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Le président des États-Unis n’a jamais caché son désamour pour la voiture électrique. Cinq mois après sa prise de poste, Donald Trump tente de changer les règles du jeu aux États-Unis. Il vient de signer une résolution qui annule la réglementation dérogatoire permettant à la Californie et une dizaine d’autres États de fixer des normes environnementales plus exigeantes que le reste du pays.
Le 12 juin 2025, Donald Trump a signé une résolution qui remet en cause un pilier de la politique environnementale américaine. La possibilité, accordée depuis 1970 via le Clean Air Act, d’imposer des normes de qualité de l’air plus strictes que celles de l’État fédéral. Cette dérogation permettait à des États progressistes de mener une politique ambitieuse contre les émissions de gaz à effet de serre. Pour Donald Trump, ces normes équivalent à une forme de « dictature verte » menée par des « gauchistes californiens ».
En plus de l’État de l’Ouest, une dizaine d’autres États américains (quasiment tous démocrates), représentant ensemble près de 40 % du marché automobile national, sont alignés sur ces standards. La mise à mort de ce cadre réglementaire entraînerait de facto une uniformisation à la baisse des exigences environnementales. Sans surprise, Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie et rival n°1 de Trump, a annoncé vouloir contester cette décision en justice. Il dénonce une régression climatique majeure.
À lire aussiDerrière ce bras de fer juridique se cache un positionnement idéologique assumé. Donald Trump ne croit pas aux vertus de la voiture électrique. Hostile à toute mesure favorisant la transition énergétique, il cherche à démanteler les avancées de l’administration Biden. Dès son retour à la Maison-Blanche, il a gelé les financements destinés à l’installation de bornes de recharge, supprimé les objectifs de vente de véhicules électriques fixés à 50 % d’ici 2030 et promis d’abroger le crédit d’impôt pour l’achat des véhicules électriques.
Cette offensive s’inscrit au passage dans une stratégie plus large de remise en cause des politiques climatiques dans le pays. La fin annoncée des aides en faveur du système « Start and Stop » sur les voitures neuves, promue dans le passé pour réduire la consommation et les émissions de CO2 en ville, en est un autre exemple révélateur.
Si Donald Trump s’en prend à la voiture électrique, ce n’est pas pour embêter Elon Musk ou simplement parce qu’il aime l’odeur du gasoil. Non, selon lui, la watture menace l’industrie automobile américaine telle qu’il la conçoit. Pour le président des États-Unis, une voiture doit être « thermique, puissante et fabriquée à Détroit ». Un discours qui s’adresse d’abord à une base électorale sensible aux symboles industriels traditionnels et rétive aux mutations technologiques portées par les États « dorés », comme la Californie.
En se présentant comme le sauveur d’un secteur « pris en otage » par les régulateurs de l’Ouest, Trump cherche à rallier les syndicats et les ouvriers du secteur automobile. Il embarque même certains distributeurs qui redoutent une trop grande dépendance aux batteries chinoises et qui critiquent les avancées trop balbutiantes dans le domaine de l’électrique.
Mais cette ligne dure contre la voiture électrique pourrait bien déstabiliser l’industrie plutôt que la protéger. Ford, General Motors et Stellantis, les trois grands groupes américains, ont déjà engagé plusieurs dizaines de milliards de dollars pour électrifier leurs gammes. Ce revirement brutal du pouvoir fédéral crée une incertitude stratégique pour les Big Three de Détroit.
Si les soutiens publics s’effondrent, si les normes deviennent moins ambitieuses, le risque est grand pour les constructeurs américains. Leur compétitivité face aux marques étrangères, notamment chinoises, pourraient en prendre en coup.
La croisade anti-électrique de Trump réactive une nostalgie bien américaine : celle des grosses cylindrées gourmandes en carburant, des pick-ups et des muscle-cars. En tournant le dos aux contraintes environnementales, les États-Unis prennent le risque d’un isolement sur la scène mondiale. Et cela alors même que l’Europe, la Chine et de nombreux pays émergents accélèrent leur transition énergétique. Une politique fédérale tournée vers le thermique envoie un signal inverse à l’ensemble de la filière.
À lire aussiCe grand bond en arrière américain ne laisse pas les Européens indifférents. Sur le Vieux Continent, des lobbys (en Allemagne notamment) poussent déjà pour obtenir le report de la fin du thermique en 2035. Le contexte politique, économique et social rend ces demandes plus audibles, à l’image du report obtenu récemment pour les normes CAFE. Mais un scénario à la Trump reste peu probable. En France, un retour à grande échelle au thermique poserait des problèmes de cohérence, d’image et de conformité.
Malgré toutes les armes réglementaires dont il dispose, le président risque de se heurter à une réalité : les électriques séduisent de plus en plus. Au cours des cinq premiers mois de 2025, les ventes des véhicules électrifiés (100 % électriques et hybrides rechargeables confondus) ont progressé de 28 % dans le monde. En voulant freiner à tout prix l’électrification de l’automobile, Trump se lance dans une bataille idéologique risquée. Il compromet l’adaptation de son industrie à un monde en pleine mutation.
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