
Le PDG et le directeur des ventes nous ont accordé un entretien pour évoquer la première voiture électrique de Mazda ainsi que la stratégie électrifiée de la marque.
Mieux vaut tard que jamais. Jusqu’ici à l’arrière du peloton sur la question de l’électrique, Mazda rattrapera son retard d’ici septembre 2020 avec le crossover électrique MX-30, présenté en première européenne au salon de l’automobile de Bruxelles. L’occasion pour Automobile-Propre d’échanger avec Yasuhiro Aoyama, PDG de Mazda Europe, et Martijn ten Brink, Vice-président en charge des ventes.
La première voiture électrique Mazda arrive en 2020. N’est-ce pas trop tard et que représente-t-elle ?
Yasuhiro Aoyama : « Je pense que 2020 est le meilleur moment pour nous, car le coût d’achat pour les gens devient attractif, mais aussi parce que l’Europe a des règles sévères en termes de CO2.
Nous devons nous différencier de nos rivaux, le MX-30 correspond plus à nos clients. La concurrence est très importante, donc nous amenons un concept unique en son genre. Le changement de design est volontaire, nous continuons le style Kodo, désormais généralisé mais sous une forme adaptée. »
Pourquoi le choix d’une si petite batterie ? D’autres versions sont-elles à espérer ?
Y. Aoyama : « Nous devons contribuer à une approche environnementale globale. Quand nous avons choisi la batterie de 35,5 kWh, cela a été fait pour qu’elle ne dépasse pas au total les émissions de CO2 d’un diesel Skyactiv-D. Notre but est de viser la seconde voiture du foyer, celle servant aux activités quotidiennes.
Nous avons développé un prolongateur d’autonomie, et nous pensons que le moteur rotatif convient parfaitement pour cet usage de générateur d’énergie », nous projetons d’ajouter cette offre à la gamme dans environ deux ans ».

Quels sont vos objectifs d’électrification ? Prévoyez-vous d’introduire de nouvelles technologies batteries ?
Y. Aoyama : « Au sein de notre gamme de motorisations à technologie Skyactiv, nous visons l’introduction de modèles hybrides rechargeables, sur une nouvelle plateforme, qui servira également à des modèles électriques. 2020 est une année très stressante avec la régulation sur le CO2. Pour 2030, tous nos modèles seront électrifiés, que ce soit les Skyactiv ou 100% électriques.
Pour l’après MX-30, nous sommes encore en train de travailler sur ce à quoi une gamme d’électriques pourrait ressembler. Sur ce véhicule, une seule plateforme a du sens, le MX-30 est une déclinaison du CX-30, dont l’architecture sied bien à l’intégration des batteries. Ce choix est aussi fait car nous sommes une petite entreprise et cela permet d’économiser par rapport à une plateforme dédiée.
Concernant les batteries, nous avons sélectionné Panasonic comme partenaire, mais nous discutons aussi avec d’autres fournisseurs et marques, comme Toyota. Pour le futur, il y a beaucoup de candidats, que ce soit les batteries à électrolyte solide ou autre, c’est encore trop tôt, nous attendons pour le moment de voir si le MX-30 rencontre le succès. »
Quid d’une Mazda de course électrique ? Voire hydrogène ?
Y. Aoyama : « Mazda est impliquée dans les modèles accessibles, mais aussi dans les courses d’endurance. Le MX-30 n’est clairement pas voué à cela, et nous n’avons pas de programme spécifique de course automobile électrique pour le moment.

Concernant l’hydrogène, nous avons expérimenté des Mazda 5 et RX-8 à pile à combustible par le passé. Nous avons accumulé beaucoup de connaissances et de données sur cette technologie, donc nous envisageons bien sûr cette solution. Cependant, nous devons nous assurer que l’infrastructure existe en même temps que des modèles de série, c’est pourquoi nous attendons le moment opportun pour lancer ce type de véhicule. »
Qui comptez-vous séduire avec le Mazda MX-30 ?
Martijn ten Brink : « Tout est question de maturité de segmentation, aujourd’hui, si vous voyez une Mazda 3 ou une Golf, c’est très facile de se repérer et 50% des personnes achètent plus ou moins le même type de voiture qu’avant.
