Il y a quelques jours, nous vous avons rapporté, avec nos réserves, les résultats d’une étude selon laquelle les voitures électriques pourraient être plus polluantes aux particules que les thermiques à cause d’une usure accrue de leurs pneumatiques. Toutefois, indépendamment du carburant, électrons ou sans-plomb, ce type d’émission demeure un problème sur lequel Michelin se concentre depuis plusieurs décennies.
Une démarche qui s’additionne à la norme Euro 7
Récemment adoptée par la Commission européenne et applicable à partir du 1ᵉʳ juillet 2025, la norme Euro 7 vise à réglementer un peu plus les émissions de voitures et de véhicules lourds. Parmi les évolutions, ce nouveau niveau établira un seuil réglementaire pour l’abrasion des pneus, une importante source d’émission de particules fines dans les transports et la principale pour les électriques, avec une méthode de test qui sera mise en place pour la mesurer en termes de gramme/km/tonne portée. Pour Michelin, ce n’est pas une surprise puisque c’est un domaine qu’il suit de près depuis près de 20 ans.
Un système d’analyse des particules légères qui fait ses preuves
Pour combattre son ennemi, il faut avant tout bien le connaître et l’entreprise clermontoise l’étudie de tellement près qu’elle a développé une technique d’analyse des particules légères appelé “SAMPLE”. Utilisant des systèmes d’aspiration montés à l’avant et à l’arrière d’un véhicule avec de multiples filtres, cette dernière permet de capturer, trier, compter et qualifier les particules près des pneus. L’objectif est ainsi d’obtenir des mesures fiables, reproductibles et normalisées pour mieux évaluer l’impact environnemental des particules d’usure et explorer de nouvelles solutions pour les futurs modèles.
À lire aussi Ce pneu spécial pour voiture électrique a été entièrement conçu et testé via intelligence artificielleDans le détail, les particules d’usure des pneus ont une taille de 100 µm (équivalent d’un cheveu humain) et sont composées à parts égales de gomme de pneu, de minéraux et d’autres éléments de la route. Celles qui sont responsables de la pollution atmosphérique sont les particules fines appelées PM10 et PM2.5, respectivement inférieures à 10 et 2,5 µm. L’étude de Michelin a permis entre autres de quantifier ces particules avec une précision inédite, démontrant qu’1,3 % des émissions de particules par pneu fait partie des premières et 0,16 % des secondes, ce qui permet de mieux comprendre la relation entre les pneus, les routes et la pollution de l’air, et d’ainsi optimiser la conception des futurs pneus.
Un engagement qualitatif
Et cela fonctionne. Depuis 2005, Michelin annonce avoir pu diminuer de 5 % les émissions d’usure de ses pneus entre 2015 et 2020. De plus, depuis fin 2023, en collaboration avec le CNRS et l’Université de Clermont Auvergne, Michelin a créé le laboratoire “BioDLab” dont le but est de développer des solutions pour rendre ces particules biodégradables dans l’environnement sans pour autant rogner sur la longévité du produit.
En ce moment dans le Sud, le Sahara nous envoie des PM qui ont fait passer ma voiture de blanche à beige sale. L’application Ventusky montre invariablement que les particules sont concentrées au Sahara, au désert saoudien et un peu en Chine, et pas à petites doses.
Très bonne idée Michelin, continuez!
En attendant, depuis plus de 20 ans j’ai roulé dans différentes voitures (y compris des monospaces, vous vous rappelez?) qui se baladaient gentiment entre 1,6 et 1,8 tonnes… Le débat sur les voitures qui s’alourdissent d’année en année n’est pas nouveau… Quand je pense à mon Audi 100 de 1987 qui pesait une tonne…
Il m’est arrivé à de nombreuses reprises de faire du Paris – Lyon – Marseille sur autoroute, et je me sentais bien seul dans ma voiture entre des files ininterrompues de camions de x dizaines de tonnes avec leurs pneus rechapés…
On en parle un peu de ceux-là, au lieu de jeter de l’huile sur le feu VT-VE??
Hé bien le débat est loin d’être achevé sur ce sujet.
Comment s’y retrouver avec toutes les données contradictoires?
Entre l’étude d’Emission Analytics qui affirme que les pneus produisent 2000 fois plus de particules que l’échappement des gaz (!)
L’Ademe qui dit que les pneus produisent 60% de l’ensemble des particules fines.
Michelin qui affirme que ces particules sont plus grosses et donne entre 0,13% et 1,3% des émissions de PM2,5 à PM10 dues aux pneus.
Et… Airparif qui montre une diminution de 55% des PM2,5 et PM10 en 20 ans alors que le trafic n’a pas vraiment diminué en IdF dans la période.
Avec tout ça on fait le tri. À suivre!
Oui je me souviens de cette étude bidon fondée encore une fois sur du cherry picking pour faire semblant d’avoir découvert la lune. Même s’il ne faut pas minorer le sujet des particules fines, le pb principal de l’humanité, c’est d’abord le CO2. S’il n’est pas traité à temps, le reste n’a pas beaucoup d’importance. Heureusement, les sites qui font leur business sur les véhicules zéro émission ne font pas la promo des thermiques hybrides.
Eh oui, l’UE s’est trop focalisée sur les PM des gaz d’échappement des diesels, sans y voir ceux des freins et pneumatiques, pourtant bien plus importants en masse que les premiers. Le problème est qu’ils n’ont pas disparu avec le BEV, il est donc normal de s’y pencher. Sur le précédent article, nous avions estimé les rejets de ces trois pollutions sur une Megane 4 TCe 140 sur 40000km, lors d’un remplacement de pneumatique du train avant. Ce sont bien les pneus qui donnent le plus de particules, et là le BEV est aussi, voire plus concerné avec son poids. Il faut donc travailler sur l’usure, surtout en usage urbain intensif par les ronds-points et manœuvres incessantes qui abrasent les gommes deux fois plus vite que sur routes et autoroutes. Et penser à durcir la gomme diminue l’adhérence, donc rien n’est simple.