Illustration : station GNV en Vendée

Véhicules fonctionnant à l’hydrogène, au gaz naturel ou à l’électricité : l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), présidé par le patron de PSA, Carlos Tavares, pointe dans un rapport le manque d’implication et de réactivité des gouvernements en Europe et d’importantes disparités selon les pays.

Retour à l’envoyeur !

Intitulé « Passage à la mobilité zéro émission – Rapport de suivi 2019 », le document de 21 pages, publié à l’occasion du salon automobile de Francfort (Allemagne), appelle les gouvernements européens à établir de toute urgence « un plan global pour permettre la transition vers une mobilité à zéro émission en Europe ». Et ce, afin de respecter les objectifs extrêmement ambitieux fixés par l’UE en matière de réduction des émissions de CO2 pour 2025 et 2030.

Reprenant son image favorite d’une « approche à 360 degrés », Carlos Tavares renvoie tout simplement aux dirigeants politiques européens le retard constaté sur les feuilles de route des mobilités électrique, GNV et hydrogène. « Notre industrie est impatiente de progresser le plus rapidement possible vers une mobilité zéro émission. Mais cette transition est une responsabilité partagée » a t-il souligné.

Un rythme à suivre

« De notre côté, nous proposons à nos clients un choix sans cesse grandissant de voitures à motorisation alternative. Parallèlement, les gouvernements de l’UE doivent suivre le rythme croissant avec lequel nous lançons ces voitures en augmentant considérablement les investissements dans les infrastructures. En outre, ils doivent également mettre en place des incitations à l’achat durable qui soient cohérentes dans toute l’UE », résume le patron de PSA.

Si le nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables vendus en Europe a progressé de 69.958 à 301.581 unités entre 2014 et 2018, l’avancée reste très timide pour la mobilité hydrogène (de 38 à 266 véhicules H2 écoulés sur la même période), et est même négative pour le GNV en dépit d’une reprise des ventes à mi-parcours (97.214 unités en 2014 contre seulement 65.092 en 2018).

Electrique

Avec un parc trois fois plus important qu’il y a 5 ans, l’Europe compte 145.000 points de charge, selon l’ACEA. Très loin des 2,8 millions de points de charge attendus en 2030 !

L’association des constructeurs déplore également les disparités de répartition des bornes de recharge. Selon le rapport, 76 % des points de charge sont aujourd’hui concentrés dans 4 pays qui couvrent ensemble 27 % du territoire européen : Pays-Bas, Allemagne, France et Royaume-Uni.

L’ACEA établi un lien direct entre la densité des réseaux et le développement des ventes des véhicules électriques et hybrides rechargeables : une part de marché inférieure à 1% dans les pays comptant moins d’un point de recharge par 100 kilomètres.

Ce sont également les Etats où le PIB par habitant est le moins élevé (inférieur à 29.000 euros) : Grèce, Italie et Espagne, Europe centrale et orientale.

En outre, seulement 12 pays proposent des incitations à l’achat.

GNV / H2

A fin 2018, l’ACEA a recensé seulement 47 stations d’avitaillement en hydrogène réparties dans 11 pays de l’UE (1 station en Finlande ; 2 stations en Autriche, Belgique et en Suède ; 3 stations en France, Italie, Espagne et aux Pays-Bas ; 7 stations au Danemark ; 8 stations au Royaume-Uni ; 13 stations en Allemagne), laissant 17 Etats sans aucune pompe H2.

La mobilité GNV est mieux lotie avec 3.400 sites de livraison en gaz naturel, en hausse de 17,5% par rapport à 2014. Toutefois, les deux tiers de ces points de remplissage sont concentrés dans seulement 2 pays, l’Italie et l’Allemagne. C’est d’ailleurs sur ces deux territoires qu’ont été vendues en 2018 74% des voitures particulières alimentées au GNV. Ces véhicules représentent 0,4% de la flotte en circulation en Europe.