Microphone

Si la voiture électrique veut s’imposer plus rapidement auprès du grand public, il va falloir faire œuvre de pédagogie. Une mission qui devrait concerner avant tout les constructeurs.

Le thème de la voiture électrique reste encore souvent pour le grand public un véritable foutoir à fake news, voire pire, un terreau idéal pour les thèses complotistes les plus délirantes.

À tel point que quand on se penche sur certaines discussions sur les réseaux sociaux – en dehors des groupes d’initiés dédiés au sujet – on retrouve parfois des éléments de langage qui ne sont pas sans évoquer des sujets aussi sensibles que… la vaccination. Selon les anti-VE, le tropisme des gouvernements pour l’électromobilité serait suspect. De là à parler de « grand reset »…

Un bullshit qui est malheureusement entretenu par de nombreux médias, davantage par ignorance du sujet que par volonté d’embrouiller le public. Un exemple récent ? Il y a seulement quelques jours, lors d’un sujet sur la voiture électrique dans le JT de 20 h de TF1, le journaliste concluait son reportage sur un ton très primesautier avec ces mots : « Un arrêt recharge d’une heure, et c’est reparti pour 100 kilomètres ». Non seulement c’est totalement stupide (au pire c’est faux, au mieux c’est mal expliqué), mais l’effet sur le public dans le JT le plus regardé d’Europe, par des gens qui pour la plupart n’y connaissent pas grand-chose, est désastreux. Car cette notion de 1 h de charge pour faire 100 km risque d’être gravée pour un moment dans l’inconscient, et ce n’est donc pas demain la veille qu’avec ce genre d’affirmation hors sol ce « grand public » passera à l’électrique. Alors qu’en réalité, il aurait été préférable d’indiquer avec quelle voiture et quel type de chargeur, puisque selon le modèle, une heure de charge sur une batterie arrivée vide peut permettre de récupérer de quoi faire entre 500 et 600 kilomètres ! Et si l’on prend la donnée à l’envers, il suffit de 5 minutes pour recharger 100 km sur une Porsche Taycan (d’accord, ce n’est pas la voiture de monsieur Tout-le-Monde, mais on parle techno, là).

Ajoutez à cela des documentaires – à charge ou à décharge (sans mauvais jeu de mots) – qui seront toujours sujets à caution selon le camp où l’on se place, la rengaine des fameuses terres rares et des mines dans lesquelles travailleraient des enfants dans des conditions inhumaines (ce qui est peut-être vrai après tout, mais est-ce que ceux qui l’affirment haut et fort sont allés vérifier sur place pour l’affirmer de façon formelle ?), et vous avez le parfait cocktail pour fabriquer de la controverse.

La pédagogie commence par les constructeurs

D’où la nécessité d’expliquer, encore et toujours, de faire de la pédagogie, de façon objective – et non pas de la propagande, autre travers, cette fois de la part de certains tenants du tout électrique un peu radicaux – afin que ceux qui s’intéressent de près ou même de loin au sujet aient tous les éléments en main pour en comprendre les avantages et les inconvénients, et en appréhender les enjeux.

Dans cet effort pédagogique, il semblerait que les constructeurs aient un rôle fondamental à jouer ; or, ils paraissent parfois être aux abonnés absents, comme l’indiquent de nombreux témoignages de clients presque éconduits en concessions lorsqu’ils s’intéressent au modèle 100 % électrique d’une gamme, quel que soit le constructeur. Les réponses étant souvent révélatrices d’une méconnaissance, voire d’un certain mépris, pour le sujet.

Les vendeurs ne sont certainement pas entièrement responsables de cet état de fait. C’est une question de sensibilisation, de spécialisation, et de formation.

La sensibilisation consisterait de prime abord à expliquer aux collaborateurs de toutes fonctions et aux commerciaux les enjeux de l’électromobilité, en termes techniques, économiques, environnementaux et sociétaux. La spécialisation demanderait que les marques recrutent de véritables experts du sujet, des passionnés convaincus et intarissables, qui transmettraient leur flamme aux forces de ventes et aux clients. Enfin, un solide programme de formation permettrait aux collaborateurs en concessions de bien maîtriser leur sujet afin de renseigner les clients dans les meilleures conditions.

Pour accélérer la transition vers l’électromobilité, les incantations ne suffisent plus. Il faut que chacun des acteurs prenne le sujet à son compte et accompagne le public.

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