Avec l’électrique, cette maturité est très faible. Concrètement, lorsque l’on développe un modèle, soit on choisit de toucher le plus grand nombre, mais certains vont trouver la voiture trop grande ou trop petite, à cela on répond que l’on a les CX-3 et CX-5, mais si le client cherche en priorité une électrique, il doit se contenter de cette offre qu’est le MX-30. Quand vous le voyez, il a un design intéressant, une histoire authentique et pas seulement à vocation commerciale. C’est pourquoi on ne cherche pas un volume spécifique.
Nos choix vont dans le sens d’une voiture pour le domicile-travail, une urbaine polyvalente, en tout cas plus qu’une Honda e. On a également essayé de rendre le MX-30 très attractif en termes de prix, tout en conservant la qualité et le raffinement, car peu de concurrents offrent cela. Le prix final résulte d’un équation complexe car nous voulions aussi conserver la conduite et le dynamisme typique de Mazda – pas seulement la puissance et le couple – tout en amenant l’aspect environnemental, de la batterie aux matériaux employés. Bien sûr, une petite batterie est moins chère et donc le MX-30 l’est aussi. Ailleurs, il y a des voitures utiles, des batteries sur roues ou des démonstrations de style. Rares sont celles qui savent faire l’équilibre.

Quel point du Mazda MX-30 fera-t-il sensation ? Où est-ce un ensemble ?
M. ten Brink : « On pense que l’héritage de Mazda en termes de relation entre conducteur et voiture joue en notre faveur et il est clair que ce n’est pas pour tout le monde, c’est pour notre cible. Nous voulions que la conduite et la voiture soit dignes d’une vraie Mazda, et il se trouve qu’elle est électrique en second plan.
L’investissement est colossal, pour nos choix de matériaux ou le nouveau processus de peinture, mais on sait que cela va profiter aux autres modèles et que l’on a un profil assurément écologique. Exemple, au Japon, ce n’est pas un marché pour l’électrique, mais les gens sont sensibles à cet aspect.

Autre point : le liège. On aurait pu utiliser du liège classique moins cher, mais on utilise des chutes, donc des déchets venant de la production de bouchons. Ce genre de procédé touche particulièrement les acheteurs d’électriques, qui vont adopter logiquement ces éléments, tandis que cela développera la sensibilité des autres à ces sujets ».
Que dites-vous aux clients mécontents de l’autonomie ?
M. ten Brink : « Si je me place dans la logique de l’électrique pur, oui bien sûr si vous voulez plus d’autonomie, achetez Tesla. Mais c’est plus compliqué que cela, il faut choisir ce qui convient le mieux aux besoins, envies et convictions de notre cible.
Donc pour la batterie, pour avoir plus, il faut une meilleure densité ou un pack plus volumineux. Ce dernier choix peut aussi compromettre la sécurité (crash-test, incendies), mais on ne voulait pas ça chez Mazda, afin de préserver une parfaite relation avec nos clients, on ne pouvait pas se le permettre.
Nous sommes un petit constructeur, on ne peut pas se permettre d’avoir un scandale, on n’y survivrait pas. On propose plusieurs solutions afin d’avoir notre petite part du gâteau. On aurait pu respecter la nouvelle réglementation CO2 en mettant une batterie dans un de nos crossovers mais nous n’aurions pas amené l’image d’une compagnie investissant dans l’avenir. On aurait aussi très bien pu se contenter d’une e-Mazda 3 et en faire un partenariat avec une entreprise de location, mais cela n’aurait pas fonctionné pour nous ».

La recharge à 50 kW est-elle suffisante selon-vous ?
M. ten Brink : « Cela est assez je pense, et cela dépend bien entendu de la batterie. Si vous prenez le rival avec 94 kWh, il faut de quoi l’alimenter. Nos clients seront principalement des néophytes et des urbains, qui n’ont pas d’accès à des stations de charge rapide, donc ils utiliseront leur prise classique, au pire du 22 kW. »
Avez-vous des objectifs de ventes et des évolutions possibles ?
M. ten Brink : « On n’a pas de plan. Le marché électrique explose et certains annoncent des chiffres hallucinants. Ce qu’on sait, c’est qu’il n’y aura pas de remise car les gens ont conscience du prix payé et ne voudront pas voire le MX-30 bradé quelques mois plus tard.
Je dirais que l’on devrait se situer entre 8 et 15.000 unités en 2020. On a de quoi soutenir la production et être flexible, car on veut aussi éviter les stocks. Si la voiture ne se vend pas et que le message ne prend pas, nous devrons repenser notre produit.
