Porte-drapeau de la gamme électrique du constructeur coréen, le Kia EV9 est le plus gros, le plus lourd, le plus grand et le plus cher des véhicules Kia. Un positionnement premium inhabituel pour le constructeur, qui ne manque toutefois pas d’intérêt. Bien au contraire. On vous dit tout dans notre test !

Présentation

Kia poursuit son offensive 100% électrique en déroulant le plan S de sa stratégie d’électrification annoncé il y a quelques années, dont le but est de mettre sur le marché 1,6 million de véhicules électriques d’ici à 2030.

Après le renouvellement d’un Kia Niro multi-énergie et une EV6 qui a remporté le titre de voiture de l’année en 2022, le constructeur coréen attaque désormais le marché par le haut avec un grand SUV premium, l’EV9. Ce SUV du segment E s’affiche comme le porte-drapeau du constructeur et ambitionne de venir tailler des croupières aux références du secteur que sont les Audi Q8 e-tron, BMW iX, Mercedes EQE SUV, Volvo EX90 ou encore Tesla Model X. Rien que ça !

Au-delà de ses dimensions pachydermiques que nous détaillerons un peu plus loin, l’EV9 affiche un design avant-gardiste inspiré de la philosophie « alliance des contraires ». Ainsi, le constructeur tente d’allier l’harmonie des surfaces lisses tout en jouant sur le dynamisme des angles. Cette « alliance des contraires » est un concept que l’on retrouvera tout au long de la voiture, non seulement au niveau du design mais aussi de sa modularité, de sa technologie et de son dynamisme.

Pour convaincre, le Kia EV9 repose sur la plateforme E-GMP du constructeur, laquelle offre un empattement de 3,10 m permettant une habitabilité record puisque l’EV9 est l’un des rares SUV électriques à pouvoir accueillir jusqu’à 6 ou 7 passagers à son bord.

Le Kia EV9 est disponible en version à propulsion ou à transmission intégrale. La première est animée par un moteur électrique de 150 kW (204 ch), tandis que la seconde propose deux moteurs électriques, un sur chaque essieu, développant au total 283 kW (385 ch). Dans cette déclinaison, le couple grimpe à 700 Nm. Ces deux variantes intègrent une batterie de 99,8 kWh revendiquant jusqu’à 563 km d’autonomie WLTP pour la version propulsion et 509 km ou 512 km pour la transmission intégrale en fonction de la taille des jantes de 21 ou 19 pouces. L’EV9 a aussi la capacité de tracter jusqu’à 2 500 kg en version intégrale et 900 kg en propulsion.

Surtout, ce groupe motopropulseur repose sur une architecture 800 V permettant de gagner 239 km d’autonomie en 15 minutes, selon la marque, grâce à une puissance de charge de 210 kW, une des plus élevées du marché. L’EV9 propose aussi la charge bidirectionnelle V2L ainsi que les fonctions V2H et V2G qui permettent d’alimenter une maison ou de redistribuer de l’énergie dans le réseau.

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Une gamme simplifiée composée de deux motorisations, deux transmissions et trois niveaux de finition

La finition d’entrée de gamme, baptisée simplement EV9, propose la version intégrale ou propulsion. Disponible en 7 places, cette finition d’accès propose une dotation déjà très complète, avec de série, le système de préconditionnement de la batterie, la pompe à chaleur, la climatisation tri-zone, des projecteurs avant à LED adaptatifs, l’assistance active à la conduite sur autoroute, les sièges avant et arrière de second rang chauffants et ventilés, le volant chauffant ou encore le triple écran panoramique tactile. Le Kia EV9 est proposé à partir de 73 000 € en version à propulsion, et à partir de 80 000 € en version à transmission intégrale.

La finition Earth, disponible uniquement en version propulsion et 7 places, ajoute la caméra 360°, l’affichage tête haute, le système audio 14 Hp, la recharge bidirectionnelle V2L ou encore les sièges du 3e rang rabattables électriquement. Cette finition est disponible à partir de 78 000 €.

Enfin, la finition GT-line, celle de notre essai, se pare de jantes 21 pouces, de boucliers avant et arrière distincts, de projecteurs Matrix LED, d’une sellerie cuir vegan, de la détection d’obstacle avant, arrière et latérale avec freinage d’urgence, du stationnement à distance, de barres de toit et d’un toit ouvrant à l’avant. Le tarif est cette fois-ci de 86 000 €.

