La mine de Rosa Poieni : elle contient la deuxième plus grande réserve de cuivre d’Europe

Vous avez peut-être vu sur certains médias que la Roumanie, souhaitant faire partie de l’Airbus des batteries, allait rouvrir des mines de dysprosium et d’europium, deux « terres rares ». Cette info nous a fait sursauter puisque, comme nous l’avons déjà expliqué longuement, il n’y a pas de terres rares dans les cellules des batteries des voitures électriques, et certainement pas de dysprosium ni d’europium. Nous avons donc mené l’enquête.

La Roumanie a une longue tradition minière. Avant 1989, elle comptait plus de 530 mines, mais après la chute du régime communiste de Ceaușescu la plupart de celles-ci ont été fermées pour manque de rentabilité. Pourtant le pays détient encore d’importantes réserves de métaux. Du cuivre notamment. Ainsi, dans les Monts Apuseni, à l’ouest de la Roumanie, la mine de Rosia Poieni dispose de la deuxième plus grande réserve de cuivre d’Europe. Elle est estimée à plus d’un milliard de tonnes de minerai. Il y a aussi d’anciennes mines d’or et d’argent. Mais les ressources qui suscitent actuellement le plus d’intérêt sont celles de cobalt et de graphite. L’extraction du cobalt est presque toujours associée à celle du cuivre. Au monde il n’y a que deux mines de cobalt, toutes deux situées au Maroc, qui ne sont pas également des mines de cuivre. Il n’est donc pas étonnant que l’on puisse extraire du cobalt des mines de cuivre roumaines. Or nous savons que le cobalt est utilisé pour la fabrication des cathodes dans les cellules des accumulateurs lithium-ion. Quant au graphite il est le principal constituant des anodes.

Cuivre, cobalt, graphite : 3 ingrédients aujourd’hui toujours indispensables pour fabriquer les cellules des batteries de la plupart des véhicules électriques. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que des acteurs importants du projet d’Alliance européenne des batteries, dénommé « Airbus des batteries » s’intéressent soudainement aux ressources minières de la Roumanie.

Réouverture de mines

Dans une interview récemment publiée par le site Investment Reports,  Niculae Badalau, ministre roumain de l’économie, a déclaré : « Ma priorité actuelle c’est la réouverture de certaines mines qui contiennent des ressources fort appréciées en ce moment. Par exemple nous avons les troisièmes plus importantes réserves de cuivre de l’Union européenne. Nous avons déjà reçu de nombreuses offres d’acteurs internationaux qui sont intéressés à travailler avec la Roumanie. Nous voulons aussi entrer dans l’Alliance des batteries, une initiative qui a pour objectif de développer la production européenne de batteries. La Roumanie détient d’importantes réserves de cobalt et de graphite et plusieurs compagnies étrangères ont déjà demandé des permis de prospection. Cela donne à notre pays l’opportunité de construire une usine de batteries et plus généralement de jouer un rôle significatif dans ce marché qui va connaître un boom dans un futur proche. Cela rejoint d’autres projets que nous avons lancés dans notre pays comme le développement de l’infrastructure des bornes de recharge et la modernisation de notre parc automobile ».

Une déclaration somme toute logique pour un projet qui « tient la route ». Comme vous pouvez le constater, il n’est nullement question de terres rares dans cet interview. Et pour cause : contrairement aux « fake news » tenaces très souvent diffusées sur le net, les cellules des batteries lithium-ion utilisées actuellement dans la toute grande majorité des véhicules électriques ne contiennent pas de terres rares.

Niculae Badalau : “Nous voulons entrer dans l’Alliance des batteries”

Terres rares ?

Mais alors, d’où vient cette info ahurissante publiée sur certains sites qui affirment que la Roumanie va rouvrir des mines de terres rares pour approvisionner l’Airbus des batteries ? Il s’agirait notamment d’europium et de dysprosium deux métaux qui font effectivement partie de la famille des terres rares.

L’europium ayant une bonne capacité à absorber les neutrons est notamment utilisé dans l’industrie nucléaire, ainsi que pour la fabrication des lasers ou des tubes cathodiques. Le dysprosium est employé dans l’aéronautique par exemple, ainsi que dans la fabrication d’aimants permanents et de certains types de lampes. Mais donc, pas du tout, dans les accumulateurs.

Vérification faite il y a bien d’anciennes mines d‘europium et de dysprosium en Roumanie et le ministre Niculae Badalau  a récemment annoncé la réouverture de trois d’entre elles. Mais ce projet n’est pas lié à celui de l’Airbus des batteries. Nous regrettons dès lors que certains médias peu sérieux aient fait un amalgame et propagé la confusion en diffusant finalement une information erronée. Ils contribuent ainsi à accréditer l’idée fausse que les batteries contiennent des terres rares dont l’extraction est chaque fois présentée comme très polluante.

Quel intérêt y a-t-il à vouloir ainsi, systématiquement, salir la réputation de la mobilité électrique ?