Le segment des citadines électriques s’est étoffé. Face au phénomène Fiat 500, comment s’est sort la toute jeune chinoise Leapmotor T03 ? Maxime Fontanier arrivera-t-il à nettement les départager ?

Les modèles essayés

Les dimensions des deux citadines électriques trahissent un profil différent. Ainsi la Fiat 500e est plus large de 10 cm (1,75 m), mais moins haute de 5 cm (1,53 m). Dans une longueur similaire (3,62 m, contre 3,63 m), la Leapmotor T03 présente 5 portes qui facilitent en particulier l’accès aux places arrière. Ainsi qu’un toit vitré semi-panoramique 42 pouces fixe pour davantage de luminosité à bord.

Avec un surcoût de 1 000 euros selon les tarifs affichés sur le site du constructeur au 3 mai 2023, la Fiat 500e entre nos mains est tirée de la série spéciale Red. Elle est alors blanche. La Red en rouge, c’est 850 euros encore en plus !

Pour la chausser de jantes 16 pouces, à moins de se contenter de les recevoir nues contre 891 euros les 4, il faut craquer pour un pack à 1 200 euros qui amène aussi le radar et la caméra de recul, les vitres électriques à impulsion, le chargeur à induction pour smartphone et l’ouverture sans clé.

A l’inverse, la Leapmotor T03 ménage d’entrée de jeu votre compte en banque, avec fort peu d’options. Sa seule coquetterie pour nous séduire est sa robe à 490 euros en rose poudré avec toit noir.

Architectures

Nos deux citadines ont pour point commun d’être des tractions qui embarquent chacune un moteur synchrone à aimant permanent. Avec ses 80 kW (109 ch), contre 70 kW (95 ch), la Leapmotor T03 est la plus puissante. L’italienne est cependant mieux dotée au niveau du couple : 220 versus 153 Nm.

Les deux voitures électriques diffèrent de façon importante au niveau des batteries : LFP (lithium fer phosphate) et un peu plus de 40 kWh (41,3 kWh au total) de capacité utile avec la chinoise, face à la chimie NMC (nickel manganèse cobalt) de sa concurrente pour moins d’énergie (21,3 / 23,8 kWh). A noter qu’en alourdissant un peu plus l’écart de prix, la Fiat 500e peut recevoir un meilleur pack, avec 42 kWh de capacité brute.

Du côté du châssis, c’est pour toutes les deux du MacPherson à l’avant, une barre de torsion à l’arrière, et des suspensions mécaniques classiques.

Coffre ou banquette ?

Que préférez-vous privilégier avec votre citadine électrique : le transport de 4 passagers ou la praticité du coffre ? Si c’est ce dernier, il sera sans doute préférable de vous tourner vers la Fiat 500e qui présente une meilleure découpe et un petit double-fond suffisant pour ranger le câble de recharge.

Le volume de 185 litres est toutefois en retrait au regard des 210 l de la Leapmotor T03. En rabattant la banquette d’un seul tenant, le plancher formé est loin d’être plat sur les deux citadines. C’est tout particulièrement criant sur la chinoise.

S’il s’agit d’embarquer régulièrement 4 personnes, elle est en revanche imbattable : 5 portes contre 3, des vitres arrières électriques qui descendent complètement versus des carreaux fixes en custode, davantage d’espace aux genoux et surtout au niveau de la tête, et des rangements dans les contreportes.

« A l’arrière de la Fiat 500, c’est un peu la punition. C’est davantage une 2+2 qu’une vraie 4 places », résume Maxime Fontanier. La concernant, il ajoute un dossier de banquette trop droit et des accoudoirs petits et rigides. Et surtout l’absence d’une mémoire de position sur les sièges avant qui oblige à retrouver les bons réglages une fois avoir permis l’accès aux places arrière.

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Point de vue du conducteur

La Fiat 500e, c’est à l’avant qu’elle s’apprécie : « Bien dessinée dans la finition Red, on a une sellerie qui est plus confortable que dans la Leapmotor, avec un bon maintien latéral ». Pour une citadine, le rappel de la couleur de la carrosserie au tableau de bord et les plastiques rigides avec un assemblage correct ne choquent pas.

Dans les 2 voitures, le conducteur et le passager à se droite disposent de prises électriques et de suffisamment d’espaces de rangement, dont une profonde boîte à gants.

A ces places, dans la Leapmotor, on est également bien installé. Le conducteur pourra même régler son fauteuil en hauteur. Elle aussi est équipée de sièges bien dessinés. Toutefois les dossiers apparaissent un peu durs : « Ca reste correct pour la catégorie ».

Si le design de la planche de bord est plus classique que dans l’italienne, il est servi par un « assemblage sérieux ». Les commandes qui tombent bien sous les mains révèlent une « ergonomie bien pensée ». Rien d’extraordinaire au niveau de la sono, dans les deux modèles.

Deux écrans chacune

Derrière le volant de la Fiat 500e, l’écran TFT 7 pouces bien intégré est très lisible. La présentation et les informations disponibles sont paramétrables. La carte GPS peut par exemple s’étaler sur une bonne partie de la petite dalle. Avec 8 pouces, le combiné numérique d’instrumentation de la Leapmotor T03 semble au contraire presque tombé là par hasard.