Design : une gueule de tigre tout droit sortie d’un manga

Clairement, le design du EV9 est à lui seul un motif d’achat. Du moins pour ceux qui seront sensibles à ses formes mêlant larges panneaux lisses et jeux d’angles et d’arêtes qui musclent sa silhouette. Avec ses ailes bodybuildées et son bouclier avant composé de volets actifs, l’EV9 semble vouloir dévorer la route et tout ce qui se trouve sur son passage. L’EV9 adopte l’ultime itération de la face avant ‘Digital Tiger Face’ emblématique de la marque. Les projecteurs verticaux sont constitués de LED et se caractérisent par un faisceau projeté par de petits cubes.

À l’arrière, la signature lumineuse des feux à LED intègre un motif de constellation assez graphique. Les poignées de porte automatiques affleurantes ou encore les jantes aéro terminent de conférer au EV9 un design moderne et relativement aérodynamique. En effet, bien que sa silhouette soit massive, le Cx de ce pachyderme est de 0,28, ce qui est mieux qu’une Corvette C5 et aussi bien qu’une Porsche 997 Carrera. Comme quoi, les apparences… En réalité, en lisant les dimensions de ce mastodonte, on comprend que le premier marché visé est l’Amérique du Nord pour qui les 5,01 m de long, 1,98 m de large et 1,78 m de haut ne sont pas un problème. Sur nos petites routes provençales ou dans les centres-villes, la chanson ne sera peut-être pas la même, mais on parlera de ses aptitudes routières un peu plus loin. Pour le moment, force est de constater que cet EV9 en jette et n’a strictement rien à envier en terme de style aux premiums qu’il vise, en particulier les EX90 et Tesla Model X.

Habitacle : ultra spacieux et lumineux

La plateforme E-GMP a été étirée au maximum pour offrir un empattement de 3,10 m. En découvrant l’habitacle, l’espace à bord semble royal. La cellule de vie est lumineuse et le plancher plat permet de se mouvoir facilement entre les rangées de sièges. Sur notre Kia EV9, il est possible d’opter au choix sans surcoût pour une configuration 6 ou 7 places, et de choisir entre 6 places détente ou 6 places avec siège rotatif en rang 2. En optant pour la banquette, celle-ci est rabattable 60/40 et propose un accès Easy Entry. En optant pour la configuration détente 6 places type Captain Chair, les sièges des rangs 1 et 2 s’allongent et déploient un repose-jambes. La configuration 6 places rotatives offre quant à elle un espace lounge avec la rotation des sièges de rangée 2 à 90° vers l’extérieur pour attacher un siège enfant par exemple ou à 180° pour qu’ils soient face à ceux de la 3e rangée.

Petite déception dans ce cas : l’espace aux jambes est restreint, ce qui n’est pas le cas lorsque tous les sièges sont face à la route. Nous avons en effet fait le test, et 6 adultes d’1m80 peuvent voyager aisément à bord avec suffisamment de place pour les jambes et les épaules. Mieux encore, même en rang 3, non seulement on ne se sent pas à l’étroit, mais en plus la hauteur sous pavillon permet de se mouvoir et d’entrer et sortir très facilement. Bien joué.

Pour une telle modularité et un espace intérieur, il faut en réalité se tourner vers le Volkswagen ID.Buzz. Notez enfin que le coffre est de 312 l avec les sièges de la rangée 3 en place mais grimpe à 828 l lorsque ceux-ci sont rabattus. Excepté chez Tesla ou du côté duVolkswagen, personne ne fait mieux.

Pour enfoncer le clou, le volume passe à 2 300 l avec tous les sièges rabattus… C’est presque autant qu’un Ford Transit Connect. Et 52 l sont encore disponibles dans un frunk.

L’ambiance à bord est toutefois loin de celle d’un utilitaire. La présentation n’égale pas les références du marché que sont BMW, Mercedes et Audi, mais les assemblages sont sérieux, le dessin moderne et l’ergonomie globale correcte. Seule ombre au tableau, les parties basses font la part belle aux plastiques durs. Certes, c’est majoritairement du plastique recyclé mais ça ne fait pas cossu et comme il y a beaucoup d’espace et que l’habitacle est lumineux, ça se voit et c’est dommage à ce niveau de prix.

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Technologie : plus de 43 pouces d’écran, les geeks seront ravis

Le Kia EV9 fait le plein d’écrans. Nous nous sommes amusés à faire une addition simple : si on inclut les rétroviseurs numériques, le Kia EV9 propose une surface d’écran totale de plus de 43 pouces (sans compter l’affichage tête haute et le rétroviseur intérieur). Les amateurs de technologies seront ravis, même si tout n’est pas parfait.

D’une part, si les rétroviseurs numériques donnent un côté tech, ils n’apportent en réalité pas grand-chose et la facture sera très salée en cas de casse.

