En petite récréation, les participants au Vendée énergie Tour 2 022 pouvaient s’affronter pendant une dizaine de minutes sur la piste de karting indoor ouverte depuis juin 2021 sur le site des circuits de Fontenay-le-Comte. Avec un total de 500 kW de puissance installée, 3 rangées d’ombrières solaires permettent d’abriter les véhicules des visiteurs et d’alimenter le vaste site.
Enfin ouvert
En raison de la crise sanitaire de la Covid-19, la mise en service du karting indoor de Fontenay-le-Comte a été reportée par 2 fois, pour au final accueillir le public avec quasiment un an de retard. La piste qui serpente sur l’asphalte dans une boucle torturée de 350 m est logée au cœur d’un complexe de 4 500 m2. En règle générale, 10 pilotes – enfants ou adultes – peuvent s’affronter pendant 10 minutes.
Les engins ont été conçus et assemblés sur place par la société d’économie mixte Circuits de Vendée Technologie. Installée à quelques pas, cette dernière représente la filière industrielle du pôle d’innovation automobile du Sud Vendée.
Avant de prendre place à bord, les groupes reçoivent quelques indications pour bien exploiter les bolides électriques, et notamment prendre place sur le siège sans abîmer le châssis réalisé en bois et acier.
Récupérer une batterie
Pour pouvoir grimper dans les karts, les pilotes doivent se soumettre à un petit rituel préalable qui comprend pour la sécurité l’enfilage d’un casque, mais aussi l’ajout de la batterie à l’avant de l’engin. Ce n’est pas difficile : il suffit de loger le pack amovible en suivant le sens des flèches, puis de baisser le capot jusqu’à son verrouillage.
Avec des accumulateurs en surnombre, les bolides ne sont pas immobilisés par les besoins en recharge. Lorsque tous les pilotes sont installés en respectant les numéros personnellement attribués, ils peuvent ajuster la hauteur du volant grâce à 2 palettes. À droite l’accélérateur, à gauche les freins : le pédalier est lui aussi réglable.
Au signal, les participants peuvent démarrer leur kart en appuyant sur le bouton bleu. Ils s’élancent ensuite en respectant l’ordre dicté par le responsable de piste. Le petit véhicule paraît bien timide sur les premiers mètres. Puis un coup de fouet se fait sentir. Il reste maintenant à apprivoiser la bête.
Ne pas lâcher l’accélérateur
Pour obtenir les meilleures performances, relâcher l’accélérateur et freiner avant chaque virage n’est pas la bonne méthode. Le kart ressort de ce scénario avec une grande mollesse. Les autres concurrents vous passent alors sous le nez. L’engin se comporte bien mieux en freinant tout en continuant à accélérer.
Il se colle véritablement à l’asphalte. Réaliser un tête-à-queue reste possible, mais cette figure n’arrive qu’en exagérant lourdement la vitesse dans les courbes. Le redémarrage se montre à nouveau mou. Ce n’est pas ce que l’on attend d’un modèle électrique qui devrait au contraire repartir à fond immédiatement.
Toute erreur de conduite est donc sanctionnée d’une double peine : le temps perdu par maladresse auquel s’ajoute celui pris par une relance apathique. Il faut donc éviter impérativement les erreurs de conduite. Sans doute des pilotes ressentent-ils de la frustration à tomber dans une telle situation.
Plus convivial
Le silence du moteur électrique laisse la place à d’autres bruits que l’on ne perçoit pas forcément, ou pas de la même manière avec un kart thermique. Ainsi les cris des concurrents, le crissement des pneus, et les chocs entre bolides ou avec les balises en plastique. Il en ressort une plus grande convivialité, dans une atmosphère plus respirable qui ne vous obligera pas à prendre une douche ni à vous changer avant de poursuivre par une sortie restaurant, par exemple.
Au bout de 10 minutes, les bolides perdent tous leur vitalité d’un coup, ensemble. Il ne reste plus qu’à se diriger vers la sortie. Chacun descend de son kart, retire la batterie, et la met en charge dans l’un des casiers dédiés. Ceux qui espèrent avoir réalisé de très bonnes performances observent le panneau lumineux d’affichage. L’un de nous a tourné avec une vitesse moyenne légèrement supérieure à 35 km/h. Chapeau !
C’est sportif et ça plaît à tous, adultes comme enfants, femmes comme hommes. Si j’ai également apprécié la motorisation électrique, il m’a manqué la part de glisse que l’on peut avoir sur des pistes en béton cirée, avec des karts prévus pour cela. Ce n’est bien sûr qu’une question de goût personnel.
