Une récente étude a montré que les glissières de sécurité sur les autoroutes ne faisaient pas le poids face aux gros modèles électriques. De plus en plus lourds, les SUV et pick-up électriques préoccupent les experts de la sécurité routière.

Un Rivian R1T explose une glissière de sécurité

Certains nouveaux modèles électriques pèsent très lourd. C’est un reproche de plus en plus fréquent. Et pour cause. Voici quelques exemples : le Kia EV9 fait 2 569 kg, le Peugeot e-3008 annonce 2 198 kg ou encore le Volvo EX90 est à 2 811 kg. Sans oublier le Tesla Cybertruck qui pèse 3 104 kg dans sa version Cyberbeast ! Des ingénieurs du centre de sécurité routière de l’Université du Nebraska ont réalisé un test de collision visant à déterminer comment une glissière de sécurité pouvait résister aux véhicules électriques les plus lourds.

Le test a été réalisé l’automne dernier. Les ingénieurs ont observé un pick-up électrique foncer vers une glissière de sécurité installée sur le terrain d’essai du centre, en bordure de l’aéroport municipal local. Un Rivian R1T de 2022, pesant près de 4 tonnes, a traversé la glissière de sécurité métallique. « Il n’a jamais ralenti avant de heurter une barrière en béton », expliquent les équipes. Avec un véhicule comme celui-ci, une glissière de sécurité n’a donc aucun impact sur la sécurité des passagers ou des piétons.

Des SUV électriques trop lourds ?

« Nous savions qu’il s’agirait d’un test extrêmement exigeant pour le système de sécurité routière », a déclaré Cody Stolle, membre du Midwest Roadside Safety Facility de l’Université du Nebraska. Les glissières de sécurité n’ont pas été conçues pour retenir des véhicules de plus 3 tonnes. Le fait que des voitures pèsent aussi lourd n’aurait pas pu être imaginé il y a encore quelques années. L’équipe précise que ce problème s’est déjà posé dans les années 1990. À cette époque de plus en plus d’américains commençaient à acheter des pick-up.

Mais dans les années 1990, les pick-up et les SUV ne représentaient que 10 à 15 % du parc automobile aux Etats-Unis. Aujourd’hui on est plutôt autour des 50 %. En 2023, le National Transportation Safety Board, une agence responsable des enquêtes sur certains types d’accidents routiers, a tiré la sonnette d’alarme sur le poids croissant des véhicules électriques. L’agence a fait part de ses craintes au sujet « des risques de sécurité que posent les véhicules électriques lourds en cas de collision avec des véhicules plus légers ».

Des conducteurs en danger

Si ces véhicules offrent effectivement une protection à leurs occupants, il n’en va pas de même pour ceux qui se retrouvent en face. Un problème soulevé également sur le Tesla Cybertruck en raison de la rigidité de son acier inoxydable et des arrêtes pointues de sa carrosserie. Le pick-up électrique de Tesla pourrait causer de gros dégâts. Dans le cadre de leur test, les ingénieurs de l’Université du Nebraska ont constaté que le Rivian R1T n’avait pratiquement « pas subi de dommages à l’intérieur, après avoir percuté la barrière en béton ».

Mais l’objectif premier des glissières de sécurité est d’empêcher les véhicules de quitter la chaussée. Notamment sur les ponts, les bords de falaises et les terrains rocailleux, où les risques de blessures et de décès en cas d’accident hors de la route sont beaucoup plus élevés. Si un SUV électrique est capable d’enfoncer la glissière, son conducteur est évidemment en danger. Le poids élevé régulièrement pointé du doigt sur les modèles électriques provient des batteries, parfois surdimensionnées.

À lire aussi Le Tesla Cybertruck est-il un véhicule dangereux ?

Un véritable problème avec l’accélération de l’électrique

Une grosse batterie peut peser autant qu’une petite voiture à essence. Certaines batteries valent même d’ailleurs plus cher que de petites citadines. C’est le cas de l’énorme batterie du RAM 1 500 EV qui coûte 25 000 euros. Les véhicules électriques pèsent généralement 20 à 50 % de plus que les véhicules à essence. D’autres essais sur un plus grand nombre de véhicules électriques sont prévus et « seront nécessaires pour déterminer la conception de nouvelles glissières », selon les ingénieurs.

« À l’heure actuelle, les véhicules électriques représentent environ 10 % des nouveaux véhicules vendus [aux USA], ce qui nous laisse un peu de temps. Mais à mesure que les électriques gagnent en popularité, le sujet de la résistance des glissières se posera avec plus d’acuité. Il est donc urgent de s’attaquer à ce problème », précise Cody Stolle. De manière générale, les experts de la sécurité routière réclament une plus grande collaboration entre les ingénieurs des transports et les constructeurs automobiles.

Avis de l'auteur

Si certains pensent que le poids élevé des voitures électriques n’est pas un problème en soi, nous venons de voir que cela peut poser des problèmes de sécurité. Jamais autant de voitures aussi lourdes ne s’étaient retrouvées sur nos routes. Cette étude sur la résistance des glissières va dans le sens de ce que disent de nombreux experts depuis déjà quelques années : il faut réduire le poids des véhicules électriques. C’est aussi vrai parce qu’un gros SUV électrique consomme 3 fois plus de cuivre et d’aluminium et 5 fois plus de lithium, nickel et cobalt qu’une petite citadine électrique. D’ailleurs en France, une cinquantaine de modèles pesant plus de 1 900 kilos risque de se voir attribuer un « malus masse » à partir de 2025.