Tesla est l’un des plus grands constructeurs de voitures électriques au monde. Née il y a seulement 2 décennies, la firme est parvenue à s’imposer dans l’univers impitoyable de l’industrie automobile. Elle l’a aussi bousculé en proposant des véhicules aux performances et technologies uniques. Mais comment Tesla a su devenir populaire ?

Du Roadster ultraconfidentiel à la populaire Model 3

Fondée en 2003 à San Carlos en Californie, Tesla revendique dès sa création l’ambition de faire émerger une industrie de l’automobile 100 % électrique. Elle commercialise le Roadster, son premier modèle, en 2008. Les ventes de la sportive sont confidentielles. Vendue aux alentours de 100 000 $ (environ 80 000 € au taux de change de l’époque), elle s’est écoulée à seulement 2 680 exemplaires.

Si le Roadster s’est peu répandu, il permet au constructeur d’exposer sa capacité à produire des véhicules électriques performants. Une démonstration convaincante, traduite par le succès du second modèle : la Model S, lancée immédiatement après l’arrêt du Roadster en 2012. La berline reçoit des éloges massifs de la presse et de ses premiers utilisateurs. Elle est complétée par un gros SUV dès 2017, le Model X. À ce jour, plus de 520 000 exemplaires des deux véhicules ont été vendus.

Un succès fulgurant

L’histoire de Tesla prend un tournant majeur au lancement de la Model 3, une berline plus compacte et nettement moins chère que ses aînées. Démarrant à 35 000 $ (31 800 €) aux États-Unis et autour de 45 000 € en Europe, le véhicule connaît un succès planétaire, si bien que le constructeur rencontre des difficultés à honorer la demande.

Tesla parvient toutefois à augmenter ses scores de vente de façon vertigineuse d’année en année. En 2021, il a écoulé 936 172 véhicules tous modèles confondus, soit 87 % de plus qu’en 2020 (499 550 unités). Au total, plus de 2,3 millions de Tesla ont été mises en circulation sur la planète (sans compter celles expédiées dans l’espace…).

Des clients aisés et plus branchés

Qu’est-ce qui peut expliquer cette ruée mondiale vers les Tesla ? Si l’essentiel des ventes concerne les plus abordables Model 3 et Y (son équivalent SUV), les coûteuses Model S et Y connaissent également un succès notable. Le tarif des véhicules, toujours loin d’être accessible à toutes les populations, n’est donc pas le principal motif.

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La marque Tesla attire surtout pour les performances et technologies offertes par ses véhicules. Elle séduit ainsi la classe moyenne supérieure des pays développés et celle grandissante des pays émergents comme la Chine. En France, 31 % des immatriculations de Tesla se font en Île-de-France (essentiellement Paris et Yvelines), trahissant une clientèle assez aisée.

L’attrait du nec plus ultra

Le constructeur capte des acheteurs plus jeunes (44,7 ans en moyenne dans l’hexagone contre environ 60 ans pour les autres), généralement adeptes d’innovations et nouvelles technologies. Pour cela, Tesla semble les ravir. Avec son « Autopilot », il propose par exemple le système d’assistance à la conduite le plus évolué actuellement sur le marché. Les modèles sont tous équipés de fonctionnalités numériques très abouties (contrôle du véhicule à distance, grand écran de bord connecté, mises à jour over-the-air…).

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La firme est aussi celle qui a lancé le premier véhicule électrique à grande autonomie. Lorsque la Model S est apparue en 2012, l’offre zéro-émission n’était composée que de quelques citadines dépassant péniblement les 100 km d’autonomie. La berline américaine s’en distinguait nettement, avec ses 225 à 426 km d’autonomie selon la version. Ce modèle a littéralement permis de briser la plupart des préjugés sur l’autonomie et des véhicules électriques.

Le réseau de superchargeurs, un atout considérable

Car, au-delà de son endurance élevée, la Model S offrait également des performances musclées. Embarquant un ou deux moteurs totalisant de 300 à 420 ch pour 430 à 600 Nm de couple, les premières Model S abattaient le 0 à 100 km/h en 4 à 6 secondes. Du jamais vu sur une voiture 100 % électrique. Elles pouvaient également recharger 80 % de leur batterie en environ 40 minutes, un exploit à l’époque.

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Si Tesla a perdu le monopole des performances et de l’endurance avec la ruée des constructeurs traditionnels sur l’électrique, la marque bénéficie toujours de cette image très avant-gardiste. Elle reste invaincue sur ses technologies de recharge et notamment son réseau de superchargeurs. Déployées il y a dix ans, dès la sortie de la Model S, les bornes ultrarapides Tesla sont désormais mondialement répandues. De seulement 63 stations en 2013, la marque en compte plus de 3 200 actuellement.

Le réseau de superchargeurs présente des avantages inédits  : outre des puissances de recharge très élevées, il permet de lancer une session sans nécessiter d’authentification manuelle. Aucun badge, carte bancaire, application smartphone ni même de bouton à presser, la borne reconnaissant automatiquement le véhicule et le moyen de paiement qui y est rattaché lors du branchement.

Elon Musk, patron et égérie de la marque

L’image high-tech, avant-gardiste et innovante de Tesla trouve également son origine dans la personnalité d’Elon Musk, son truculent patron. L’homme d’affaires n’a pas fondé l’entreprise, mais l’a développée peu après sa création en y injectant plusieurs millions de dollars.

Son impressionnante réussite dans les domaines du numérique et de la haute technologie (PayPal, SpaceX, Starlink, outre Tesla) donne beaucoup de crédibilité à la marque. Elon Musk est une mascotte indissociable de l’identité Tesla, ce qui n’est absolument pas le cas des dirigeants d’autres constructeurs automobiles.

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Rien n’est jamais acquis

Les nombreux revirements de Tesla en matière de tarifs et délais de livraison représentent toutefois un point faible pour la marque. Le prix des véhicules peut en effet varier sensiblement sur de très courtes périodes, laissant les futurs clients dans l’instabilité. De nombreux propriétaires rapportent aussi des problèmes de finition, parfois majeurs, sur leurs véhicules. Enfin, certains voient leur date de livraison constamment repoussée sur plusieurs mois, voire plus d’une année dans certains cas.

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Si Tesla bénéficie toujours d’une image novatrice, rien ne garantit qu’elle la conservera indéfiniment. Son système d’Autopilot connaît par exemple un certain essoufflement face aux problèmes de sécurité relevés au gré des mises à jour. Les constructeurs historiques, dont certains l’égalent déjà sur le plan technique, pourraient proposer des technologies surpassant celles de Tesla dans les prochaines années.

La question du jour, qu’est-ce que c’est ?

Format à vocation pédagogique, la « question du jour » répond aux principales interrogations des néophytes autour de la voiture électrique et de son écosystème.

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