La marque transalpine entend retrouver nos rues grâce à cette nouvelle Ypsilon, sa première citadine électrique.

Cette fois, c’est pour de bon. Ce 14 février 2024 marque les débuts de Lancia version 2.0 avec la présentation officielle de la nouvelle Ypsilon. Cette citadine électrique sera le premier modèle de cette marque centenaire, aujourd’hui relancée par le géant Stellantis (voir plus loin). 

Pour redonner de l’élan à Lancia, le groupe a choisi de proposer une citadine polyvalente orientée chic et confort. L’Ypsilon mesure 2,5 cm de plus qu’une Peugeot e-208.

Dimensions de la Lancia Ypsilon électrique : 

  • Longueur : 4,08 m
  • Largeur : 1,76 m
  • Hauteur : 1,44 m

La silhouette générale est contrainte par la plateforme CMP du tentaculaire groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, Jeep, etc.). Logiquement, les proportions rappellent les Peugeot e-208 et Opel Corsa-e. Des éléments de style judicieux distinguent l’Italienne, dessinée sous la houlette des Français Jean-Pierre Ploué (auteur de la Renault Twingo 1) et Frédéric Duvernier.

Nous griffonnerons sur notre carnet la calandre aveugle découpée par trois rayons de leds, les feux arrière ronds, la queue de canard évoquant la Stratos… Comme la mode le dicte souvent de nos jours, les projecteurs sont situés sous la ligne de capot.

Contrairement à DS, l’Ypsilon se passe de chrome ou d’effets de tôle anguleux. L’élégante teinte bleue et les inserts noirs animent la carrosserie, tandis que la nouvelle typographie « Lancia » instruit les piétons sur la proue comme sur la poupe. 

La première version commercialisée d’ici quelques mois sera une série limitée nommée « Cassina », réalisée en collaboration avec ce prestigieux fabricant de meubles transalpin. C’est en effet dans l’univers du design et de l’architecture d’intérieur que les géniteurs de l’Ypsilon ont puisé leur inspiration.  

Architecture d’intérieur

Les précédentes Y et Ypsilon se différenciaient par leur combiné d’instrumentation central. Rien de tel ici : on utilise le désormais classique combiné à double écran paramétrable. Les deux unités mesurent ici 10,25 pouces. Apple Car Play et Android Auto sont au menu.

 

La console centrale est en revanche surplombée par une sorte de plateau circulaire nommé tavolino (« petite table »). Habillé de cuir et de plastique nervuré, il est idéalement placé sous l’écran d’infodivertissement pour servir de support à un smartphone. L’habitacle est complété par 3 ports USB-C. Et je suis sûr que vous avez déjà vu quelque part le sélecteur de rapport ou de modes de conduite… 

Les accueillantes assises sont couvertes d’un velours nervuré digne d’un concept car des années 1970. Dans notre esprit, c’est positif ! La même étoffe recyclée et recyclable habille les contre-portes, tranchée par des lignes horizontales. La version Cassina est dotée de sièges réglables électriquement, chauffants et massants.  

Au fait, c’est quoi Cassina ?

Fondé dans les années 1920, ce fabricant de meubles de luxe fût l’un des fers de lance de l’âge d’or du design italien après-guerre. Avec des maisons comme Flos, Olivetti, Alessi ou Zanussi, elle figure au palmarès du Compasso d’oro, plus prestigieuse récompense en la matière. Parmi les objets cultes : l’élancée chaise 646 Leggera signée Gio Ponti, l’intemporel fauteuil Ciprea ou le douillet Wink…

Lancia promet par ailleurs « un grand confort acoustique ». La Fiat 600e, bâtie sur la même plateforme, nous avait convaincu sur ce point. 

Ceci est une traction, le couple est donc renvoyé sur les roues avant. Un choix qui ne permet donc pas de disposer d’un coffre antérieur. Lancia ne nous a pas encore communiqué la capacité de la soute, mais elle devrait voisiner avec celle de la Peugeot e-208 (311 litres). 