Par ailleurs, le grand écran panoramique qui trône sur le haut de la planche de bord souffle le chaud et le froid. Cet écran est composé d’un premier écran de 12,3 pouces qui intègre l’instrumentation numérique “Supervision” sur lequel on trouve les informations de conduite. Il est bien lisible et il est aisé de faire défiler les menus.

À côté de lui se trouve un second affichage tactile aussi de 12,3 pouces indiquant les informations propres à chaque siège et les réglages de température. Composé de beaucoup d’icônes, la lecture est d’autant moins facile qu’il se retrouve derrière la jante du volant et qu’il faut systématiquement se décaler un peu pour voir ce que l’on fait, obligeant à quitter la route des yeux. Tempérons toutefois cette remarque par le fait que des commandes de chauffage manuelles sont aussi disponibles sur la console centrale.

Enfin, un troisième écran au format paysage de 12,3 pouces regroupe l’info-divertissement. Il est très complet et de nombreuses options sont disponibles, mais il faut passer par beaucoup de menus et sous-menus pour atteindre certaines fonctions. C’est par exemple le cas lorsqu’on veut désactiver les bips intempestifs de rappel de la limitation de vitesse. Aussi, même si son ergonomie est assez intéressante grâce à des menus composés d’icônes, il manque un peu de réactivité. Bref, Tesla reste encore intouchable sur ce point, mais les progrès sont notables.

Un planificateur d’itinéraire, enfin !

Enfin, grande première, l’EV9 est le premier véhicule du constructeur à intégrer un planificateur dans son système de navigation. Il était temps. Toutefois, notre enthousiasme est tempéré par des propositions de recharge peu pertinentes selon nous.

Sur un trajet Saint-Raphaël > Saint-Nazaire par exemple, le planificateur recommande quatre arrêts de charge sur toute la moitié du parcours, puis plus rien sur la seconde. Il recommande uniquement des charges à 100 %, ce qui nuit à l’efficacité de la recharge sur autoroutes et enfin il n’est pas possible de le configurer en précisant par exemple le pourcentage de batterie auquel on désire arriver sur une borne ou à destination.

Les plus angoissés et ceux qui sont las de devoir jongler avec les applications de planificateurs comme ABRP ou Chargemap seront ravis, les autres le trouveront imprécis. Le constructeur nous assure toutefois que le planificateur fera l’objet d’une mise à jour OTA dès le premier trimestre 2024, au moment des premières livraisons.

Un équipement de sécurité très complet

Ces critiques passées, on constate que le Kia EV9 fait la part belle aux équipements de confort et de sécurité avec, entre autres, l’aide au maintien dans la file, la reconnaissance des panneaux de vitesse et la régulation automatique, le freinage d’urgence autonome avec reconnaissance des cyclistes et des piétons, l’assistance à la conduite dans les embouteillages et pour le changement de voie sur autoroute, la caméra 360°, la détection des angles morts, une clé biométrique, la détection d’obstacles avant, latérale et arrière, l’affichage tête haute, et enfin le stationnement à distance. Il ne manque rien puisqu’à cela s’ajoute des ports de charge USB-C pour tous les passagers, la recharge par induction, la connectivité Bluetooth pour deux smartphones et même la possibilité d’être actualisé via le Kia Connect Store dans lequel les clients peuvent y acheter des fonctionnalités supplémentaires qui seront ensuite installées sur le véhicule et recevront des mises à jour à distance (OTA) comme l’assistance au stationnement ou le boost de couple sur la version de base. Bref, l’équipement est ultra complet.

Au volant : un pachyderme en ballerines ?

Notre version d’essai est le Kia EV9 GT Line doté de sa bi-motorisation électrique délivrant un total de 385 ch et surtout 700 Nm de couple. Des valeurs élevées pourtant nécessaires pour mouvoir les 2 569 kg de la bête.

Dès les premiers tours de roues, la surprise est de taille. En dépit du poids et des dimensions de l’engin, l’EV9 se révèle particulièrement facile et souple à conduire. La présence du couple instantané permet de mouvoir sans peine l’EV9 et si on sent bien le poids à l’accélération en mode eco, le mode sport permet de coller tout le monde au fond du siège avec un 0 à 100 km/h abattu en 5,3s. Pas dingue mais très honorable quand il s’agit de doubler ou s’insérer sur voie rapide.

Cette facilité de conduite est aussi due à une direction très démultipliée qui, si elle facilite les manœuvres à basse vitesse, fait perdre un peu de remontée d’information sur routes sinueuses. Clairement, toutefois, l’EV9 peut se targuer d’en proposer plus qu’il ne le laisse penser au premier regard.

