voiture-electrique-renault-fluence

Voici la seconde partie de mon entretien avec Thierry Koskas, le directeur du programme Véhicule Électrique chez Renault. Les thèmes abordés sont les tarifs, le recyclage des batteries et l’autonomie.

La voiture électrique, moins chère que les véhicules thermiques ?

La voiture électrique ne sera pas moins chère que les voitures thermiques à cause d’un élément en particulier : les batteries. Néanmoins, Renault va proposer une offre de location des batteries destinée à rendre la voiture électrique accessible au même prix qu’une Clio Diesel. Le Twizy, petit véhicule urbain de deux places, sera commercialisé quand à lui pour un prix équivalent à un gros scooter milieu de gamme.

twizy-concept-ZE

Du point de vue des tarifs, cet abonnement de location de batterie sera compris entre 75 et 80 euros/mois, et intègrera le coût du matériel mais également le coût de son recyclage après utilisation. Une charge batterie devant coûter moins de deux euros, Renault annonce que le coût d’usage devrait donc s’aligner sur celui d’un véhicule d’une voiture diesel, entretien compris.

Thierry Koskas nous a indiqué que le véhicule électrique Renault sera plus avantageux pour l’automobiliste dès lors qu’il fait plus de 60km/jour. Pour rappel, 80% des Européens font moins de 50km/jour avec leur voiture, ce sera donc loin d’être rentable pour tout le monde ! Autre précision importante, dans ces calculs de rentabilité pour l’utilisateur, Renault intègre le fait que le prix du carburant va augmenter dans les prochaines années.

Quelle autonomie peut-on attendre des voitures électriques Renault ?

L’autonomie est au centre des discussions dès lors qu’on aborde le sujet de la voiture électrique. Les 4 véhicules de la gamme Z.E. (Zéro Émissions) de Renault auront une autonomie d’environ 160km. Elle pourra varier selon les conditions de conduite (comme en montagne par exemple) ou l’usage qui sera fait des éléments de confort (chauffage, climatisation, essuie-glace, etc).

Thierry Koskas nous a indiqué que selon les études réalisées par le constructeur c’est une autonomie qui doit satisfaire une grande majorité d’automobilistes qui font des déplacements urbains ou qui utilisent ces voitures en temps que second véhicule du foyer. Il explique qu’ils auraient pu mettre des batteries plus grosses pour allonger l’autonomie de leurs voitures, mais que dans ce cas-là elles devenaient plus chères et plus lourdes. Ils ont donc cherché à avoir le meilleur compromis pour le consommateur.

batterie-voiture-electrique

Renault a toutefois pensé aux longs trajets et envisage pour cela la solution du “quick dropping”, appelé aussi échange de batteries. Ainsi, deux des véhicules de la gamme Z.E. seront adaptés à ce procédé (Fluence Z.E. et Zoé Z.E.) qui permettra d’échanger ses batteries en quelques minutes dans des stations services équipées de ce système. Ces infrastructures n’existent pas encore mais le constructeur travaille étroitement avec la société Better Place pour la mise en place d’un réseau de stations d’échange de batteries dans toute la France. Si vous voulez avoir un aperçu du fonctionnement de ce système, je vous conseille de visualiser la vidéo suivante :

En ce qui concerne les infrastructures de recharge personnelles,  Renault travaille sur un dispositif pour aider le financement de l’installation des bornes dans les appartements mais le sujet n’a pas été approfondi durant notre entretien.

Quel bilan environnemental pour la voiture électrique Renault ?

Plusieurs lecteurs d’Automobile Propre se posaient la question de savoir comment Renault allait recycler les batteries de ses véhicules électriques. L’entreprise indique tout d’abord que ses batteries auront une durée de vie de 8 à 10 ans ou 200 000 km, ce qui lui laisse un peu de temps pour peaufiner son programme de recyclage.

Elle travaille notamment sur la récupération du lithium (métal rare) pour sa réutilisation dans la fabrication de nouvelles batteries. Thierry Koskas ne nous a pas donné plus d’informations sur le recyclage, mais il a précisé que l’entreprise y travaillait activement. Il a toutefois précisé qu’avant d’être recyclées, les batteries usées pour une utilisation automobile devraient trouver une seconde vie pour stocker l’énergie dans d’autres secteurs (panneaux solaires, éolien, etc).

Il a été plus à l’aise sur le sujet du bilan carbone des voitures électriques. Concrètement, celui-ci diffère en fonction du mode de production de l’électricité. Globalement, le bilan CO2 moyen du véhicule électrique est de 12g / 100km en France (où l’électricité est en majeure partie produire par le nucléaire), et il serait de 67g CO2 / km en Europe.

Autre information (surprenante) donnée par Renault : quand l’électricité est produite à partir d’une centrale à charbon moderne, le bilan carbone serait légèrement favorable par rapport à celui d’une voiture thermique classique. Voici quelques chiffres qui n’ont pas été communiqués pendant cet entretien mais qui proviennent d’un slide présenté lors de la conférence Mobilis 2009.

emissions-CO2-renault-voiture-electrique

Ils montrent le bilan C02 en fonction du type d’énergie et du type de véhicules. Ces chiffres proviennent de Renault.

Conclusion

J’ai essayé de vous communiquer aussi fidèlement possible les échanges que nous avons pu avoir avec Thierry Koskas durant cet entretien de deux heures. J’avais encore mille questions à lui poser, mais nous avons été pris par le temps. Néanmoins, ça a été une rencontre très enrichissante et qui m’a permis de mieux comprendre la vision de Renault pour la voiture électrique.

C’est un véritable challenge auquel s’attaque l’entreprise, et je crois que les équipes sont très motivées ! Il leur reste beaucoup de travail et des domaines à éclaircir (le recyclage notamment) mais je dois dire que j’aime assez leur objectif ambitieux qui est de rendre la voiture électrique accessible au plus grand nombre. Ce ne sera peut-être pas forcément le cas au début, mais c’est comme tout, il faut bien commencer quelque part pour avancer !

Je tiens donc à remercier Renault pour l’invitation, mais également toute l’équipe de bloggueurs présents avec qui les discussions ont été très intéressantes. Il me tarde qu’on se retrouve pour essayer les voitures électriques de Renault ;-) Merci également aux internautes qui ont posé leurs questions et qui m’ont aidé à préparer cette entrevue.

N’hésitez pas à réagir sur ce compte-rendu dans les commentaires, ou si vous voulez discuter plus longuement sur le sujet, rendez-vous sur le forum dédié à la voiture électrique.

renault-twizzy