La Tesla Model 3 de notre lecteur Arnauld

N’ayant pas la possibilité de brancher une voiture électrique chez lui, Arnauld a pourtant fait le choix de remplacer son Abarth par une Tesla Model 3. Depuis plus d’un an et demi, il dépend donc des réseaux de recharge, comme auparavant des stations-service. Sans stress.

Une Abarth à remplacer

Père de deux ados, Arnauld habite une ville d’environ 17 000 habitants dans les Yvelines et exerce à Paris son activité de cadre en milieu bancaire : « En semaine, pour rejoindre mon bureau, je prends les transports en commun. Ma Tesla Model 3 me sert pour mes déplacements en soirée, le week-end ou pour rejoindre de la famille. Je vais ainsi régulièrement dans l’Allier ».

Notre lecteur fait partie de cette catégorie de passionnés de l’automobile qui viennent de plus en plus grossir la communauté des électromobilistes convaincus et sont prêts à communiquer leur expérience : « J’ai beaucoup regardé Turbo et lu Auto Moto. J’ai eu l’occasion de conduire des Porsche et Ferrari. Maintenant, tous les matins, quand j’allume mon ordi, je vais découvrir les nouveaux articles d’Automobile Propre. J’apprécie en particulier les reportages et les témoignages qui permettent, quand on débute dans la mobilité électrique, de regarder comment s’en sortent ceux qui roulent déjà en VE. Ce partage d’expérience est vraiment très enrichissant ».

En fin de LOA pour son Abarth, il n’avait au départ pas l’intention de passer à l’électrique : « En octobre 2021, j’étais plutôt axé sur une BMW Série 1, mais l’expérience ne s’est pas très bien passée. J’avais aussi vu que Volkswagen sortait une nouvelle Polo GTI ; là, je n’ai jamais reçu l’offre malgré une relance ».

Coup de foudre

Comment passe-t-on du projet d’achat d’une BMW Série 1 ou d’une Polo GTI à une Tesla Model 3 ? « Je le dois à mon fils ! Je m’intéressais tout de même aux entreprises d’Elon Musk, en particulier Space X. Je pensais alors qu’une Tesla ne pouvait pas être à ma portée. Comme nous avons un centre de la marque pas très loin de chez nous, mon fils de 14 ans m’a persuadé d’y aller pour essayer la Model 3. Pourquoi pas, mais je lui ai fait comprendre que je ne pourrais pas en acheter une ».

L’essai a eu lieu en pleine période de Covid, alors que les constructeurs étaient désorganisés : « J’ai été vraiment très étonné de la facilité avec laquelle j’ai pu tester cette voiture une demi-heure sans commercial à côté pour m’en vanter les performances et caractéristiques. A la première visite, le rendez-vous avait été pris pour le surlendemain : je tenais à ce que ma fille de 16 ans puisse être avec son frère et moi ».

Coup de foudre pour la berline américaine : « La voiture m’a plu dès que je l’ai vue. Ensuite, c’est comme le dit le youtubeur Didier du Choucroute Garage : ‘Tu l’essayes, t’es foutu’. J’ai vraiment été bluffé par la Tesla Model 3, par l’espace à bord, les performances de fou, l’absence de bruits et vibrations. Maintenant, je ne supporte plus de monter dans une voiture thermique, même si elles sont plus silencieuses aujourd’hui ».

La question de la recharge

Suite à l’essai de la berline électrique, Arnauld s’est posé une question : « Comment ça pourrait se passer si je l’achetais. Sans solution de recharge chez moi ni sur mon lieu de travail, si j’avais dû l’utiliser pour aller au bureau, je n’aurais très certainement pas franchi le pas. Mais là, avec une borne à 200 mètres de chez moi, et pour mon usage, la question de la recharge ne m’a pas semblé être un frein. Lorsque j’étais en télétravail, j’allais brancher la voiture le matin et la reprenais le midi, par exemple. Je n’utilise plus ce chargeur désormais ».

Pourquoi ? « A cause de la nouvelle tarification du SEY 78. Auparavant, c’était 0,22 euro du kilowattheure. Maintenant, vous avez un coût de connexion, un coût au kWh et un coût horaire. J’ai calculé, dans mon cas, ça me ferait de l’ordre de 0,45 euro le kWh si je ramène tout à cette unité. Ils ont complètement craqué sur les prix ! ».

