Photographie : Denny Müller / Unsplash

Le collectif français baptisé les « dégonfleurs de pneus » se donne pour mission de lutter contre le réchauffement climatique en dégonflant les pneus des SUV qui stationnent dans les grandes villes de France.

L’objectif des membres du collectif des dégonfleurs des pneus est simple : « faire la guerre à ceux qui n’en ont rien à foutre du climat ». Tel est le mantra qui pousse ces militants écologistes à s’attaquer aux pneus des SUV. Deux jeunes femmes ont récemment témoigné pour raconter leur combat.

Le collectif français des dégonfleurs de pneus

Discrètement, les deux activistes sillonnent les rues parisiennes. Habituellement, en une seule nuit, elles parviennent à dégonfler les pneus d’une dizaine de SUV. Pour elles, ces voitures sont « signe de vanité ». Des véhicules extrêmement « polluants, sans utilité à Paris, où les transports en commun abondent ». 

Sur chaque SUV dégonflé, les militantes placent un tract sur lequel on peut lire ceci : « Attention ! Votre SUV tue. Nous avons dégonflé un ou plusieurs de vos pneus ». C’est un moyen d’éviter un éventuel accident. Car, en effet, d’un point de vue technique, il peut s’avérer très dangereux de rouler avec un véhicule dont les pneus sont à plat.

En moins d’un an, les deux activistes parisiennes assurent avoir dégonflé les pneus d’au moins 150 véhicules. Elles assument et disent même que ce qu’elles font est « une déclaration de guerre ». Le collectif des dégonfleurs de pneus s’inscrit dans le mouvement mondial des « Tyre extinguishers ».

Faut-il craindre pour les SUV électriques ?

Ce mouvement écologiste britannique revendique 120 groupes dans 18 pays différents et se targue d’avoir déjà immobilisé plus de 12 000 véhicules en à peine un an. La prochaine action aura lieu le 19 juin 2023. L’action de ces militants n’est pas toujours très bien perçue. Lors d’une nuit d’action en 2022, des SUV classés Crit’Air 1 ont été dégonflés.

Pour rappel, le certificat Crit’Air permet de classer les véhicules en fonction de leurs émissions polluantes. Le Crit’Air 1 est le meilleur niveau avant la vignette 0, réservée aux 100% électriques. Concrètement, un SUV en Crit’Air 1 est moins polluant qu’une petite citadine âgée d’une dizaine d’années. De quoi agacer certains propriétaires qui font justement l’effort d’acheter un véhicule moins polluant.

Un débat que connaît bien Pierre Chasseray, délégué général de l’association française « 40 millions d’automobilistes ». Il parle d’une « inquisition écologique » et dénonce un manque d’honnêteté et la manipulation des chiffres. Selon lui, les SUV ont remplacé les monospaces, des véhicules « plus grands et bien plus polluants ». Les voitures électriques semblent néanmoins épargnées. Pour le moment, aucun dégonflage de pneus n’a été constaté sur un véhicule propre.

Récemment, d’autres actions ont aussi été menées à Copenhague, Bristol, Berlin, ou encore à Barcelone. Selon les membres fondateurs du Tyre extinguishers, « nous sommes à un stade de la crise climatique où des millions de personnes sont condamnées à mort. Nous ne serons pas satisfaits tant qu’il sera possible de posséder un SUV en zone urbaine et tant que ces voitures ne seront pas toutes à la casse ».

Avis de l'auteur

Au cours de la dernière décennie, les SUV représentaient la deuxième cause d’augmentation mondiale des émissions de dioxyde de carbone. Plus que le transport maritime, l’aviation, l’industrie lourde et les camions. Ce qui m’alerte le plus, c’est certainement le fait que les efforts réalisés par les personnes qui achètent des voitures électriques perdent en intensité à cause du nombre croissant de SUV thermiques sur nos routes. Les mouvements écologistes comme celui des dégonfleurs de pneus peuvent avoir un impact sur la décision des acheteurs et en cela, je trouve que c’est positif. Certains membres du mouvement affirment avoir déjà reçu des messages d’automobilistes dont les pneus ont été dégonflés, et qui souhaitent changer de voiture. Malgré tout, il faut rappeler que ces actes sont interdits par la loi. En effet, dégonfler les pneus de la voiture d’un tiers est considéré en France comme dégradation de bien appartenant à autrui.