Vendeur de voitures hostile aux voitures électriques

Y aurait-il un double langage chez les constructeurs automobiles entre le marketing et le terrain ?

J’ai passé un moment il y a quelques jours avec des collègues dont la plupart sont entrepreneurs, chefs d’entreprise ou professions libérales. Bien sûr, le sujet de la voiture électrique s’est rapidement invité à notre table.

Ce que j’ai entendu m’a sidéré. Mais pas de la façon à laquelle vous pourriez peut-être penser de prime abord.

C’est même l’inverse.

Lors de cette rencontre, pas de discours anti-VE, mais au contraire des personnes assez convaincues par l’électrification, et qui souhaitent y passer rapidement, pour elles et pour leur entreprise. D’ailleurs, dans cette assemblée, sur une vingtaine de personnes, cinq roulent déjà 100% électrique…

Non, ce qui m’a sidéré, ce sont les propos qui m’ont été rapportés par mes collègues de la part de certains vendeurs chez les concessionnaires de grandes marques historiques. En substance, le discours ambiant consisterait plutôt à décourager les potentiels acheteurs de passer à l’électrique, pour différentes raisons assez improbables (autonomie, dégradation rapide de la batterie, coût de l’entretien, voiture HS après 3 ans et qui ne vaudrait plus rien, etc).

On parle là de vendeurs censés être sensibilisés au sujet par des marques qui affirment avoir résolument validé et déjà accompli une bonne partie du chemin vers leur conversion au tout électrique.

Manque de formation ou hostilité de principe ?

Mais, en réalité, il semblerait que l’on ait affaire soit à des vendeurs qui n’y connaissent pas grand-chose, soit à d’autres catégories de commerciaux, qui diffusent un argumentaire anti-VE auprès des clients, probablement parce qu’ils y sont simplement hostiles, sans vraiment savoir pourquoi. Or l’on parle de clients qui, de leur côté, peuvent représenter un marché juteux puisque, dans certains cas, il peut s’agir de flottes d’entreprises avec plusieurs véhicules.

Et quand certains de ces clients ont réussi à passer outre ces discours défaitistes pour acquérir leur première voiture électrique de société, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes sans aucun accompagnement, aucune formation, sauf quelques tutos (en anglais) publiés si généreusement sur le site de la marque.

Sans vouloir établir une généralité à partir de quelques témoignages particuliers ni stigmatiser une profession, il semblerait qu’il y ait réellement un problème de formation, et au-delà, d’acculturation à l’univers de la voiture électrique chez les concessionnaires des marques généralistes. Et ce au sein de marques qui, même si elles sont convaincues par leur propre mutation vers l’électrique, sont de fait incapables de faire œuvre de pédagogie auprès de leurs clients, car le discours n’est pas transmis par ceux qui devraient en être les premiers ambassadeurs.

Des résistances qui trahissent très vraisemblablement un problème de formation et de sensibilisation ayant pour conséquence un décalage abyssal entre les discours officiels et marketing, et la réalité du terrain. A moins qu’il y ait d’autres raisons moins avouables, comme, par exemple, le fait qu’une partie du business model des concessions est fondée sur l’entretien, et qu’avec les électriques, il n’y a pas ou peu d’entretien… Mais je ne veux pas y croire, n’est-ce pas ?

Quoi qu’il en soit, c’est ce genre de point de friction qui contribue probablement à ralentir la transition — notamment celle des flottes de TPE et PME — vers l’électrique.

Pendant ce temps, chez Tesla, BYD, Xiaomi, Nio, Xpeng ou MG…