Nous sommes allés visiter le site du syndicat départemental : hors commission d’un éventuel opérateur de mobilité intermédiaire, à l’exception d’un paiement par TPE, et de jour, c’est 1 euro pour la connexion + 0,30 euro le kilowattheure + 1 euro de l’heure (et même 4 euros par tranche horaire au-delà de 2 heures de connexion). « C’est hors de prix pour moi, d’autant plus que je tiens à respecter les préconisations de Tesla pour les batteries LFP d’effectuer au moins une fois par semaine une recharge complète ».

Repli chez Lidl

Les bornes accessibles chez Lidl vont-elles devenir incontournables ? « Depuis le mois d’avril, j’utilise le chargeur DC du supermarché Lidl le plus proche de chez moi. Avec la commission Chargemap, je ne paie que 0,275 euro le kilowattheure. Sur ma Model 3, la puissance de recharge plafonne à 60 kW, mais ça me va. Lorsque j’arrive avec un niveau de 40 % dans la batterie, la durée de connexion est de 30 à 40 minutes ».

Arnault n’estime pourtant pas perdre son temps : « Je finis un travail, écoute de la musique, visionne des vidéos Youtube ou regarde la télé : ça passe super vite. La borne présente deux points de charge CCS. J’y trouve de plus en plus de monde. Un camion benne s’y branche tous les jours. Je ne savais pas qu’un tel modèle existait ».

La hausse de fréquentation ne lui pose pas à ce jour de problème : « Une seule fois, je suis revenu chez moi sans pouvoir me brancher. Sinon, je n’ai jamais de problème d’attente. Il y a aussi une borne AC, hélas souvent en panne. Chez Carrefour, je pourrais bénéficier d’une heure gratuite de recharge, mais le magasin le plus proche est trop éloigné de chez moi, à 25 kilomètres ».

Superchargeurs Tesla

Arnauld exploite aussi les superchargeurs Tesla : « En heure creuse, je paie normalement 0,32 euro le kilowattheure. En ce moment, je bénéficie de kilomètres gratuits pour avoir parrainé l’achat d’une Tesla par mon ex-compagne, pourtant à fond BMW. J’ai aussi décidé mon cousin qui devrait recevoir la sienne le 17 août prochain. Je fais essayer autour de moi ma Model 3. J’aime bien ce partage qui permet de parler avec passion des voitures de la marque ».

Lorsqu’il voyage loin, notre lecteur privilégie les stations du constructeur américain : « Ma Model 3 est une Licorne, avec la batterie 60 kWh mais le moteur de la Performance. Commandée le 1er novembre 2021, je devais la recevoir en février suivant. Elle est finalement arrivée en avance, fin décembre. Mon premier long voyage, c’était pour aller à Londres, en février 2022. J’avais une appréhension au départ, à cause des médias qui disaient que c’est la galère de voyager en électrique. Aucun problème, c’est passé comme une lettre à la Poste ».

Le Francilien a également rejoint Amsterdam avec sa berline américaine branchée : « Comme à Londres, une fois sur place, la voiture ne bouge quasiment plus. On fait tout à pieds ensuite. Aux Pays-Bas, l’utilisation est beaucoup plus chère dans les stations Tesla ». Aux superchargeurs, il apprécie : « Il arrive souvent qu’on se parlent en attendant la fin de la recharge. J’ai ainsi pu faire un tour en Tesla Model S P90D. J’aime cette communauté ».

Une couverture rassurante

A l’heure où des constructeurs ajoutent des planificateurs à leurs voitures électriques, Arnauld commence à les trouver de moins en moins utiles, après 22 000 km en Model 3 : « Sur certains grands axes, quasiment toutes les stations-service comptent une borne de recharge. Ainsi pour descendre dans le sud depuis Paris. A l’approche d’Amsterdam, on trouve de quoi se brancher tous les 3 km. Les planificateurs deviennent alors inutiles et on se déplace comme avec une voiture thermique ».

Notre lecteur, qui n’a jamais rencontré à ce jour un problème bloquant ou majeur pour recharger, a cependant conscience qu’il reste des zones moins bien pourvues. Il a tenté d’autres réseaux, pour découvrir : « J’ai d’abord essayé Electra, que j’avais déjà trouvé cher. Puis Fastned : là ça fonctionne bien, c’est joli, mais c’est encore plus cher. Quant à Ionity, sans abonnement, c’est hors de prix ».

