Avec une première édition programmée les 18 et 19 mai 2022, l’EcoGreen Gas fait suite au Shell Eco-Marathon et au challenge EducEco organisés pour établir des records de sobriété. Sur le circuit automobile de Fay-de-Bretagne (44), le top départ a été précédé d’un tour de piste officiel dans un drôle d’engin électrique : La CvO-H01. Son concepteur Christian van Oost nous le présente.
Designer
Si le public peut retenir quelques années la présentation de prototypes originaux dans les divers salons internationaux de l’automobile, les designers, ingénieurs et autres responsables qui suivent ces projets restent bien trop souvent méconnus. C’est parfois quelques années plus tard que leurs noms émergent, à la faveur d’un changement d’orientation ou le développement de nouveaux concepts réalisés au sein d’une entreprise personnelle.
Il y a de cela dans l’histoire de Christian van Oost, à la fois ingénieur et designer. « J’étais dans l’équipe de Renault Design entre 1987 et 1997, avec un passage d’un peu plus de 2 ans chez Volvo Göteborg en Suède. Là, j’ai travaillé sur un concept de bus présenté en 1995 et le projet S80 », lance notre interlocuteur.
« Chez Renault Design, j’ai exercé mon art sur la Racoon. Cette voiture 4×4 amphibie a été dévoilée en 1992 au Salon de Genève. J’ai également collaboré au développement du concept-car Scenic », poursuit-il.
Un film de Richard Berry et Patrick Timsit
Après 2 ans chez Valeo où il a participé au dessin d’équipements pour, entre autres, les Audi Al2, Renault Vel Satis, et Pininfarina Dardo, Christian van Oost a été vice-président du design de Design Performance au sein d’une équipe de 45 personnes. « C’était entre 1999 et 2002. J’étais en relation avec les constructeurs. Par exemple, pour Peugeot, nous avons créé les concepts-cars E-Doll et Cameleo. Ce dernier était un pick-up basé sur un break 307 », commente-t-il.
À lire aussi Combien coûte la recharge d’une voiture électrique ?Notre interlocuteur a aussi travaillé à la création de logos et d’identités visuelles. Sans doute la plus amusante et exaltante de ses aventures est-elle sa participation au film réalisé par Richard Berry en 1999. Dans L’Art délicat de la séduction, Patrick Timsit joue le rôle d’un designer automobile passionné de cathédrales.
« Dans cette histoire, Patrick Timsit exerce mon métier. J’ai conseillé Richard Berry tout au long du tournage. J’ai passé un samedi après-midi entier avec lui. Mon équipe et moi avons dessiné et construit en 3 semaines le prototype Arca que l’on voit dans le film. Les arcs-boutants de Notre-Dame de Paris m’ont inspiré pour obtenir les lignes du véhicule », complète notre interviewé.
Héritage Michel Vaillant
« Lorsque j’ai mis fin à ma collaboration avec Design Performance, j’ai pensé à Michel Vaillant. J’ai voulu faire comme lui : construire et piloter des voitures. J’ai travaillé sur de nouveaux concepts à travers ma société CvOracing. Notamment pour les Gentlemen Driver du championnat d’endurance de V2V », se souvient Christian van Oost.
« À l’époque, les pilotes roulaient avec des sport-protos. Ainsi la SR3 du constructeur britannique Radical. On la présentait comme une voiture de Oui-Oui équipée d’un moteur de moto. Certains engagés rêvaient des 24 Heures du Mans. Ils avaient envie d’une belle voiture de course. Alors j’ai conçu les CvO-R01 et CV0-R02 adaptées à leur pilotage. J’ai fourni un exemplaire à l’un des fils Dessange », expose-t-il.
« Comme les règlements changent très vite en compétition, cette activité n’était pas viable sur le long terme pour mon entreprise », se désole-t-il
Roadster électrique
Christian van Oost est aujourd’hui toujours très actif. À partir de 2007, il s’est dédoublé. D’un côté comme responsable du programme consacré aux nouvelles mobilités à L’école de design Nantes Atlantique. De l’autre au sein de sa nouvelle structure CvOdesign.
« D’abord ouvert à Nantes, mon bureau de design est aujourd’hui à Saint-Nazaire. Je dispose de 600 m2 de locaux au cœur de la ville. Ce qui me permet de proposer des prestations très diverses pour les entreprises. Ça va de l’outillage pour le secteur de l’automobile au camion de pompier », précise-t-il.
Nous en arrivons au roadster électrique CvO-H01 produit à la demande. Chaque exemplaire est unique. La puissance dépend de l’usage. Une homologation en quadricycle pour circuler sur la route est possible. Conçu comme un véhicule de compétition, avec des organes très fiables dont certains sont issus de l’aviation et la crémaillère d’origine Formule Renault, il s’appuie sur un châssis performant.