Pour revenir au nom MX-30, comprenez que c’est un produit expérimental. Beaucoup de choses sont différentes comme le système de récupération d’énergie ou les plastiques employés. Nous verrons avec le futur prolongateur d’autonomie quelles seront ses caractéristiques exactes en fonction des autonomies et batteries possibles. On va beaucoup apprendre en 2020, c’est sûr ».

On dirait que Mazda s’est largement inspiré du design de la BMW i3. Portes antagonistes, petite batterie + REx, intérieur cosy en matériaux recyclés. La ressemblance n’est pas fortuite à mon avis. Et puis Mazda maîtrise les moteurs rotatifs depuis plus de 20 ans mais ils n’apportaient pas vraiment d’avantage en tant que moteurs de propulsion. Par contre en tant que générateurs de courant pour prolonger l’autonomie c’est parfait. Donc pourquoi pas?
Etrange politique commerciale : Un REX…oui, peut-être, mais dans 2 ans !. Bon, et ben on va attendre ! (dommage, j’aime beaucoup)
Mazda aurait mieux fait de sortir le MX5 en tout électrique pour le fun, l’image et le créneau à prendre.
Là, on a un produit pour répondre aux futures taxes CO², qui va se vendre très difficilement malgré sa carrosserie typée SUV coupé urbain. Gros rabais en perspective.
Assez beau discourt… Et j’adore la pique aux « hybrides a grosses batteries »… :) Simple efficace :)
« on utilise des chutes, donc des déchets venant de la production de bouchons de liège »
Amusant, sachant que le fondateur de Mazda (prononciation japonaise de son nom, « Matsuda ») a commencé en 1920 à produire des bouchons de liège!
triste de voir une marque pareil aller dans le mur…
Un discours très typé « Mazda » : « nous faisons des choix courageux parce que nous sommes petits et innovants parce que nous sommes des amoureux de la technique ! Nous n’avons pas peur de nous tromper, car l’échec fait partie du Kaizen ! Et nos clients sont des gens intelligents qui ne cèdent pas aux caprices de l’époque mais cherchent un équilibre Zen. »
Si l’on se focalise sur la taille batterie, cela coince, si l’on pense que sous cinq ou six ans la compacité va s’améliorer sans augmentation de prix, à l’exemple de ce que l’on a constaté depuis dix ans, alors, ils tentent un pari raisonnable en vendant d’abord un agrément.
Un essai pratique serait donc le bienvenu.
Les étranges déclarations de ces messieurs.
« Je pense que 2020 est le meilleur moment pour nous, car …. l’Europe a des règles sévères en termes de CO2. »
C’est donc bien la réponse à une contrainte.
« batterie de 35,5 kWh, cela a été fait pour qu’elle ne dépasse pas au total les émissions de CO2 d’un diesel Skyactiv-D »
Ah d’accord, l’idéal, c’est le diesel, car un VE émet bien plus sauf si on réduit la batterie. Original!
« 2020 est une année très stressante avec la régulation sur le CO2 »
Pourquoi donc, puisque leur diesel « skyactiv » émet bien moins que les VE?
« On aurait pu utiliser du liège classique moins cher, mais on utilise des chutes, donc des déchets venant de la production de bouchons. »
Donc les chutes de liège sont plus chères que le liège neuf? C’est pas de chance!
« un pack plus volumineux. Ce dernier choix peut aussi compromettre la sécurité (crash-test, incendies) »
Comme chacun sait les Tesla sont hyper dangereuses pour leurs occupants!
« Nous sommes un petit constructeur, on ne peut pas se permettre d’avoir un scandale »
Comme VW ou comme Tesla?
« Nos clients seront principalement des néophytes et des urbains, qui n’ont pas d’accès à des stations de charge rapide »
Parce que les ruraux ont une borne 100kW dans leur garage!
3,4 mètres – 28000 € après bonus (à peine plus cher qu’une Zoe) : ce n’est pas une 2°voiture
32 kWh utiles : ce n’est pas la voiture principale du foyer.
Donc ils n’en vendront pas beaucoup..
Par contre avec un Rex pour 3 000 € de plus, ça peut faire un carton.
Le Rex est une répons intelligente à la course au « toujours plus de batterie ».
ça n’engage que moi mais je déteste le capot qui me semble plus être une guillotine à piétons.
De plus, je n’aime pas le système d’ouverture des portes.
Sinon je suis tout à fait d’accord avec les différents avis sur la batterie trop petite (avec vitesse de charge trop lente).
Si ça doit être une seconde voiture pour les trajets courts du quotidien, pourquoi choisir le style SUV ?