16 karts construits
Après la course, nous avons rencontré Guillaume Guillet, directeur technique pour les circuits de Vendée. Il nous a apporté quelques éclaircissements sur ces kartings électriques et le site lui-même : « Le projet de karting électrique indoor remonte à l’été 2017. Une consultation a été lancée l’année suivante avec l’objectif d’ouvrir en 2020 après 18 mois de construction. L’inauguration a finalement eu lieu en 2021 ».
Au final, 16 karts ont été construits sur place : « Nous les faisons habituellement rouler par 10, parfois par 12, selon les pilotes et les événements. Avoir un parc en surnombre nous permet d’assurer des rotations pour la maintenance, sans arrêter l’exploitation ». Après l’essai de ces karts vendéens, l’on ne peut qu’espérer une production pour d’autres circuits.
Ce n’est cependant pas à l’ordre du jour aujourd’hui : « Nous avons construit ces exemplaires de façon artisanale, en nous entourant de prestataires et partenaires mécaniciens. Si nous devions développer cette activité, il nous faudrait constituer une équipe de commerciaux, une pour le SAV et organiser une ligne d’assemblage ».
Réglementation à suivre
Pour lancer une activité de karting, il y a toute une réglementation à suivre. Déjà pour les karts « qui doivent être en mesure d’absorber les chocs et empêcher que les roues se touchent ». C’est le rôle de cette bande noire qui entoure chacun des bolides, mais aussi des blocs en plastique qui dessinent le tracé de la piste.
Les textes officiels s’occupent également des circuits : « Notre piste est homologuée pour fonctionner dans les 2 sens. Ce qui nous permet de changer un peu les habitudes. Une homologation est accordée pour 4 ans par la FFSA (Fédération française du sport automobile) ».
Guillaume Guillet précise encore : « Des exigences sont formulées concernant la mousse sur les poteaux, le tracé, la quantité des blocs en plastique, les télécommandes qui gèrent les karts. En plus des engins, les équipements de sécurité pèsent 150 000 euros pour un circuit comme le nôtre ».
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À Fontenay-le-Comte, le karting indoor est ouvert aux enfants (à partir de 7 ans et 1,25 m au minimum ; 16 euros par session de 10 minutes) et aux adultes (14 ans/1,40 m/19 euros). Il existe cependant quelques conditions : « Dans une même session, nous ne mélangeons pas les enfants et les adultes. La réglementation impose de limiter la vitesse des karts à 70 km/h pour ces derniers. Chez nous, elle est même descendue à 50 km/h, et d’à peu près la moitié pour les enfants ».
Petite précision du directeur technique : « Selon la réglementation, la vitesse des karts indoor pour adultes reçoit la même limite que les karts enfants en extérieur. En termes de puissance, ça donne 6,6 kW (9 ch) sur notre piste pour les adultes, contre 3,5 kW (4,75 ch) pour les enfants ».
Et pour les batteries ? « Les packs sont composés de cellules lithium-ion de type 18650 assemblées à Montpellier. Sous 48 V, leur capacité énergétique est de 1,5 kWh. Pour les préserver, nous ne les déchargeons ni ne les rechargeons complètement, sauf pour les cycler.
Il n’y a pas de régénération sur nos karts, car l’alternance des accélérations et décélérations serait alors trop violente, avec une élévation de la température au niveau des cellules, mais aussi du moteur », détaille-t-il.
Logiciel de pilotage
Développé à l’origine pour le karting, un logiciel gère l’activité de l’établissement indoor de Fontenay-le-Comte. « Il peut même s’occuper des bowlings et des salles de billard désormais. Chez nous, son action commence à la caisse où chaque client s’identifie avec sa date de naissance. Cette opération permet de distinguer les enfants des adultes et donc d’adapter la vitesse maximale en fonction du public », développe Guillaume Guillet.
« Chaque client reçoit un numéro de kart qu’il doit respecter, car l’affichage des performances sur le tableau en dépend. Nous avons aussi des télécommandes pour intervenir sur les bolides. En cas de faute, nous avons fait le choix de réduire le couple pendant quelques secondes, ce qui permet aux autres de dépasser », poursuit-il.
