Le Renault Twizy de Nathan Sebbagh

Cinq ans après notre premier article concernant sa mobilité branchée, Nathan Sebbagh est resté ce jeune homme très atypique toujours prêt à oser la rencontre avec les autres. Recharger sa Renault Twizy (au féminin, par sentimentalité) lors de déplacements longs est un bon prétexte pour cela. Le Covid-19 (au masculin, car c’est choquant autrement) a laissé des traces qu’il a nettement ressenties cette année en se rendant de Paris à Châteauroux. Portrait.

DiscoBalcons

En dépit de son jeune âge, Nathan Sebbagh a déjà une vie très riche en événements et rebondissements  : « Je multiplie les activités professionnelles aujourd’hui. Pourtant, à 12 ans, j’ai quitté l’école. Pendant trois ans j’ai enchaîné des stages. A 15 ans j’ai été entre autre embauché par le Ciné 13 Théâtre, un lieu créé par Claude Lelouch et suis devenu le plus jeune intermittent du spectacle. J’ai suivi pas mal de tournées et participé à différents spectacle. Je suis passé directeur technique en CDI à 18 ans ».

Le Covid-19, Nathan Sebbagh a voulu le rendre moins pesant pour les Parisiens en s’improvisant DJ créateur du DiscoBalcons : « Je ne veux pas trop dire mon âge. Je me sens bien dans les seventies et le disco. J’aime Supertramp, Michael Jackson, France Gall, Aretha Franklin, Nina Simone, etc. Grâce à DiscoBalcons, j’ai rencontré Mixity que je produits aujourd’hui. J’ai créé mon entreprise ».

A la base, c’est Bruno Agati qui a créé la compagnie Mixity embarquée dans le spectacle : « Ce nom de troupe parce que les 20 artistes de 18 à 70 ans avaient dès l’origine des talents très divers, très mixtes, à la croisée de plein de choses. Ils sont danseurs, chanteurs, musiciens, comédiens, acrobates, etc. ». Ce spectacle musical continue : « Je le diffuse depuis presque trois ans maintenant. Je l’ai découvert lors d’un événement éphémère aux fenêtres de la rue des Abbesses, et depuis j’ai la volonté de les faire jouer partout. Dans quelques jours il sera proposé au Bœuf sur le Toit de façon régulière ».

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D’amour et d’électricité

Si le carburant de la Renault Twizy c’est l’électricité, celui qui anime Nathan Sebbagh, c’est l’amour. Les femmes qui sont successivement entrées dans son cœur lui ont apporté l’énergie nécessaire pour guider sa vie et la direction du quadricycle au losange. Il n’a pas peur d’en parler : « Le premier DiscoBalcons m’avait initié une belle histoire avec une voisine en plein Covid. Evidemment ça motive. L’amour, c’est mon essence. J’ai toujours fonctionné à ça et je m’en rends compte aujourd’hui avec du recul ».

Il se souvient : « C’est déjà indirectement par amour que dès 12 ans je me suis orienté vers le monde du spectacle alors que je l’igonrais. Mon premier long périple en Renault Twizy, c’était aussi pour rejoindre une jeune femme. J’avais 17 ans à l’époque. Je n’ai pas vraiment changé depuis, mais je me vois tout de même évoluer  ».

Et c’est toujours le même quadricycle au bout de sept ans : « J’ai reçu le 1er juillet 2016 ma Renault Twizy. C’était aussi l’année de mon entrée au théâtre Lepic. Ce véhicule est le premier et le seul que j’ai possédé à ce jour. Pourtant j’ai le permis qui me permet d’utiliser des voitures conventionnelles et des camions dans le cadre des spectacles et des tournées ».

Au bout de 26 000 km, les 80 kilomètres d’autonomie ne sont plus vraiment là : « J’ai plutôt 50-60 km aujourd’hui. Pourtant Renault me certifie que ma batterie est toujours à 100 %. Sérieusement au bout de 6 ans !? La recharge s’arrête pourtant dans les 90 % et je dois parfois rouler à 30 km/h pour préserver mon autonomie sur mes longues distances ».

Un quadricycle qui va loin

En juin 2018, Nathan Sebbagh avait déjà raconté pour Automobile Propre son premier long voyage en Renault Twizy, de Paris à Avignon, réalisé l’année précédente. Si vous doutiez encore que notre interlocuteur est un grand sentimental, alors relisez le récit qu’il nous avait livré. Le plus long de ses quatre voyages en Renault Twizy 80, c’était en 2018 : « Je suis allé de Paris à Perpignan. En tout, j’ai parcouru plus de 3 000 km cet été-là avec ma voiture ».

C’est aussi lors de ce déplacement qu’il a avalé la plus longue distance de façon intensive : « En 50 heures, ne m’arrêtant au plus que 3 h 30 pour les recharges, je suis remonté d’Agen à Paris, ce qui fait plus de 650 km. En 2023, je suis revenu de Châteauroux en 19 heures, à environ 300 km de Paris ».

