
Shai Agassi avait déjà été interviewé par Automobile Propre (Marco, en chemise à fleurs ;-) l'année dernière.
À l’occasion du mondial de l’automobile de Paris, Automobile Propre a interrogé Shai Agassi, le PDG de Better Place, pour en savoir plus sur sa vision du déploiement du véhicule électrique en France et sur l’échange de batteries.
Croisé au détour du stand Peugeot, nous avons sauté sur l’occasion de poser quelques questions à Shai Agassi. Nous avions remarqué que Better Place n’avait pas de stand sur le mondial, et hors caméra, il nous a indiqué qu’il n’était là que pour quelques jours et qu’ils auront un stand quand ils seront plus avancés sur le marché français.
Très accessible, Shai Agassi nous a accordé un peu de son temps pour cette interview. En bon communiquant, il nous a demandé de le filmer sur le stand Renault … un bon clin d’œil à son partenaire, même si il se murmure que les relations sont un peu tendues en ce moment.
Voici donc la vidéo, merci à lui pour sa disponibilité et ses encouragements hors caméra ;-)
Merci également à Marco, notre excellent reporter, ainsi qu’à JP pour les traductions. Voici d’ailleurs la transcription écrite du contenu de la vidéo :
AP : Si vous pouviez poser deux questions au Président Français, que lui demanderiez-vous ?
SA : C’est une très bonne question. Je pense que les implications de ce que nous avons fait en collaboration avec Renault représentent une opportunité stratégique pour la France. D’un coté, une opportunité pour éliminer l’usage du pétrole en France, et en fait sans avoir à le remplacer car à cause de la production d’énergie nucléaire, il y a une quantité infinie d’électrons la nuit qui peut être utilisée pour charger les batteries des voitures. Donc la question est de savoir à quelle vitesse et jusqu’où le Président français encouragera-t-il l’adoption des véhicules électriques ?
Pendant combien de temps attribuera-t-on les 5000 euros de bonus, avec quelle volonté poussera-t-on pour la poursuite de cette politique, non seulement en France, mais dans toute l’Europe ? La France prendra-t-elle une position de leadership en Europe dans ce domaine ?
Le second point concerne l’opportunité d’accélérer la production des composants de l’infrastructure et d’autres éléments. Par exemple, il y a une opportunité de faire des centres d’échange de batterie (battery switches) en France, et cela devrait réjouir le Président et nous aimerions bien que cela se fasse.
AP : L’exemple de Better Place au Danemark, est-ce un bon exemple pour le Président français ?
SA : Absolument. La plupart des gens ne savent pas que tout le réseau de Better Place pourrait être construit en France pour une somme qui représente moins de 5 jours de consommation de carburant par les voitures en France. Donc pour l’équivalent de 5 a 7 jours de consommation de pétrole, on pourrait installer le réseau Better Place dans toute la France. La question est alors : pourquoi pas ?
AP : Alors que pouvons nous attendre de Better Place en France ?
SA : Nous ne savons pas encore. Nous n’avons encore rien annoncé. Nous sommes en discussion avec Renault et avec le gouvernement. Lorsque nous aurons résolu tous les points, nous ferons une déclaration.
AP : Je vous remercie
Oui c’est dommage, je comptais vraiment sur ce projet pilote pour évaluer la solution de Better Place. D’un autre coté c’est compréhensible que le Gouvernement souhaite investir dans des solutions universelles et pas juste compatibles « Renault ».
L’idée d’échange de batteries peut tenir la route mais le modèle économique de Better Place est un peu trop gourmand. Il connait maintenant quelques difficultés pour séduire d’autres pays que Israel. Vous avez vu un démonsrateur d’échange sur le stand Renault, comme à Francfort ? Non. Et la station promise dans les Yvelines dans le cadre du projet Renault SAVE ? Annulée.
Shai Agassi est un brillant entrepreneur; il saura adapter son offre aux realités du marché, et il deviendra un acteur important dans les infrastructures de recharge.
