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Avec moins de 0,5 % de part de marché depuis le début de l’année, les ventes de VE sont très en deçà de leur potentiel réel en France. De nombreux freins restent encore à lever avant de convaincre les plus sceptiques. Paradoxalement, le potentiel d’usage est bien là, du fait entre autre de la part croissante des kilomètres effectués en milieu urbain.

I. L’électrique, l’énergie reine de la ville

Que le VE ne soit pas uniquement une voiture de ville, c’est une évidence qu’il est inutile de rappeler ici. Ce qui est vrai en revanche, c’est qu’en usage de type urbain, l’électrique est très supérieur à n’importe quel véhicule thermique.

L’explication tient principalement au fait que le rendement du moteur électrique est constant quel que soit l’usage, là où celui d’un thermique varie en permanence en fonction du régime moteur et s’écroule littéralement à faible allure.

II. Une cible prioritaire : les « rurbains »

A tort ou à raison, des citoyens qui préfèrent l’automobile y compris pour circuler en milieu urbain, la France en compte des millions. Tous n’ont pas nécessairement besoin d’une automobile pendant que d’autres n’ont pas beaucoup d’autres choix que d’utiliser une voiture au quotidien pour sortir de chez eux. Certains pourraient sans doute faire autrement de temps en temps mais globalement, il faut bien reconnaitre que l’automobile reste pour beaucoup indispensable car intimement liée à leur mode de vie. A ce sujet, on soulignera la différence criante de mode de vie entre la France ou des pays comme le Danemark ou les Pays-bas : en France, même à l’intérieur des grandes agglomérations, beaucoup de ménages ont organisé, consciemment ou non, leur mode de vie autour de la voiture et la maison individuelle là où nos voisins européens préfèrent eux très souvent le vélo et l’appartement en ville.

Ces ménages très dépendants de l’automobile, la France en compte entre 15 et 18 millions. Parmi eux, une part non négligeable effectue plus de la moitié de leur kilométrage journalier en milieu urbain, à une vitesse moyenne dépassant rarement 45 km/h. Un chiffre faible, synonyme de gaspillage énergétique important dès lors que ces déplacements sont effectués au volant d’une voiture à pétrole, qu’elle soit essence ou diesel.

Pour tous ceux-là, l’électrique ne sera bientôt plus un choix mais une évidence. Parce qu’il est temps de changer d’époque. Pour toutes celles et tous ceux qui ont encore besoin de temps ou qui ne disposent pas (encore) d’une solution de recharge à leur domicile, rappelons que le choix d’un véhicule hybride constitue déjà un début de réponse.

III. Autre cible prioritaire : les ménages multi-motorisés

Parmi les ménages très dépendants de l’automobile, la plupart ont deux voitures (sinon plus…). Tous n’ont pas nécessairement les moyens d’acquérir un véhicule neuf et beaucoup trouvent leur bonheur sur le marché de l’occasion. Dans les faits, on constate qu’il est fréquent que la plus petite voiture vienne en complément d’un véhicule principal idéalement adapté à la famille (week-end, vacances, etc…), ce qui explique d’ailleurs le succès des monospaces, SUV et autres crossovers auprès des familles françaises. Des véhicules relativement sobres comparé à ce qui existe ailleurs dans le monde mais qui restent hélas complètement surdimensionnés et surtout très mal adaptés aux usages du quotidien avec 1 à 2 personnes à bord en moyenne.

Dès lors, la question qui se pose est la suivante : pourquoi ne pas répondre au plus juste aux besoins du quotidien en faisant le choix d’un VE comme véhicule principal ? Pourquoi ne pas considérer le véhicule à vocation familiale comme le second véhicule, en l’achetant d’occasion sur LeBonCoin plutôt que presque neuf avec moins de 50 000 km au compteur ? A l’usage, beaucoup constateraient qu’un VE répond à la majorité de leur besoin du quotidien de façon bien plus intelligente qu’un crossover diesel de 110 ch, pour un coût très inférieur et un agrément très supérieur.

IV. Les ménages (très) aisés

Qui dit nouvelles technologies dit généralement surcoût à l’achat. Ce constat, on l’a tous vérifié un jour ou l’autre que ce soit à propos des écrans plats, des smartphones, des voitures hybrides, etc…

Dès lors, quoi de plus normal que de compter prioritairement sur ceux qui en ont les moyens pour démocratiser l’accès aux nouvelles technologies ?

Les médias ont beau nous répéter en boucle depuis quelques années maintenant que la France est en crise, force est de constater qu’il reste encore de nombreux ménages capables de dépenser plus de 25 k€ dans une voiture, notamment chez les amateurs de « premium ». A ce prix, les ménages en question pourraient tout à fait opter pour un VE, surtout lorsque l’usage principal est celui constaté pour de très nombreuses petites voitures de la gamme « premium » : Citroen DS3, Mini Cooper, Audi A1, etc…

V. Bilan

Si le VE ne convient pas à tous les automobilistes, il ne fait aucun doute que le niveau des ventes actuelles en France et plus largement en Europe reste très inférieur à son potentiel d’usage.

En additionnant les différents cas de figure énumérés ci-dessus, on peut pratiquement affirmer que près d’un ménage sur 3 mériterait de s’y intéresser sérieusement.

A titre personnel, je connais peu de vendeurs ou de professionnels de l’automobile capables de tenir un tel discours. Inutile de chercher bien loin les raisons à cela…