Trop longtemps et encore aujourd’hui négligée par des décideurs et acteurs concernés ou impactés par la mobilité électrique, la recharge rapide est pourtant un maillon incontournable de l’écosystème. Association fédérant les utilisateurs de voitures électriques, l’AcoZE France livre ses conseils dans une étude réalisée à partir d’un questionnaire transmis à ses adhérents.

« Le maillage actuel est insuffisant. Certains axes et des zones entières du territoire ne sont pas du tout desservis en charge rapide. Cela crée des zones non-franchissables pour certains conducteurs », rappelle l’AcoZE France en introduction de son document d’une vingtaine de pages.

L’état des lieux dressé par l’association correspond fidèlement à ce que tout voyageur branché a pu constater sur le terrain : stations le plus souvent sous-dimensionnées ne comptant qu’une seule borne et sans solution de secours ; localisation difficile (manque de signalisation) ; entretien lourdement défaillant avec des bornes longtemps hors-service ; tarification anarchique, illisible, imprévisible et souvent injuste ; difficulté de payer avec une carte bancaire ; nécessité de disposer de plusieurs moyens de paiement ; manque de chargeurs en voirie ; etc.

Un réseau à réinventer

Cette liste explique que nombre d’automobiliste n’osent pas passer à la voiture électrique, et que beaucoup d’électromobiliens reculent devant l’idée de parcourir de longues distances. Si les stations de recharge rapide sont peu utilisées, ce n’est pas en raison de faibles besoins, mais d’une accumulation d’effets dissuasifs qui se transforment en appel à les éviter.

En plus de la résolution de tous ces problèmes, les membres de l’AcoZE France espèrent des stations de recharge rapide plus rapprochées, équipées en priorité de bornes 50 kW tri-standard (43 kW AC, Combo CCS et CHAdeMO) conçues pour ravitailler en énergie plusieurs voitures électriques simultanément, implantées dans des zones intéressantes et utiles (services notamment WC, commerces, restaurants, points touristiques, etc.).

 

Constructeurs et fabricants de bornes

Afin de s’affranchir du maillage peu efficace en recharge rapide, l’AcoZE France appelle les constructeurs à proposer sur leurs véhicules électriques, de série ou en option, des chargeurs triphasés 11 ou 22 kW qui permettront d’exploiter la multitude des bornes installées dans les territoires.

Les électromobiliens, en particulier par l’intermédiaire de leurs associations d’utilisateurs, pourraient être consultés en phases de conception des stations et des bornes. Et ce, afin d’éviter une multitude de présentations diverses qui nuisent à leur emploi.

Feuille de route

Pour l’année prochaine, l’AcoZE France et ses adhérents souhaitent le rétablissement de la recharge sur les autoroutes avec un haut niveau de disponibilité. Pour exemple, les anciennes stations Corri-Door seraient agencées avec 4 bornes 50 kW tri-standard. Les zones blanches hors autoroutes disparaîtraient et la recharge rapide serait assurée autour des centres urbains importants.

L’étude de l’Acoze appelle à la réouverture et au redimensionnement des stations Corri-Door aujourd’hui fermées.

Entre 2021 et 2023, l’association des utilisateurs de véhicules électriques imagine que soit finalisé le maillage en chargeur 50 kW autour des axes majeurs et au cœur des grandes agglomérations. En parallèle, une première tranche d’installations de bornes 100-175 kW serait menée à son terme sur les voies stratégiques.

A plus longue échéance, le réseau de recharge ultrarapide serait amélioré en fonction des besoins (augmentation de le puissance et de chargeurs). L’architecture des stations sur les aires d’autoroutes et/ou de repos gagnerait à être repensée pour une distribution intelligente de la puissance et des options d’usage. L’accès sans avoir à badger (Plug & Charge) serait développé. En outre, des sites permettant d’accueillir des poids-lourds émergeraient sur les axes pour lesquels il n’existe pas de solution de report modal.

Propositions concrètes

Dans son étude, l’AcoZE France a travaillé sur d’autres points concrets. Ainsi un nouveau panneau pour signaler les places dédiées à la recharge, un totem pour annoncer sur autoroute le nombre de bornes en service sur les prochaines aires rencontrées (idem stations des pétroliers), plusieurs propositions d’intégration évolutive des chargeurs sur les sites et de disposition des connecteurs en station.

Sur les aires accueillant plus de 10.000 véhicules par jour, une station de recharge type comprendrait par exemple 6 chargeurs 50 kW et 4 de 100 kW de puissance, sans compter les bornes AC en secours (7 ou 22 kW). Des ombrières seraient ici incontournables. Elles préserveraient la lisibilité des écrans LCD, réduirait la chauffe au niveau des bornes et des véhicules, protégerait l’automobiliste de la pluie.

La répartition du matériel de recharge a été imaginée après différents calculs de fréquentation moyenne des autoroutes à différents moments de la journée.

 

En cas de problèmes

Les membres de l’association ont également été interrogés sur le délai maximal d’intervention pour réparer les bornes défaillantes, avec des pénalités en cas de non respect. Pour résoudre le fameux cas de la panne de connectivité réseau qui empêche l’utilisation des badges RFID, les bornes pourraient basculer vers un règlement par carte bancaire, et, à défaut, permettre la recharge gratuite et sans identification.

En cas de défaillance lors de l’utilisation, le matériel doit libérer le câble de l’utilisateur. Enfin, les camions de dépannage et de remorquage sur les autoroutes devraient embarquer des chargeurs rapides permettant de rejoindre la station suivante.

Les emplacements dédiés à la recharge gagneraient à être surveillés, à la fois pour décourager les agressions, mais aussi pour sanctionner les conducteurs des voitures ventouses qui les occupent illégalement.

Autres points abordés

Les membres de l’AcoZE France ont également été interrogés sur les tarifs, les modes de paiement possibles, l’intégration des bornes de recharge dans diverses applications avec fonction de géolocalisation, la possibilité de réserver sa place, les autres services proposés en station (gonflage des pneus, connectivité 4G pour les professionnels), etc.

En savoir plus : télécharger l’étude de l’Acoze