Je suis d’accord avec JP : il est totalement inconcevable d’investir 400 millions d’euros pour installer des stations d’échange de batteries qui :
– se n’adresseront d’ici 2 ans qu’a 2 modèles du marché (Fluence et Zoé)
– vont, à moyen terme, voir leurs capacités augmenter (rendant le principe même de l’échange inutile)
– si elles devaient s’adapter 100% des véhicules électriques, n’équiperont qu’environ 12% du marché automobile français à l’horizon 2020 pour les hypothèses les plus optimistes
Autant de bonnes raisons pour penser que ce système n’a pas d’avenir. Au passage, le coût de 350000 € me paraît plutôt faible pour la « sortie de terre » d’une station !
Le principe d’installer des stations pour les grosses sociétés de taxi – évoqué par Mario – est une excellente idée !
Quant à la problématique d’approvisionnement d’électricité aux heures « de pointe » déjà souvent évoquée, la solution réside dans des solutions de stockage de masse. Je pense que s’il fallait utiliser l’argent du contribuable, ce serait plutôt dans ce domaine qu’il faudrait investir !
Je pense que le mot escroc n’est pas approprié. C’est un homme d’affaire qui a eu une excellente idée et qui cherche tout simplement à la défendre. Son projet n’est pas creux, ce n’est pas du vent, ni du rêve. Nous pourrons l’évaluer concrètement dans un premier temps avec les résultats en Israël et au Danemark. Après c’est la guerre, entre les intérêts financiers des grands groupes industriels, les intérêts politique des acteurs du territoire et la demande réelle qui fera le marché de 2012. Qui sait ce qu’il pourrait arriver…?
Je trouve que vous avez une vision à court terme. Evidement qu’il est illusoire aujourd’hui, alors qu’il n’y a pratiquement pas de voiture électrique en France, de vouloir a court termes, quadriller le pays de stations d’échange de batteries.
Mais a terme et si la voiture électrique prend de l’ampleur, et quand les progrès de l’autonomie permettront la pratique courante de grand trajet en voiture électrique. Il faudra bien alors pouvoir offrir a l’automobiliste en voyage, un service équivalant a celui de nos stations service, et je crains que les bornes de recharge rapide ne puissent répondre a cette exigence. A mon avis elles seront confrontées a deux problèmes qui me semble insolubles.
Qui seront leur capacité a recharger rapidement des batteries de forte capacité et la disponibilité du réseau a fournir suffisamment de courant a n’importe qu’elle heure du jour et de la nuit (surtout du jour, plus question d’attendre les heures creuses pour recharger)
On en est pas là, mais des stations d’échange pallieraient assez facilement a ce type d’inconvénients.
Et attendant on peut réfléchir a l’installation, de ce genre de stations pour des besoins spécifique, par exemple aux Japons ils expérimentent une station pour une flotte de taxi a Tokyo, ne pourrait on pas pour commencer avoir ce genre de projet pour Paris ou les grandes villes de Frances.
— message modéré suite à l’emploi d’un mot pouvant porter à confusion —
J’espere que la France ne va pas gaspiller l’argent du contribuable pour construire des stations d’echange de batteries, un concept deja largement obsolete. Vaudrait mieux se concentrer sur l’installation de stations de recharge rapide! D’ailleurs aux USA, même Better Place semble se resigner à des stations de recharge, et non d’echange.
Alors en France on consomme 2 millions de baril/jour (chiffre 2007, 1,92 millions) dont un peu plus de la moitié pour le transport routier, a 80 € le baril (Pétrole : cours du Brent (Londres, clôture du 14/10) : 84.15 $) ça nous fait donc environs 80 millions d’euros x 5 = 400 millions €. Le coût d’une station d’échange est estimé à environ 350 000€, cela permettrait donc d’installer 1142,8 stations d’échange(merci la calculatrice)
On va dire que ca serait un bon début (il y a 12550 stations service en France)Mais avec un millier de stations d’échange de batteries et un quadrillage parfait du territoire, personne en France ne devrait se trouver a plus cinquante kilomètres d’une station.
Bon tout ça n’est que théorique, et sans doute très approximatif, mais ça donne un ordre d’idée de ce qu’il faudrait réaliser comme infrastructure, si ce système d’échange de batterie est retenue.
Effectivement, son discours est super. Mais ces chiffres sont difficilement vérifiables :).
Shai Agassi est fidèle à son leitmotiv de « réduire notre dépendance au pétrole »… et évalue des coûts en nombre de « jours de consommation de pétrole » !!!