Le Renault Twizy de Nathan Sebbagh

Aujourd’hui, la Renault Twizy de notre lecteur dort sur une place de parking équipée d’une prise pour la recharge. Ca n’a pas toujours été le cas : « On m’a volée ma voiture en 2022. Je l’ai cherchée pendant un mois et demi. C’est une passante qui m’a permis de la retrouver dans le dix-neuvième arrondissement, grâce à l’autocollant du théâtre Lepic. Elle était garée sur une place de livraison. L’assurance n’a pas voulu prendre en charge les dégâts relativement importants ».

J’irai recharger chez vous

Avant d’être le titre d’une Web-série d’Enedis pour la promotion du véhicule électrique, « J’irai me recharger chez vous » est celui des vidéos des roadtrips réalisés par Nathan Sebbagh. En comptant les shorts, une vingtaine de films permettent de retrouver les rencontres qu’il a vécues pendant trois saisons. Presque 3 h 30 d’images à découvrir, c’est de façon amusante le temps de recharge d’une Renault Twizy !

En 2018, l’électromobiliste a traversé aussi Nice, Toulouse et Bordeaux. Pourquoi vouloir recharger chez les habitants et professionnels ? « Il n’y avait pas suffisamment de bornes équipées d’une prise domestique, surtout quand il faut se recharger tous les 80 kilomètres environ. J’ai voulu faire autrement en toquant chez les gens. J’allais quasiment jusqu’au bout de la batterie, cherchant une prise quand il ne restait que 2 km d’autonomie ».

Un jeu qui aurait stressé plus d’un automobiliste, et moi en particulier : « C’est la voiture qui décidait de l’endroit où recharger. Sur plus de 60 prises qu’on m’a prêtées, je n’ai eu besoin qu’une fois d’appeler une dépanneuse ».

Arrestation de dealers

On imagine facilement que Nathan Sebbagh a vécu plein d’anecdotes croustillantes en se reposant sur les autres pour recharger sa Renault Twizy : « En particulier le jour où j’ai fait appel à une dépanneuse. J’étais à Saint-Martin-du-Crau. Je pensais brancher ma voiture à une gare de péage de l’autoroute, mais tout était fermé. Le garagiste nous a alors transportés, elle et moi, à Arles ».

Alors qu’il poussait le quadricycle à la recherche d’une prise, il a reçu un coup de main inattendu : « Trois jeunes ont débarqué. Ils m’ont proposé leur aide pour pousser ma Twizy jusque devant leur immeuble, puis on passé un câble par la fenêtre de leur appartement. Ils voulaient que je monte boire un verre avec eux, c’était sympa. Mais j’avais trop peur qu’on me vole mes affaires ».

Séquence surréaliste : « Ils m’ont dit : ‘Ici, les voleurs, c’est nous, ou on les connaît, tu n’as rien à craindre’. Une voiture est arrivée. C’était des policiers en civil de la BAC venus serrer des dealers. Ils se sont fait arrêter devant moi alors qu’ils m’aidaient. Les agents voulaient même savoir s’ils avaient volé la Twizy ».

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Stripteaseur pour un anniversaire

Plus drôle tout en étant insolite, l’épisode de Vougy, dans la Loire : « Il était 23 h 00 et je n’avais encore une fois plus de batterie. De nuit, pour trouver une prise, je recherche des points lumineux pouvant me mener vers des personnes susceptibles de m’accueillir. Ce jour-là, j’arrive à une salle des fêtes où étaient rassemblés des jeunes qui ont pris peur en me voyant. J’avais vraiment l’impression d’être un extraterrestre approchant avec un vaisseau spatial. L’ouverture en élytre de la porte du Twizy n’a pas rassuré davantage, au contraire ».

Finalement, les convives l’adoptent : « Ils m’ont d’abord proposé un verre. J’ai insisté pour pouvoir brancher ma voiture. Ils m’ont fait rentrer avec elle voiture dans la salle. Elle passait tout juste la porte. Ils m’ont guidé sur la piste de danse avec en fond musical ‘Les sunlights des tropiques’ de Gilbert Montagné. Là, ils ont appelé : ‘Viens voir Maëlys, ton stripteaseur est arrivé !’ ».

Cinq ans plus tard, Nathan Sebbagh apprécie encore : « J’étais à une fête pour les 18 ans de cette Maëlys que je ne connaissais pas. J’ai été invité à manger avec eux. C’était très drôle, très décalé ».

Histoires de maisons de retraite

Toujours en 2018, à l’aller : « C’était ma première recharge depuis mon départ à Paris. J’étais à Fontainebleau. Il faisait nuit et j’ai vu de la lumière dans une maison de retraite. La porte était ouverte. Je suis entré. J’ai surpris un aide-soignant. Il a accepté que je branche. On a discuté pendant trois heures. C’était sympa d’échanger avec lui qui devait rester éveillé en cas d’appel de résidents ».