Selon ses calculs : « Les 100 kilomètres me coûtaient 16-17 euros de SP98 avec l’Abarth, contre seulement 6,37 euros avec la Tesla Model 3. L’utilisation que je fais de mes véhicules, c’est 70 % de ville et 10 % sur route. Les 20 % restants, c’est en empruntant les autoroutes hors des jours rouges pour rendre visite à la famille ou lors de mes roadtrips. Je ne veux plus passer des heures dans les bouchons. Du coup j’évite maintenant les locations qui ne me permettraient pas d’avoir cette souplesse ».

Retour d’expérience

Concernant la livraison des voitures chez Tesla, Arnauld a une vision en demi-teinte : « Pour ma Model 3, ça s’est bien passé. J’ai accompagné mon ex-compagne et un copain à Valenton. C’est vrai que le process est un peu particulier. Le bureau est dans un Algeco. On est reçu de façon sympathique, avec un café, mais ça dure trois minutes. Quand on a connu l’accueil BMW, ça choque un peu ».

Des bricoles perfectibles, notre lecteur en trouvent sur sa berline électrique : « L’Autopilot simple est un peu pénible à devoir le remettre quand je change de voie. En raison de son fonctionnement par caméra, l’automatisme des essuie-glaces fait parfois n’importe quoi. Mais les points positifs sont tellement bien qu’on en oublie ce qui n’est pas au top. Globalement, en plus d’un an et demi, j’estime ne pas avoir eu de problème avec cette voiture ».

Il se sent « fan de la Model 3. Je ne regrette pas une seule seconde son achat, tellement elle est agréable à conduire. Ma prochaine sera très certaine une Tesla encore, mais pas un Model Y parce que je préfère les berlines. Ni une Model S Plaid que j’ai essayée avec mon fils. C’est quand même trop et dangereux comme voiture ». Il a deux modèles en tête : « Une Model S plus sage si j’en ai les moyens, ou la prochaine Model 3 Highland. La Performance me fait de l’œil ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Arnauld pour son témoignage, sa sympathie et son excellent accueil.

Avis de l'auteur

Comme Arnauld, je n’ai pas de point de recharge personnel. Sauf à brancher le connecteur sur une prise du salon et à laisser traîner le câble sur le trottoir.

J’utilisais aussi la borne du syndicat de l’énergie de mon département. Avec un prix du kilowattheure qui est passé de 0,22 à 0,49 euro, j’ai également abandonné la borne à 350 m de chez moi. Le bouclier tarifaire qui a fait redescendre l’unité à 0,40 euro n’y changera rien. La chance a voulu qu’un magasin Lidl ouvre à 1,2 km de la maison, avec 3 bornes AC à chacune 2 points de charge, et un chargeur DC avec 2 connecteurs combo CCS. Tout cela à 0,25 euro le kilowattheure.

Pour les syndicats de l’énergie confrontés de plein fouet aux récentes tensions sur les marchés du gaz et de l’électricité, la situation est complexe. Nous avions consacré un article sur le sujet qui explique les raisons qui les ont amenés parfois à pousser très haut le curseur des tarifs. En particulier en raison de contrats souscrits sur de relativement longues périodes.

Là où je ne suis pas d’accord, c’est lorsque l’on veut adoucir l’augmentation du prix de la recharge en assurant que de rouler en électrique restera moins cher qu’en thermique. C’est oublier un peu vite que beaucoup d’automobilistes qui achetaient des voitures d’occasion peu chères sont passés à des électriques neuves. Et là, même avec le bonus gouvernemental, le coût sur le budget des ménages ne rend pas du tout l’électrique plus économique. Du coup une multiplication par 2 et plus du kilowattheure, ce n’est pas anodin et ça fait forcément réfléchir.

Aujourd’hui, heureusement que des électromobilistes sans prises chez eux trouvent des solutions plus douces avec Lidl, les superchargeurs Tesla, Ionity avec certains abonnements constructeurs comme celui de Kia, les stations IECharge, en exploitant la recharge gratuite la première heure dans certains magasins Carrefour et Super/Hyper U, ou grâce aux employeurs qui acceptent de se brancher sur le parking de l’entreprise, etc.

D’ailleurs les schémas directeurs des syndicats de l’énergie comptent beaucoup sur le développement de ces possibilités. Bien sûr, leurs équipes ne sont pas très heureuses de lire que certains abandonnent les infrastructures départementales dont la part d’amortissement par la fréquentation va se réduire. Mais celles qui sont bien emportées par la notion de service aux utilisateurs de VE se réjouissent le plus souvent que des opérateurs privés apportent leur potentiel.