Si des marques perdent encore des sommes colossales avec les électriques, Renault assure que sa future R5 sera profitable, alors qu’elle sera moins chère que la Zoé.

Renault pète la forme. Grâce au traitement de choc administré par Luca de Meo, le groupe français est passé de pertes records à des gains records. 

En 2023, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 52,4 milliards d’euros. Surtout, la marge opérationnelle a atteint 4,1 millards, soit 7,9 % du CA, du jamais vu. En isolant la partie automobile, la marge est de 6,3 %, là aussi un niveau record.

Ces résultats sont notamment le fruit de deux axes importants de la stratégie de Luca de Meo : priorité à la valeur plutôt qu’aux volumes et reconquête du segment C. En clair, Renault vend des véhicules plus grands, plus onéreux, plus rentables. C’est par exemple le cas avec l’Arkana ou l’Austral.

Le plus dur maintenant est de garder cette excellente santé financière avec la montée en puissance des voitures électriques. Celles-ci demandent de lourds investissements, il est donc plus difficile de faire des profits avec elles, d’autant qu’une guerre des prix a été lancée entre les marques.

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Pour mieux isoler les dépenses des électriques, Renault a décidé de créer une division spéciale Ampere, qui rassemble ses activités liées à ces modèles. Dans une interview au Figaro, Luca de Meo indique d’Ampere sera vite à l’équilibre, dès 2025, après avoir « brûlé 1 à 1,5 milliard d’euros de cash en deux ans ».

Pas question de perdre de l’argent avec les électriques. D’ailleurs, Luca de Meo souligne que la R5 sera « une voiture profitable ». Le constructeur a pourtant fait le choix de la construire en France, où le coût de main d’oeuvre est plus élevé, et promet un prix de base à 25.000 €, soit une nette baisse par rapport à la Zoé ! Mais Renault a travaillé dur pour baisser les coûts, notamment en concevant une plate-forme dédiée à l’électrique à partir de celle de la Clio. L’architecture de la batterie sera simplifiée, tout comme celle du moteur. Renault espère faire un carton avec cette R5, qui sera dévoilée le 26 février.

Luca de Meo invite toutefois à « garder la tête froide » avec le marché de l’électrique, soulignant que « le monde est un peu trop impatient » et qu’on a tendance à perdre la vision à long terme. Pour lui, « le marché aura des hauts et des bas, mais on ne reviendra plus en arrière sur la bascule vers l’électrique ».

Autre aspect, il plaide pour une collaboration intelligente avec les acteurs chinois, qui « ont une génération d’avance » en ayant mis en place tout un écosystème dédié à la voiture électrique, du raffinage des matières premières à l’assemblage des autos. Il n’a pas peur de leur concurrence, en indiquant que les acheteurs européens sont attachés à leurs marques.