Tesla compte révolutionner le processus de fabrication des automobiles. Pour y parvenir, la marque américaine pourrait abandonner la traditionnelle chaîne de montage. Une technique initiée par Henry Ford avec la Model T, et vieille de plus de 110 ans.

Tesla veut repenser le processus de fabrication

Pour développer son futur modèle à moins de 25 000 dollars, la société d’Elon Musk prévoit d’adopter ce qu’elle appelle l’approche « unboxed ». Ce processus de fabrication ressemble plus à la construction de Lego géants qu’à une chaîne de montage classique. Au lieu d’avoir une plateforme qui se déplace sur un tapis roulant linéaire, les pièces du véhicule sont assemblées simultanément dans des zones dédiées. À la fin, chaque partie est assemblée.

Tesla affirme que ce grand changement dans le processus de fabrication pourrait réduire les coûts de production de moitié. Ce qui permettrait au constructeur de mettre sur pied de nouvelles usines. La marque place tous ses espoirs dans cette nouvelle technique. À terme, l’objectif est de commercialiser un véhicule électrique bon marché en très grande quantité, pour faire face à la concurrence chinoise.

Où en est le constructeur américain ?

Tesla cherche aussi un second souffle. Les actions de l’entreprise ont chuté de 29 % depuis le début de l’année 2024. Lars Moravy, l’homme en charge de l’ingénierie des véhicules chez Tesla, estime que « si nous voulons nous développer comme nous le souhaitons, nous devons repenser la fabrication ». Mais l’entreprise ne livre pas beaucoup de détails sur l’avancée de ce projet. Et cela ne rassure pas les investisseurs.

À lire aussi Projet Redwood : ce que l’on sait sur la Tesla Model 2 à petit prix

En janvier 2024, à l’occasion de la dernière conférence sur les résultats de l’entreprise, le patron de la marque s’en est tenu à des généralités. Elon Musk a fait du Elon Musk en expliquant que « le développement d’un modèle à bas coûts est très avancé » et que « la production devrait débuter à la fin de l’année prochaine ». Il a aussi mentionné un « nouveau système de fabrication révolutionnaire ».

Selon lui, ce nouveau processus est « bien plus avancé que n’importe quel système de fabrication automobile dans le monde, avec une marge significative ». Mais rien de plus ! C’est un peu léger, surtout que Musk est connu pour ses exagérations et pour ne pas respecter les délais annoncés. La Tesla Model 2, ce fameux véhicule sous la barre des 25 000 dollars, a été évoquée pour la première fois en 2020.

Un impact financier colossal

Caresoft, une entreprise spécialisée dans l’ingénierie automobile, a voulu savoir si le processus de fabrication promis par Elon Musk pouvait réellement fonctionner. Les ingénieurs de l’entreprise ont passé 200 000 heures à construire une réplique numérique de l’usine du futur imaginée par Tesla. Ils ont constaté que les ambitions de Musk étaient « techniquement possibles » et que « l’impact financier serait énorme ».

Contrairement à la technique mise au point par Henry Ford en 1913 pour fabriquer la Model T, la méthode « unboxed » ne nécessite pas le déplacement d’un grand squelette dans une usine. Au lieu de cela, les ouvriers sont répartis en petits groupes et travaillent simultanément sur les différentes parties du véhicule. Selon Mathew Vachaparampil, le patron de Caresoft, « les économies potentielles sont considérables ».

La société confirme les prévisions d’Elon Musk et estime par exemple à 50 % les économies dans les ateliers de peinture. Cette étape est depuis longtemps la partie la plus coûteuse d’une usine automobile. La chaleur élevée requise pour la peinture automobile consomme beaucoup d’énergie, et les exigences en matière d’émissions sont strictes. D’ailleurs, le débit de l’atelier de peinture détermine en grande partie la production totale d’une usine.

Tesla se trouve entre « deux grandes vagues de croissance »

Avec la méthode imaginée par Elon Musk, la voiture ne sera pas envoyée dans un atelier de peinture, mais chaque panneau sera peint avant l’assemblage final. Sur le papier, c’est bien vu. La réalité pourrait toutefois être plus complexe. Pour commencer, le système « unboxed » n’a encore jamais été testé. Sans oublier que changer de processus de fabrication pourrait entraîner de nombreux retards de production.

Mais si on regarde bien, ce n’est pas la première fois que Tesla procède à des changements importants pour la construction des voitures. Pour accélérer la cadence de production du Tesla Model Y, la marque a introduit une Giga Press capable de créer deux éléments géants : l’avant et l’arrière du véhicule. Cela permet d’éliminer des centaines de pièces et de soudures. Et donc de gagner du temps.

À lire aussi La voiture électrique de Xiaomi est une Porsche Taycan au prix d’une Tesla Model 3

Une méthode qui n’est pas encore appliquée sur des véhicules de segments inférieurs, notamment celui des citadines. Pourtant, les marques chinoises sont en embuscade. Mais l’entreprise d’Elon Musk est confiante. Le milliardaire assure que sa société se trouve actuellement entre « deux grandes vagues de croissance ». Tesla espère toujours livrer 20 millions de voitures électriques par an d’ici 2030.