Un mois plus tard, du côté de Brignoles, l’accueil a été beaucoup plus tendu : « C’était à nouveau une maison de retraite. La porte était fermée cette fois-ci. J’ai appelé et insisté : je n’avais vraiment plus d’énergie dans la batterie. J’ai fini par joindre la gendarmerie juste à côté pour leur demander de m’aider. J’étais encore en ligne avec eux quand trois gros 4×4 ont débarqué devant moi. Les conducteurs étaient menaçants. Ils étaient les maris d’autant d’aides-soignantes qui avaient eu peur de mon insistance ».

Heureusement que le Twiziste était encore en ligne avec les gendarmes : « Ils les ont apaisés. Au départ les gars ont refusé que je recharge. Mais comme ils ont vu plus tard que je galérais encore à chercher une prise, j’ai pu me brancher à la maison de retraite, mais à l’extérieur, et pas plus de trente minutes. C’était suffisant pour que je trouve un autre moyen de me recharger plus loin ensuite ».

A la découverte des âmes et les décors naturels

Avec 80 kilomètres d’autonomie, Nathan Sebbagh devait souvent s’arrêter : « Le Parisien que je suis a appris comme ça à découvrir la France. D’une région à l’autre, les gens n’ont pas le même comportement globalement. J’ai eu le plaisir de retrouver cette année et cinq ans après le même personnel de nuit de l’hôpital de Romorantin. J’ai rencontré dans mes voyages beaucoup de personnes amicales et sympas ».

Il a aussi été séduit par les décors qu’il a traversé : « Du côté de Perpignan et de Toulouse, il y a de très belles routes qui donnent l’impression d’être dans des canyons. En Bourgogne, on voit devant soit à perte de vue, avec de nombreux champs. C’est très joli lorsque le soleil commence à jeter ses rayons dessus ».

Il a aussi apprécié de rouler dans les Alpes : « En montée, j’étais à pas plus de 30 km/h pour préserver la batterie. J’ai même vu un lapin courir devant moi à la même vitesse, dans le faisceau des phares de ma Twizy. Il valait mieux ne pas être derrière moi. Dans les descentes, c’était très différent : j’allais plus vite que tout le monde tout en récupérant de l’énergie. C’est là que j’ai eu la plus grosse autonomie : 113 km sur une recharge. La route Napoléons, les gorges du Verdon, c’est magnifique ».

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Paris-Châteauroux et retour

Le roadtrip 2023 a été beaucoup plus court : « C’était un déplacement entre Paris et Châteauroux pour une tournée. J’ai effectué l’aller en 24 heures. J’ai dû m’arrêter sept fois car je n’ai pas pu recharger à 100 % la plupart du temps : les personnes qui m’ont accueilli devaient partir. C’était mieux au retour. Avec le vent dans le dos, je n’ai pas eu besoin de plus de 19 heures pour rentrer à Paris, et quatre arrêts pour régénérer la batterie ».

Il est revenu mitigé de cette dernière expédition : « J’ai ressenti une énorme différence avec les autres années. Pour la première fois, on m’a demandé de payer certaines recharges. Dans une station-service, il m’a été réclamé 10 euros alors que j’ai reçu pour seulement quelques dizaines de centimes d’électricité. Avant, les gens étaient contents de m’offrir cela, mais aussi à boire, manger, et même où dormir ».

Une raison à ce changement de comportement : « Le Covid a laissé des traces. Le monde change terriblement. Les gens ont davantage peur. Nous avons passé les années 10. Les années 20, c’est autre chose, un autre monde. Aujourd’hui à Paris, on ne peut plus faire de bruit, même au niveau des salles de spectacle. Parfois des habitants entament des procédures et les gagnent simplement parce qu’on entend de la musique la nuit dans leurs WC ».

Morosité ambiante

Ce témoin de la nuit remarque une plus grande morosité : « Les gens font la fête moins facilement qu’à l’époque, ils prennent moins de risques alors que personnellement j’aime l’improvisation surprenante et entraînante. Foncer sans trop connaître, ça m’a toujours fait tomber sur d’enrichissantes anecdotes de vie. C’est ce que je fais avec Twizy. L’inconnu ramène toujours du connu ».

Il poursuit : « Même en amour, l’humain se lasse de tout et beaucoup plus vite qu’avant, alors que dans ceci j’ai la conviction que l’on peut tellement se réinventer tous les jours en restant avec le même être cher à notre cœur, il suffit de réels sentiments et d’un peu de volonté commune ».

Pour conclure : « Je pense que les réseaux sociaux jouent énormément et faussent beaucoup de choses. Il faut trouver les justes milieux sans pour autant se prendre trop la tête et surtout en kiffant le présent qui peut devenir si fragile en un rien de temps ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Nathan Sebbagh pour son accueil, sa sympathie et son témoignage.