« Réalisé en aluminium fortal, le châssis est perforé pour l’alléger. C’est pourquoi la voiture ne pèse que 180 kg avec sa batterie LiFePO4 d’une capacité énergétique de 4 kWh », met en avant notre interlocuteur.
Un gros potentiel
« La CvO-H01 a été imaginée pour différents usages. Ainsi déjà pour des stages de pilotage à destination de personnes à mobilité réduite. Dans le cadre d’une structure comme Handisport Auto, par exemple. Mais aussi en pensant à des opérations itinérantes comme le critérium des jeunes conducteurs », révèle Christian van Oost.
À lire aussi Ce motard a pris un gros risque en commandant une voiture électrique solaire« Des adultes peuvent également conduire la CvO-H01, soit en utilisant les pédales pour accélérer et freiner, soit avec la manette façon joystick au tableau de bord. Il faut la tirer pour accélérer, et la pousser pour freiner. Le transfert de charge accompagne le mouvement. C’est plus facile pour les personnes qui n’ont pas beaucoup de force, comme les enfants en particulier », explique-t-il.
« J’ai voulu être inclusif en permettant au plus grand nombre de conduire ce véhicule, sans différenciation. D’où un gros travail sur l’ergonomie. La forme de la carrosserie évoque les voitures de course d’avant-guerre. Les barres latérales figurent les gros pots d’échappement de l’époque. Elles sont cependant d’une grande utilité pour les PMR. Elles forment un seuil d’accès pour les personnes en fauteuil roulant », détaille-t-il.
Un ordinateur de bord pour des usages différenciés
« L’accélération, le couple, la vitesse maximale, le frein moteur : tout est paramétrable en fonction des profils d’utilisateurs. Ainsi, avec des enfants de 6 ans, l’accélération est très progressive, le moteur développe peu de couple, le frein moteur est immédiat et la vitesse maximale est de 10 à 15 km/h », illustre Christian van Oost.
« Quand cette dernière est bridée à 25 km/h, l’autonomie est de l’ordre de 250 km. La CvO-H01 peut rouler jusqu’à 80 km/h. Dans ce cas, le rayon d’action est divisé par 3. Ce véhicule évolutif est unique, avec ses éléments interchangeables avant/arrière, comme sur la Citroën Ami », compare-t-il.
« Je suis en train de réfléchir à d’autres présentations de carrosserie pour les exemplaires suivants. En m’inspirant par exemple de Ferrari, des sport-protos, ou avec un look néo-rétro. Je peux vraiment proposer du 100 % personnalisé sur cette base », se réjouit-il.
Esprit de La Chapelle ?
Ceux qui s’intéressent aux productions automobiles à la marge des grands constructeurs connaissent pour la plupart les créations de La Chapelle. La société a par exemple reproduit la Bugatti Type 55 au format original, mais aussi au 6/10e.
Sans se référer à un modèle précis, la CvO-H01 joue un peu dans la même cour. Elle pourrait recevoir des tailles plus ou moins importantes de carrosserie. Elle est utilisable par des enfants comme par des adultes, aussi bien pour le fun que pour des usages pédagogiques. Ce qui a un prix.
« Autour de 25 000 euros. La CvO-H01 est construite en 2 mois à partir de la commande. Il faut déjà 2 semaines pour assembler le châssis. Les sièges sont en cuir, réalisés par un sellier reconnu. Il est possible de livrer une version moins puissante pour ramener le tarif à 15 000 euros », souligne Christian van Oost.
« Nous pouvons nous occuper du financement. Par exemple avec une LOA à 500 euros par mois. Mais aussi en location B2B pour des événementiels ou la formation », conclut notre interlocuteur.
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Christian van Oost pour sa spontanéité, sa disponibilité et son témoignage.
concept très intéressant, que ce soit par le côté karting, le côté accessible aux enfants ou aux personnes à mobilité réduite. Par contre juste les infos sur l’autonomie me paraissent encore une fois totalement mensongère. 4kwh de batterie pour 180kg et 250km d’autonomie à 25 km/h, impossible à mon sens. J’ai une moto d’enduro avec 4,3 kwh, qui pèse 126kg, et elle est donnée pour 100km à 50km/h, ce qui est déjà impossible à atteindre. Pareil pour leur annonce de plus de 80km à 80km/h. Là encore ma moto plus légère avec plus de batterie n’en fait que 40-50 à ce rythme. Je parle en réel, pas en théorie. Commet ce véhicule plus lourd pourrait-il en faire le double ? C’est un détail, mais un détail important. Encore une fois, il faut diviser par 2 les chiffres annoncés.