Très dépendante de matières premières comme le lithium pour les batteries, l’Union Européenne veut diversifier et verdir ses approvisionnements et encourager une extraction locale.
Alors que le marché des voitures électriques ne cesse de croître, l’Europe se rend compte de sa dépendance à certaines ressources. Si de nombreux modèles sont construits sur le continent (Renault ZOE, Peugeot e-208, Hyundai Kona, bientôt Tesla), les batteries le sont peu. Pire, les matières premières de ces dernières (et des moteurs) sont majoritairement importées. Devant ce constat, que la pandémie de Covid-19 a renforcé, l’UE veut agir avec un plan d’action pour ces prochaines années.
L’objectif est de diversifier les approvisionnements tout en réduisant la dépendance du marché européen en exploitant localement certains matières premières. Aujourd’hui, certains pays disposent d’un quasi monopole. Par exemple, le lithium européen provient à 78 % du Chili, à 8 % des États-Unis et à 4 % de Russie. Le cobalt provient essentiellement de la R.D. du Congo (68 %), de la Finlande (14%) mais aussi de la Guyane (5%).
Vers une Alliance des matières premières
« Pour les batteries des véhicules électriques et le stockage de l’énergie, l’UE aurait avoir besoin de 18 fois plus de lithium et de 5 fois plus de cobalt en 2030 » assure le rapport. A horizon 2050 les besoins seront encore plus importants : 60 fois plus de lithium et 35 fois plus de cobalt.
La Commission Européenne menant ce projet reste positive, puisqu’elle assure que l’Alliance pour les batteries disposera de « 80% de lithium de sources européennes à l’horizon 2025 ». Sur ce principe, une « Alliance des matières premières » sera créée. Elle visera d’abord à « accroître la résilience de l’UE dans la chaîne de valeur des terres rares et des aimants ». En d’autres termes, les véhicules électriques et les batteries sont une priorité pour l’union. Plus qu’une question de souveraineté, c’est aussi un enjeu pour l’emploi. Le rapport précise que « la transition vers une économie plus circulaire pourrait déboucher sur la création de 700.000 nouveaux emplois dans l’UE à l’horizon 2030 ».
« En diversifiant l’approvisionnement à partir de pays tiers et en développant les propres capacités de l’Union […] nous pouvons développer notre résilience et notre durabilité » résume Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.
Une politique qui devrait mener à une multiplication des sites d’extraction en Europe. En France, une étude récente a décelé des réserves de lithium dans le Massif Central et dans le Rhin.
Commentaires
C'est bien beau de vouloir faire "local" mais quid de la dure loi de l'offre et de la demande sur le marché mondial des matières premières (les "commodities")? Si on extrait en Europe du lithium ou du cobalt "bien propre" mais qu'il coûte 3 fois plus cher, qui va l'acheter?
"5 fois plus de cobalt en 2030 "... Ca, c'est être visionnaire, alors que tout le monde bosse pour éliminer le cobalt dans les prochaines générations de batteries...
Si on en met 2 fois moins dans chaque kWh, mais qu'on met 2 fois plus de kWh dans chaque voiture, et qu'on vend 5 fois plus de voitures ...
On ne parle pas d'en mettre 2 fois moins mais bel et bien de ne plus en mettre du tout. Attendons les annonces prochaines de Tesla sur le sujet (leur "battery day") , il y bossent, ils ont déjà réduit, mais compte aller vers 0.
J'espère qu'ils n'attendront pas 2050 pour réutiliser les composants issus du recyclage.
Eh eh... Ouvrir des mines de lithium dans le massif central au bénéfice des véhicules électriques ça va être chaud je le sens bien ! Un nouveau notre dame des landes en perspective...
On a aussi du lithium en Alsace.