« Nos clients seront principalement des néophytes et des urbains, qui n’ont pas d’accès à des stations de charge rapide, donc ils utiliseront leur prise classique, au pire du 22 kW. »
J’ai l’impression qu’il prend aussi ses clients pour des cons…
Si son prix est réellement à partir de 34.400 €, cette voiture est pour moi malheureusement vouée à l’échec… :(
L’ancienne Version de l’A MX30 était plus massive : 😅
http://img.over-blog.com/500×321/4/05/17/80/AMX-30-5RC.jpg/
Totalement à la ramasse…
« Nos choix vont dans le sens d’une voiture pour le domicile-travail, une urbaine polyvalente » et ils sortent un SUV… (et avec une batterie minable de surcroit donc sans profiter de la capacité de la plateforme !)…
Et si tout simplement ils étaient parti dans l’urgence d’une plate forme existante qui n’avait pas la place d’en mettre plus et ensuite tenter de vendre cela avec un argument bidon. Je n’y crois pas trop a leur approche. Bide assuré quelque soit le pays. On a un bel exemple avec le duo e-niro Kona proposes en 2 packs. Le pack 36kW ne se vend pas du tout.
Allez vendre une voiture avec un réservoir de 10L quand à côté le concurrent la vend avec une réservoir de 60L au même prix.
Je ne supporte pas ce type de portes, raison pour laquelle je n’ai pas envisagé une I3, dommage, ce ne sera pas non plus la Mazda…
Batterie minimum 50 KW!
Une sorte d’i3 avec une petite batterie mais sans Rex! Ils ont bien identifié qu’il lui faut un prolongateur d’autonomie en option, mais il ne le propose pas. Ils se privent de 50 % des ventes c’est dommage. Surtout avec un aussi grand capot avant il y aurait suffisamment de place.
Je comprends la démarche de Mazda, mais pour moi, mettre aussi peu de batteries dans un SUV est une belle erreur. Il aurait été plus profitable de placer ces 35,5 kWh dans une compacte ou une petite familiale. De plus, il ne semble pas très habitable à l’arrière.
J’aime beaucoup ce discours vertueux. Je pense que ce type de VE correspond sinon à la demande du moins aux besoins réels des automobilistes. J’ai eu l’occasion d’utiliser en guise de véhicule de courtoisie une des premières ZOE 22KWh et de la brancher sur une borne de 43 kW et ce fut un régal ! 15.mn de charge pour récupérer l’automne dont j’ai besoin quotidiennement. Donc 35 kWh rechargeable à 50 kW on s’approche de très près les besoins quotidiens du plus grand nombre. Pour le Transit tous pays il faudra attendre des petits véhicules équipés de batterie de 65 KWh rechargeable à 160 kW, soit 2 heures de roulage à vitesse d’autoroute (2×20=40 KWh) récupérable en 15 minutes. Merci Ô prévention routière !
en fait, Mazda sort sa BMW i3… 7ans après.
donc ils l’ont sorti contraint par la réglementation EU 2020, et dimensionné a minima… une touche de raison écolo pour faire passer tout ça et hop.
Pas trop gros malgré l’appartenance au secteur SUV que j’exècre, une batterie raisonnable et une marque sérieuse…
Sincèrement séduit. Si elle charge en 22kW comme ma vieille Zoé ce serait un modèle que je pourrais étudier au moment de me séparer de l’actuelle.
Du bon sens écologique sans doute mais un échec commercial en perspective tant qu’il n’y aura pas le prolonguateur car écart de prix trop faible face à la concurrence entre 50 et 64 kwh
Que du bon sens a la Japonaise .
Le hic sera de vendre ca aux Français . Bonne chance . pour l’instant il y en a peu a vendre donc ca va aller .
A mon sens, la taille de la batterie est une erreur grossière. Même la Zoé a décidé de revoir sa copie et de faire mieux car c’était un vrai problème pour les gens.
Bon après, quand on lit que l’objectif c’est 10,000 à 15,000 véhicules par an, ce qui est encore moins bien que le Mercedes eqc qualifié d’échec industriel, on comprends que ce Mazda n’est qu’une vitrine technologique.
Le plus gênant, plus que la capacité de la batterie, c’est les capacités de recharge : limite à 50kW DC, et seulement 7kW AC.
Après, s’ils finissent par le sortir avec un prolongateur en moteur rotatif, ça deviendra beaucoup plus intéressant. A suivre.