Face à l’arrivée massive de la concurrence en fin d’année, Renault compte se battre pour conserver sa première place sur un marché européen qui s’annonce de plus en plus disputé. Avec Gilles Normand, Directeur Division Véhicule Électrique du groupe, Automobile Propre dresse le bilan de l’année écoulée.

Si la Nissan Leaf a raflé le titre de voiture électrique la plus vendue en Europe, Renault reste en 2018 la marque leader en Europe. Avec plus de 49.600 véhicules électriques vendus, le groupe tricolore enregistre une progression de 36,6 % et s’accapare 22,2 % du marché européen.

Un début d’année 2018 difficile pour Zoe

Avec 39.458 unités immatriculées et une croissance limitée à 26,1 % l’an dernier, la Renault Zoe a connu un début d’année difficile, pénalisée par ses problématiques d’approvisionnement.

« On a annoncé un investissement de plus d’un milliard d’euros pour augmenter notre capacité de production. On a doublé la production de Zoe, triplé celle de Cléon » rappelle Gilles Normand, Directeur Division Véhicule Électrique du groupe.

Outre ses propres sites de production, c’est aussi l’approvisionnement en batteries qui a posé problème au constructeur en début d’année dernière. « Nous avons beaucoup travaillé avec notre fournisseur de batteries – LG – pour sécuriser les approvisionnements pour les années qui viennent (2019-2020). C’était très important d’avoir un accord-cadre avec eux pour être en mesure de répondre à la demande croissante. Nos capacités de production se sont ainsi améliorées au dernier semestre ce qui nous a permis de communiquer davantage » résume notre interlocuteur. « Il nous a fallu trouver cet équilibre… aligner toutes les étoiles… et cela explique cette croissance de 62 % observée sur les derniers mois de l’année » poursuit t-il.

Début 2018, la Renault Zoé a été pénalisée par ses difficultés de production et d’approvisionnement.

 

Belle progression pour le Kangoo ZE

Pour Renault, l’année 2018 a également été marqué par le très gros succès du Kangoo ZE. L’an dernier, les ventes de l’utilitaire électrique ont progressé de 105,1 %, soit un total de 8747 immatriculations.

« Le master ZE démarre bien mais le Kangoo ZE est en très forte croissance » souligne Gilles Normand qui évoque l’arrivée d’une nouvelle typologie de clientèle. « On était au démarrage du Kangoo ZE sur des grosses flottes telles la Poste. Le succès de 2018 a été de garder ces flottes mais aussi de rentrer chez les artisans et PME qui voient qu’un Kangoo diesel sera de plus en plus difficile à utiliser dans les centres urbains ».

Cap sur la Chine

« La Chine, c’est le gros marché. En 2018, le marché mondial sera à plus d’un million de véhicules électriques, dont à peu près 800.000 en Chine » chiffre notre interviewé. « On a présenté la veille du Mondial un concept – Renault K-Ze – qui sera présenté dans sa version définitive à Shanghai (fin avril ndlr). Nous sommes très heureux de démarrer notre offensive en Chine avec un véhicule qui va couvrir 45 % de la demande du marché ».

Une offensive complétée par l’investissement de la marque dans JM EV, 5e constructeur de véhicules électriques en Chine.

Révélé en octobre au Mondial de Paris, le concept K-ZE sera présenté dans sa version définitive en avril prochain à Shanghai

Une concurrence bénéfique ?

PSA, Honda, Volkswagen, Kia, Hyundai… Alors que de nombreuses marques préparent une offensive forte sur le segment du « full electric », Renault reste serein. « C’est une bonne nouvelle ! » nous répond Gilles Normand.

« Plus il y a de concurrents, plus il y a d’offre, plus il y aura de personnes qui auront l’intention d’acheter un véhicule électrique. Sur les trois freins identifiés par rapport au VE – à savoir l’autonomie, le coût et la disponibilité – s’ajoute un quatrième qui est lié à une offre relativement limitée. On sait bien que dans l’automobile, les gens aiment bien se différencier… avoir le choix » poursuit-il. « Sur l’année 2018, nous avions à peu près 70 à 80 modèles électriques au niveau mondial. En 2022, on sera autour de 250… » chiffre notre interlocuteur.

Pour autant, le constructeur ne restera pas inactif face à l’arrivée de ses concurrents. « On veut se battre et garder notre leadership en Europe. On va travailler pour mettre notre gamme à niveau et étendre notre couverture de segment. En 2017, nous étions à 20 à 35 %. En 2022, on sera plutôt autour de 70 % avec plus de 8 véhicules électriques » souligne Gilles Normand, rappelant notamment la nouvelle plateforme électrique que compte produire l’Alliance à Douai.

Quant à la prochaine génération de Zoé et ses évolutions, le constructeur préfère jouer la carte de la discrétion. « Par rapport à d’autres constructeurs, nous ne sommes pas dans l’effet d’annonce… On annoncera les prochaines étapes le temps venu, d’autant que l’on aime bien réserver la surprise pour nos concurrents » précise-t-il.

500.000 voitures électriques en 2022

« Cette année au niveau mondial ; on a fait aux alentours de 50.000 unités sur le segment du véhicule électrique. En termes de croissance, ce que l’on souhaite c’est que le marché garde des tonalités sur ce qui a été connu. On a un potentiel de l’ordre de 500.000 unités par an en 2022, soit environ 10 % du volume du groupe » chiffre-t-il.