Grâce à la multitude de réglages du siège et du volant, il est facile de trouver une bonne position de conduite et surtout l’EV9 sait se montrer très silencieux grâce à un vitrage feuilleté et une bonne insonorisation. Le confort est bon, à moins d’arriver trop rapidement sur un dos d’âne ; les suspensions ont tendance à devenir cassantes sous de fortes compressions. Bien qu’elles ne soient pas pilotées, l’EV9 offre néanmoins une correction d’assiette à l’arrière.

Il faut reconnaître que si les ingénieurs ne peuvent pas annuler les lois de la physique, ils ont réussi à repousser les limites. La carrosserie ne prend finalement que peu de roulis et, même si le poids ne doit pas inciter à un excès d’optimisme, le châssis encaisse assez sainement les corrections de dernière seconde. Nous aurions apprécié trouver des roues arrière directrices pour augmenter l’agilité, mais globalement cet EV9 est bien conçu et permet d’envisager de longs voyages en famille en toute quiétude.

C’est d’ailleurs ce sentiment qui prédomine la conduite : il est confortable, assez puissant et on se sent en sécurité à son bord. Cet aspect est renforcé par un freinage régénératif sur plusieurs niveaux qui permet d’aller jusqu’à l’arrêt complet et le touché de la pédale de frein reste naturel, ce qui n’est pas si courant sur les électriques.

En plus de ses trois modes de conduite Eco, Normal et Sport, l’EV9 dispose aussi d’un répartiteur de couple et d’un contrôle ESP agissant dans les modes de conduite Sand, Mud et Snow. Nous avons fait quelques tours de roues sur des chemins roulants et là encore, il étonne ; bien que son gabarit impose de rester mesuré, quelle surprise de lui trouver autant d’aisance au vu de son poids et de sa taille.

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Autonomie : weight is bad

Avec son énorme batterie NMC de 99,8 kWh installée dans le plancher, le Kia EV9 promet 563 km d’autonomie WLTP en cycle mixte dans sa version mono-moteur et 505 km WLTP dans les mêmes conditions avec notre version d’essai équipée de jantes de 21 pouces. Ces mesures paraissent réalistes, puisqu’au cours d’une boucle d’un peu plus de 150 km, nous avons consommé 20,5 kWh/100 km sur un parcours composé d’autoroute, de réseaux secondaires et de ville. Bien que la consommation puisse sembler élevée, elle est en fait assez modérée compte tenu de la taille et du poids de ce SUV électrique.

L’un des points forts de l’EV9 est son architecture 800V . Celle-ci permet d’encaisser une puissance de charge de 210 kW en courant continu sur les bornes rapides DC. Le constructeur annonce qu’il est possible de passer de 10 à 80 % en 25 minutes et de récupérer 249 km en 15 minutes. Nous ne manquerons pas de vérifier ces valeurs lors de notre supertest d’autonomie.

Pour une charge sur le courant alternatif, il faudra se contenter d’un chargeur de 11 kW et patienter environ 9h pour une recharge complète. Pour finir, précisons que l’EV9 est le premier véhicule de Kia à recevoir la fonctionnalité Plug & Charge, ce qui permet au véhicule d’être reconnu automatiquement au moment du branchement à une borne DC et dispense ainsi le conducteur de l’usage d’une carte de recharge.

À retenir : plus attachant que nous l’aurions imaginé

Véhicule de conquête sur un marché qui n’est habituellement pas le sien, Kia fait un pari osé en proposant ce SUV électrique aux dimensions démesurées pour l’Europe. Mais si son look musclé peut effrayer, voire lui valoir de recevoir l’opprobre de la part de certains critiques, c’est tout simplement parce qu’ils ne l’ont pas essayé.

Une fois à son volant, on découvre un autre visage : celui d’un véhicule électrique au confort, à la technologie et à l’espace à bord parmi les meilleurs du marché. Certes, il n’est pas aussi luxueux que certains de ses concurrents les plus prestigieux, surtout en considérant certaines finitions mais on pourrait rétorquer qu’il intègre des matériaux éco-responsables.

Certains détails nous laissent un peu sur notre faim, comme cet écran de commande de chauffage caché par la jante du volant ou encore une interface multimédia qui pourrait se montrer plus réactive. Mais ce sont des détails mineurs au regard des prestations globales offertes par cet EV9, tant sur la route que sur le plan de l’habitabilité. Reste évidemment que son prix ne le destine pas à tout le monde, mais il est moins cher que tous ses concurrents, Volkswagen ID.Buzz excepté si on ne considère que le volume de chargement.

Bref, ce Kia EV9 est une très bonne voiture, bien conçue et qui permet d’envisager de voyager à plusieurs ou en famille sereinement en électrique. Et ce n’est pas si commun.