Les premiers prix annoncés pour la R5 semblent élevés. Renault a-t-il eu la main lourde ? Pas vraiment si on regarde à concurrence équivalente.

Trois mois après sa présentation, la R5 électrique a dévoilé ses premiers prix. Et pour certains (beaucoup ?), c’est la douche froide. Le tarif le moins cher annoncé pour les premières versions disponibles à la commande en 2024 est de 33.490 € ! On commence donc très loin de la voiture électrique à 25.000 €. Il faut toutefois prendre du recul pour comprendre ce tarif d’apparence corsé, mais qui ne l’est pas tant que ça.

À lire aussi Renault 5 électrique : voici les premiers prix !

C’est un modèle haut de gamme

Renault lance sa R5 avec la meilleure fiche technique de la gamme. On a ainsi la grande batterie de 52 kWh. La marque annonce une autonomie mixte WLTP de 410 km, une belle valeur chez les citadines. Le moteur affiche 150 ch. Côté recharge, il y a en série un chargeur 11 kW bidirectionnel. En recharge rapide courant continu, le pic est à 100 kW. La pompe à chaleur est aussi de série.

Cette configuration technique est réservée aux finitions les plus haut de gamme, autre élément qui pèse sur le prix. 33.490 €, c’est donc la version techno, à l’équipement déjà riche. Il y a ainsi l’instrumentation numérique 10 pouces, l’écran tactile 10 pouces avec les services connectés de Google, le chargeur de smartphone par induction, la clim auto, la caméra de recul. Sans oublier la foule d’aides à la conduite désormais imposée par la norme GSR2 en Europe (aide au maintien dans la voie, lecture des panneaux…). De plus, le look est soigné avec les jantes 18 pouces, les optiques LED ou l’indicateur de charge sur le capot.

Les prix de la R5 baisseront plus tard, grâce à une deuxième batterie de 40 kWh, et des blocs moins puissants (95 et 120 ch).

Face à la 208

Pour se rendre compte que la R5 n’est pas si mal placée, on peut voir ce qui se fait avec sa principale concurrente, la 208. Celle-ci commence à 34.100 € dans sa version de base. Avec elle, on a un bloc de 136 ch et une batterie de 50 kWh qui donne une autonomie de 363 km. En série, on a le même pic de charge rapide à 100 kW, mais un chargeur embarqué AC monophasé 7,4 kW. Le 11 kW (unidirectionnel) est à 400 €, la pompe à chaleur à 450 €. C’est de plus une version Active moins bien équipée.

Finalement, pour avoir une 208 à l’autonomie semblable, il faut prendre la plus grosse batterie de 54 kWh (156 ch), associée à la finition haute GT, à la dotation finalement semblable à celle de la R5 techno. Et là, on est à 39.300 € ! La 208 est toutefois plus logeable, la R5 ayant un gabarit moindre qui nuit à son habitabilité.

Face à la Zoé

Pour voir qu’il y a du progrès côté prix, on peut se souvenir de la Zoé. A la fin de sa carrière, la citadine commençait à 35.100 €, avec la même taille de batterie (52 kWh) et une autonomie de 395 km. C’était en finition évolution, à l’équipement déjà correct (clim manuelle, écran 7 pouces), mais moindre que celui de la R5 techno à 33.490 €. Surtout, sur la Zoé, point de recharge DC en série. Pour faire simple, on peut dire que les prix de la R5 s’arrêtent là où commençaient ceux la Zoé, preuve qu’il y a du mieux.

Face aux Mini et Fiat 500

Renault a bien pris conscience du pouvoir d’attraction de la R5, véritable produit coup de coeur. D’où surement l’idée de proposer d’abord les modèles les plus onéreux, qui dégagent davantage de marge, une manière aussi de faire un tri dans les commandes pour éviter l’engorgement.

Ainsi, avant de jouer la carte populaire, la R5 joue l’aspect rétro chic, s’attaquant à la Fiat 500e ou la nouvelle Mini Cooper. Et face à ces voitures, la R5 est fort bien positionnée ! La 500 commence à 30.400 € avec un bloc de 95 ch et une autonomie de 190 km. Pour la version 118 ch avec autonomie de 320 km, on monte à 33.900 €, on est déjà au-dessus de la R5, qui a plus d’autonomie, deux portes en plus, plus d’équipements…

Chez Mini, la nouvelle génération de la Cooper débute à 34.000 €. Pour ce tarif, on a 184 ch (donc de meilleures performances) mais 300 km d’autonomie. Et si le style Mini est toujours sympa, on se contente à ce prix de la présentation basique (jantes 16 pouces). La version à grande autonomie de 400 km commence à 38.000 € (avec 218 ch). Souci de la Mini : elle est privée de bonus, ce qui creuse davantage l’écart en faveur de la R5.

Une erreur de communication ?

Les premiers prix officiels de la R5 semblent corsés. Mais on l’a vu, comparée à la concurrence, la voiture est bien placée, en étant finalement moins onéreuse avec de meilleures prestations. Sans compter que c’est une voiture made in France, au look et à la présentation soignée.

Un aspect qui explique au passage pourquoi la comparaison est pour le moment difficile avec la nouvelle Citroën C3 électrique, au positionnement essentiel, façon Dacia, assumé. Pour rappel, une ë-C3 coûte 27.800 € en finition haute Max avec 113 ch et 320 km d’autonomie.

À lire aussi Essai Vidéo – Citroën ë-C3 2024 : adieu la Dacia Spring !

En prenant en compte le marché actuel de la citadine électrique, la R5 n’est donc pas trop chère. Renault fait un pas vers la démocratisation de l’électrique (en gros, par rapport à une Zoé à équipement équivalent, le prix baisse d’environ 5.000 €), mais il est vrai que l’on pouvait espérer mieux.

Grâce au bonus, la voiture commence à 29.490 €. Or, une Clio hybride de 145 ch coûte 25.400 € en variante techno (la R5 étant toutefois mieux dotée, avec par exemple l’Open R Link). On est encore loin de la parité, même avec le bonus.

Renault a fait aussi une erreur en ne donnant pas une grille de prix plus complète intégrant les variantes plus accessibles, que ce soit avec la batterie de 40 kWh (qui donnera une autonomie de 300 km environ) et les finitions d’accès (il y aura en dessous de la techno les five et evolution).

S’il a renouvelé la promesse d’une R5 de base à 25.000 € en 2025, en communiquant du départ les prix de variantes moins onéreuses, Renault aurait pu éviter de donner cette impression que la R5 est bien plus chère que prévu.