculer sur un modèle chinois, il me répond que oui. « Il y a une réticence vis-à-vis des modèles chinois que l’on peut comprendre », me précise-t-il. « Si on peut avoir un équivalent européen, je pense qu’il faut privilégier ce choix, mais ça dépend aussi du budget ». La Mercedes EQS coûte par exemple presque deux fois plus cher que la Nio ET7 avec un prix de départ à 135  849,99 euros.

Tandis que l’ET7 démarre à 69 900 euros. En Allemagne, Yannick ne voit pas encore beaucoup de voitures électriques chinoises. La seule qu’il voit régulièrement est la MG4. Mais c’est une chinoise un peu particulière, dont l’héritage est européen. De son côté, Nio joue dans la cour des grands en face de marques premium emblématiques en Allemagne comme BMW, Mercedes ou Audi.

Pas facile de se faire une place face à ces trois constructeurs historiques, et encore plus dans leur pays d’origine. C’est au moment de passer à l’électrique que Yannick s’est rendu compte qu’il y avait de très bons modèles chinois. Il a donc opté pour ce choix, en mettant Tesla de côté pour d’autres raisons. Il a eu de très mauvaises expériences avec le service après-vente de la marque américaine et ne souhaite pas revivre cela.

Coup d’arrêt sur l’électrique en Allemagne

À la fin de notre échange, nous sommes revenus sur l’état du marché de l’électrique en Allemagne. Selon mon interlocuteur, la suppression du bonus n’est pas un hasard. Il y a vraisemblablement eu des abus : « certaines personnes achetaient plusieurs véhicules par an pour les revendre dans les pays du nord et faire de la marge », m’a-t-il expliqué. Mais il y a un autre problème en Allemagne. C’est celui de l’infrastructure de recharge.

Si les stations de recharge sont nombreuses (environ 100 000 pour 1 million de voitures électriques), les tarifs des fournisseurs sont très fluctuants. C’est le cas chez EnBW, un prestataire qui proposait une recharge pour 0,39 euro/kWh jusqu’ici. Les prix oscilleront désormais entre 0,59 et 0,89 euro/kWh. Yannick estime également que la baisse des immatriculations des électriques est corrélée à la panne de l’économie allemande.