Une chaîne de puissance bien connue

La lecture de la fiche technique n’offre aucune surprise : Stellantis reprend la chaîne de puissance des Peugeot e-208, Jeep Avenger et autres Fiat 600e. Elle est ainsi composée :  

Moteur : 

  • Machine synchrone à aimants permanents
  • Puissance : 125 kW, soit 156 ch
  • Couple : 260 Nm

Batterie : 

  • Composition : li-ion (nickel-manganèse-cobalt)
  • Capacité : 51 kWh 

Lors de son supertest au volant du Jeep Avenger, mon confrère Soufyane Benhammouda avait constaté les progrès effectués par la machine E-Motors sur la consommation électrique à basse vitesse. Notre essayeur de choc était passé sous la barre des 13 kWh/100 km en cycle mixte avec un coefficient de trainée plus défavorable de petit SUV. Ceci sera bien évidemment à vérifier lors des essais. 

Sur l’Ypsilon, la batterie de 51 kWh permet d’offrir 403 km d’autonomie théorique (cycle WLTP). Comptez 300 dans la vraie vie en usage mixte. 

  • Consommation mixte WLTP : 14,3 à 14,6 kWh/100 km

Si l’on ne dispose pas encore de tous les chiffres, la recharge en courant continu est annoncée en 24 minutes (20 à 80 %). Au-delà de cette barre, les batteries montées par Stellantis freinent habituellement des quatre fers.

Lancia, marque (presque) oubliée

Aurelia, Fulvia, Stratos, Beta, Delta, 037 ou Y. Voici quelques-uns des greatest hits de la maison turinoise. Fondée dès 1906, elle passa sous le contrôle de Fiat en 1969. Sous l’ère Sergio Marchionne (2004-2018), la firme engendrée par Vincenzo Lancia n’était plus une priorité du groupe transalpin. Les immatriculations dégringolèrent ainsi de 145 000 en 1998 à 40 000 aujourd’hui. Les produits furent même couplés avec Chrysler, après l’alliance avec l’homme malade de l’automobile américaine. Seul lancement populaire : la deuxième génération de l’Ypsilon en 2011. Marchionne et son célèbre pull-over avaient même annoncé la mort du label. Depuis 2017, Lancia se cantonnait ainsi à l’Italie et à son unique modèle, écoulant tranquillement une voiture ultra-rentabilisée. La valeureuse Ypsilon est encore bien présente dans les rues de Rome, Bologne ou Milan. En 2023, elle figurait au deuxième rang des citadines les plus vendues dans la Péninsule derrière la Dacia Sandero. Son principal argument est son prix (15 000 euros en entrée de gamme) et sa motorisation GPL très appréciée sur ce marché. Annoncée peu après la fusion entre PSA Peugeot Citroën et Fiat-Chrysler Automobiles, la relance de Lancia s’incarnera avec cette Ypsilon, un futur SUV-B (Gamma ?) et une compacte nommée Delta.

Des prix premium…

Les tarifs n’ont pas encore été communiqués par la casa. On peut s’attendre à ce que cette première version « prestige » soit coûteuse, sans doute au-delà des 40 000 euros hors bonus. A terme, l’entrée de gamme électrique devrait naviguer dans les mêmes eaux que la Peugeot e-208, c’est-à-dire autour de 35 000 euros. 

Par ailleurs, Lancia ajoutera au catalogue une version thermique de 100 ch, avec une micro-hybridation.

Le groupe Stellantis et son patron Carlos Tavares sont actuellement engagés dans une dispute avec le gouvernement nationaliste mené par Giorgia Meloni. Et la relance de Lancia ne fera pas office de rameau d’olivier. 

L’Ypsilon sera en effet prochainement assemblée à Saragosse, en Espagne, auprès de l’Opel Corsa-e. Le site historique de Lancia, à Chivasso, près de Turin, a été reconverti il y a bien des années. Le made in Italy a ses limites.  

À lire aussi Le Jamais Content – Faut-il vraiment relancer Lancia ?