Avec une diagonale proche, l’écran au centre du tableau de bord se présente différemment par sa forme. Compatible via Bluetooth avec Apple CarPlay et Android Auto, celui de 10,25 pouces dans la Fiat 500 ressemble à un grand smartphone couché.

Celui de 10,1 pouces sur la chinoise est plus classique. Il faut passer par l’application QD Link pour obtenir une duplication du téléphone portable, également grâce à une connexion ans fil. Mais attention, si le smartphone bouge en roulant, l’affichage au tableau de bord pourra passer du mode paysage au mode portrait bien moins lisible.

Dans les deux voitures, la dalle du système multimédia permet classiquement aussi d’intervenir sur les réglages. Entre elles, Maxime Fontanier a tranché en faveur de l’italienne : « L’ergonomie est plus complexe, mais le système est plus moderne et plus évolué ».

Premiers tours de roue

Le sélecteur de marche se présente sous la forme d’un levier à droite derrière le volant sur la Leapmotor T03, et d’une enfilade de boutons dans la Fiat 500e. De pas grand chose, c’est cette dernière qui offre le meilleur diamètre de braquage (9,5 m), et un rappel de direction plus efficace.

Question douceur, la chinoise reprend l’avantage. A faible allure, elle se montre également plus silencieuse, quand l’italienne filtre moins bien les chocs avec sa suspension plus ferme, émet un petit sifflement, et gratifie ses passagers de quelques bruits de mobilier. « La Leapmotor apparaît très confortable en milieu urbain. C’est l’avantage d’avoir des petites roues avec des pneus fins ».

Si son freinage régénératif est en revanche moins marqué que dans la Fiat, il peut aller aussi jusqu’à l’immobilisation du véhicule sans avoir à toucher à la pédale des freins. Sur le volet sécurité, ça pêche un peu avec seulement 2 airbags dans le véhicule et l’absence de freinage automatique d’urgence. Ce dernier est présent de série dans la Fiat 500e.

Routes de campagne sinueuses

Du côté de l’italienne, 9,5 secondes pour boucler l’exercice du 0 à 100 km/h, contre 12 s pour la chinoise. C’est déjà bien suffisant pour avaler les virages d’une route de campagne : « Sur le 0-50, et même sur le 0-70 km/h, j’ai l’impression que la Leapmotor T03 marche aussi bien que la Fiat 500e ».

Cette dernière se montre « un poil rebondissante » sur les départementales déformées, sans doute de façon accentuée par ses pneus à flanc assez épais. L’italienne est agréablement incisive du train avant et facile à inscrire dans les courbes.

Pour autant, la chinoise n’est pas frustrante dans le même décor : « Elle a quand même du nerf et on a de bonnes reprises ». Avec ses 4 disques, alors que la Fiat 500e n’a que des freins à tambours à l’arrière, la Leapmotor présente un bon comportement lorsqu’il faut s’arrêter en urgence. Toutefois le freinage serait plus efficace avec de meilleurs pneus : « Ceux d’origine ne montrent pas un grip exceptionnel ».

Voies rapides et autoroutes

Chacune des deux citadines rappelle à sa manière que l’autoroute n’est pas son terrain de jeu privilégié. La Leapmotor T03 le fait particulièrement savoir avec sa sensibilité au vent latéral consécutive à une suspension souple, beaucoup de bruit aérodynamique même à 100 km/h, un régulateur de vitesse pas simple à faire évoluer.

Alors qu’elle se montre ici beaucoup plus silencieuse, mieux pourvue en aides à la conduite, plus lisible au niveau de l’instrumentation, la Fiat 500e est desservie par une trop chiche autonomie. Du fait d’une consommation qui flirte avec les 23 kWh/100 km, la petite batterie offre à peine de quoi parcourir 100 km à 130 km/h.

En cycle mixte, elle tourne autour des 15 kWh/100, soit 2 kWh de plus que les chiffres communiqués par le constructeur. De quoi atteindre 140 km en jouant avec la panne d’énergie. A moins d’opter pour le pack lithium-ion supérieur. Pour des usages similaires, la chinoise offre un rayon d’action de l’ordre de 170 km à sa vitesse maximale de 130 km/h et de 260 km sur cycle mixte.

En courant continu, la recharge est limitée à une puissance de 45 kW sur cette dernière, et à 50 kW avec la Fiat 500e. Sur les bornes AC, l’italienne est mieux dotée avec son chargeur 11 kW, contre 6,6 kW sur sa concurrente.

Tarifs

Ca pique un peu du côté de la grille tarifaire de la Fiat 500e. Elle démarre à 30 400 euros, et même à 31 400 euros hors options et bonus non déduit en finition Red. Il faut ajouter 3 500 euros à ces prix si l’on veut bénéficier de la batterie supérieure. Face à elle, la Leapmotor T03, plus polyvalente, débute à 25 990 euros.

« Ca nous fait une différence de 4 410 euros par rapport à la Fiat avec la petite batterie, et ça va à presque 8 000 euros si la comparaison est effectuée avec la 500 électrique à gros pack ».

Le verdict de Maxime Fontanier est très net : « Au niveau du rapport prix/prestation, la chinoise fait bien mieux, même si, à mon sens, elle pourrait être encore moins chère. Les prix restent élevés pour de petites citadines, même s’il s’agit de véhicules électriques ».

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