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Augmentation des prix de l’essence et du gazole, manifestations ce week-end de groupes de gilets jaunes opposés, extension aux véhicules diesel jusqu’à 2001 de l’exclusion de circulation en Ile-de-France, superprime à la conversion pas si anodine… : La mobilité subit une période transitoire sans précédent, qui malmène l’idée d’une voiture particulière que l’on peut utiliser partout et longtemps.

Gilets jaunes : Groupe 1

Rassemblés sous la bannière du gilet jaune, nombre d’automobilistes en colère menacent de bloquer les routes de France samedi 17 novembre prochain. Combien de barrages prévus ? 1.500 ? 2.000 ? Davantage encore ? Qu’importe : les organisateurs de diverses manifestations culturelles ou festives qui se tiennent ce jour-là savent que désormais les événements qu’ils préparent depuis parfois presque 1 an connaîtront un déficit important de visiteurs.

Les manifestants protestent contre la hausse des prix du gazole et de l’essence. Difficile de ne pas comprendre que le budget des ménages pour l’énergie est de plus en plus lourd à porter. Mais difficile aussi de constater qu’en dépit des alertes lancées depuis plus de 20 ans, la majorité des automobilistes n’a pas anticipé ni vraiment réfléchi à modifier ses habitudes pour se déplacer.

Trop cher

Des moteurs qui tournent longuement le matin pour chauffer l’habitacle avant de partir, devant l’école pour attendre le retour des enfants, derrière un stand en brocante pour s’abriter de la chaleur entre 2 clients, en face d’un commerce pour acheter rapidement le journal ou une baguette ; des choix de véhicules peu compatibles avec l’idée d’une mobilité vertueuse dans les villes ; des comportements au volant qui font mentir encore plus les évaluations de la norme NEDC théoriquement remplacée par le cycle WLTP, etc. : On pourrait tirer de ces exemples constatés tous les jours, de façon multiple, que le prix des carburants n’est pas encore assez élevé pour faire prendre conscience de l’impérative nécessité de réviser ses habitudes de déplacement.

Royal, Hulot…

L’augmentation du prix des carburants, avec l’objectif de gommer les avantages du gazole face à l’essence, n’est pas nouvelle. L’idée ne date pas d’hier, ni même de la présidence Macron. Ségolène Royal est montée au créneau de nombreuses fois pour cela. Un combat prolongé par Nicolas Hulot également convaincu de réviser la fiscalité sur les carburants. La situation actuelle est seulement la mise en application d’un principe hérité de la première chasse au gaspi lancée en 1979 par le ministère de l’Industrie. A l’époque, on ne parlait pas vraiment d’enjeux environnementaux ou de santé publique, mais de dépendance au pétrole.

Comment un gouvernement peut-il influer sur des habitudes, dès lors que les automobilistes dans leur grande majorité n’adoptent pas d’eux-mêmes les bons gestes ? Un tapant sur le portefeuille, en changeant les règles par l’établissement d’interdictions ou d’obligations ! Qui peut dire qu’il n’aura pas été prévenu ? Depuis des années l’institution européenne et les gouvernements multiplient les communications pour que chacun s’approprie les défis du développement et de la mobilité durable.

Pour rappel, la France a été menacée plusieurs fois de pénalités financières par l’Europe pour ne pas respecter ses objectifs de décroissance carbone. Des sanctions qui seraient répercutées d’une manière ou d’une autre sur chaque Français.

Se déplacer plus économiquement

Nombre de solutions existent pour se déplacement plus économiquement et de façon plus vertueuse à la fois. Elles n’impliquent pas toutes de revoir de façon draconienne ses habitudes en 2 jours, ni de s’obliger à prendre des transports en commun bondés. Il convient déjà d’éliminer les petits trajets effectués en voiture, au profit de la marche, du vélo, et des petits engins personnels, qu’ils soient électriques ou non.

Quelques petites modifications dans ses propres habitudes suffisent souvent à gommer l’augmentation du prix des carburants, et à se lancer dans l’aventure de la mobilité durable. D’autres pistes sont à exploiter plus ou moins intensivement : opter pour un modèle de voiture particulière moins imposant ; regrouper ses déplacements y compris dans un esprit de covoiturage familial, entre collègues ou de voisinage ; exploiter les transports en commun aux heures les moins chargées ; opter pour une voiture électrique d’occasion dont le prix d’achat s’ajuste sur la cote d’un modèle thermique que l’on peut revendre ; profiter des différentes primes pour investir dans un véhicule électrique neuf (vélo assisté, scooter, voiture particulière) ; essayer les services de location libre-service d’engins divers, à disposition dans sa ville, etc. A chaque foyer ses propres solutions !

Superprime de conversion

Quoi qu’on puisse en dire, la superprime de conversion est loin d’être inintéressante pour les foyers modestes, dès lors qu’un véhicule classé comme polluant peut être sacrifié. En tout cas si le scénario donné en exemple par le Premier ministre, Edouard Philippe, et promis pour un démarrage dès le 1er janvier 2019, sera réellement applicable.

Il a pris le cas d’un automobiliste Français circulant actuellement à bord d’une 206 diesel produite au milieu des années 2000. Si cet homme ou cette femme souhaite acquérir une C3 essence d’occasion, il lui faut prévoir un budget de 5.000 à 5.500 euros.

Grâce à la superprime, il ou elle n’aurait effectivement à débourser que 1.000 à 1.500 euros. Une dépense rentabilisée à terme, grâce aux économies réalisées sur le carburant. En passant d’une consommation de 6 litres de gazole aux 100 kilomètres, à 5 litres d’essence, ce sont en moyenne 200 euros par an qui serait économisés.

Gilets jaunes : Groupe 2

Pour le sourire, mais aussi par engagement pour une mobilité durable, une association de Saint-Brieuc (22), – Vélo Utile -, a décidé de mobiliser ses adhérents pour une contre-manifestation baptisée « Changez de pompe ». Cet appel exploite également le fameux gilet jaune.

« Ironiquement, le gilet jaune érigé en symbole du mouvement de contestation contre la hausse des prix du carburant est avant tout un accessoire dédié aux cyclistes, qui doit les rendre davantage visible aux yeux des automobilistes et donc contribuer à leur protection sur une chaussée partagée souvent dangereuse. Plutôt que de poser celui-ci derrière un pare-brise, le meilleur moyen de faire des économies est bel et bien de laisser la voiture au garage, d’enfiler le gilet sur le dos et d’enfourcher sa bicyclette ! Nous encourageons vivement les automobilistes en colère à essayer la solution vélo lorsque cela est possible », plaide l’organisation.