« Du fait de l’absence d’odeur et de bruit, les karts électriques apportent un grand confort sensoriel qui nous a amené un public féminin. Nos clients apprécient aussi que de temps à autre des pilotes de F3 allemands, italiens et espagnols viennent se mêler à eux », se réjouit-il.
Électriques et solaires
Depuis 3 ans, la société d’économie mixte Vendée énergie se mobilise sur l’équipement en panneaux photovoltaïques des parkings en place, en construction ou à venir d’au moins 2 500 m2. Ainsi, sur le côté du bâtiment qui abrite le karting indoor, sont alignées 3 rangées d’ombrières solaires.
« L’installation complète offre une puissance de 500 kW. L’électricité est injectée sur le réseau. Mais les électrons vont au plus court. Ce qui permet d’affirmer que les batteries des karts sont rechargées avec ces ombrières », assure Olivier Loizeau, directeur général de Vendée énergie.
« Nous aimerions cependant pouvoir vendre en direct l’énergie, par exemple au circuit. L’inclinaison des panneaux fixes a été étudiée au mieux en fonction de différents paramètres, dont les besoins des industries environnantes et la proximité des 3 rangées d’ombrières. Plus ils sont à plat, plus on peut rapprocher les travées », soutient-il.
« L’installation est encore récente, mais nous avons produit cet été plus que ce que tout le site des circuits de Fontenay-le-Comte consomme en électricité. Nous espérons que ce sera le cas sur toute l’année », abonde et conclut Guillaume Guillet.
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J’ai dû faire du kart électrique il y a une dizaine d’années, plusieurs fois.
J’ai eu un kart thermique 100cc, 25ch.
Kart élec en intérieur je trouvais çà un peu coincé en 4 murs, entre les blocs plastiques, environnement très béton, pas de lumière du jour. La puissance réelle entre chaque kart était différente, assez frustrant pour un pilote qui en a pioché un lent. La limitation de puissance était très efficace, plus besoin de drapeau rouge ou jaune.
Bref, très commercial comme concept. Bon pour aller se défouler comme tous les complexes sport & bar & resto.
Que l’électricité proviennent de PV cela ne change pas grand chose pour moi. La nuit tombée les PV ne produisent plus rien. Ce genre de complexe çà tourne beaucoup soirs et week-end.
Le kart thermique c’était un autre concept, du sport auto, un peu de bruit, des odeurs, des circuits plus longs, en extérieur, de la lumière du jour, de la pelouse lors des sorties, de l’humidité parfois, du temps pour faire chauffer le moteur, les pneus, des choix de pressions, des réglages, des difficultés à démarrer le moteur à la poussette, des freins qui chauffent, etc…
C’était… autre chose…
A côté de çà le kart élec dans des petites salles parait aseptisé. C’est un autre public.
Finalement les différences d’esprit les rendent assez peu comparables.
« Ce qui permet d’affirmer que les batteries des karts sont rechargées avec ces ombrières »
Et quand il n’y a pas de soleil ?
Oui, c’est sympa les kart électriques. Ceci dit, ce n’est pas une nouveauté. J’en ai déjà vu (des karts électriques, avec commande à distance pour les arrêter simultanément ou changer leurs caractéristiques couple/puissance/Vmax ) il y a une 15aine d’années en Angleterre!
Super concept. On n’a au final cependant pas l’explication de pourquoi le couple est si faiblard ? Une question de rapport poids/puissance (on ne connait pas le poids non plus) ou intentionnel de la part des concepteurs pour éviter les incidents ? Quelles parties du chassis sont en bois ?
A Cernay se trouve également un complexe avec un karting électrique. Pas de batterie à trimbaler pour le participant, la connectique est suspendue au dessus des stands et les engins rechargés entre 2 sessions. Fonctionnalité intéressante : un KERS activable 10s/tour qui débride le kart. J’ai pas mémoire de reprises molles, mais je me suis dit que c’était au final comme les thermiques : pas exceptionnels au démarrage, mais réactifs une fois lancés. Et bien entendu, une sensation nouvelle avec l’absence de bruit.
Génial ça!
Combien pèse un kart avec son conducteur adulte? 200kg? Un dixième d’une automobile, en gros. Donc les émissions de particules d’abrasion doivent être du même ordre. Sans doute un peu plus que le dixième en raison de la conduite forcément « sportive » du kart.
Le indoor existe déjà avec des karts thermiques … là c’est quand même « moins pire ».
Bonne idée. Mais a-t-on ou va-t-on mesurer les poussières de freinage et pneus (particules fines) en intérieur?