Associant Air Liquide, Idex, la Société du Taxi Électrique Parisien (STEP) et Toyota, la jeune co-entreprise vise à faire émerger un nouvel écosystème autour de la mobilité hydrogène et à accélérer le déploiement de la flotte de taxis Hype.

Un constructeur, un opérateur de stations, un expert de la transition énergétique et un utilisateur… Réunis au sein d’une seule et même entité, Air Liquide, Idex, STEP et Toyota souhaitent travailler de concert pour faire émerger l’indispensable écosystème de la mobilité hydrogène. En s’unissant ainsi pour avancer d’un seul et même bloc, les partenaires veulent accélérer le développement de la filière tout en apportant une réponse à la problématique de l’œuf et de la poule, le déploiement des stations suivant naturellement celui des véhicules.

« Pour que cela marche, il faut à la fois développer l’usage et l’infrastructure » a notamment rappelé Pierre Etienne Franc, Vice-Président d’Air Liquide.

Hype au cœur du projet

Pierre angulaire de cette nouvelle initiative : Hype ! Filiale de la STEP, la société exploite depuis 2015 une flotte de taxis hydrogène à Paris et en Ile de France. Aujourd’hui, elle compte s’appuyer sur le consortium Hysetco pour faciliter le déploiement de sa flotte mais aussi celui des stations. En pratique, Hypsetco prévoit notamment d’investir dans l’achat de véhicules et de licences qu’il revendra ensuite à Hype.

Constituée d’une centaine de véhicules, dont 38 Toyota Mirai, le service Hype s’appuie actuellement sur un réseau de quatre stations exploitées par Air Liquide sur le territoire francilien. Outre celles du Pont de l’Alma, de Orly et des Loges, les chauffeurs peuvent se ravitailler depuis quelques semaines sur une nouvelle station située à proximité de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.

600 taxis à hydrogène à Paris d’ici fin 2020

Pour fin 2020, l’objectif est ambitieux puisqu’il s’agit de faire passer la flotte de Hype à 600 taxis à hydrogène. S’il avait débuté ses déploiements avec des Hyundai ix Fuel Cell, l’opérateur bascule désormais sur du 100 % Toyota. Ce sont ainsi 500 nouvelles Toyota Mirai qui intégreront la flotte d’ici fin 2020.

Pour Mathieu Gardies, à la fois Président de STEP et d’Hypstecto, cet objectif de 600 véhicules est nécessaire pour atteindre la fameuse « taille critique ». Celle qui permettra de proposer un réseau suffisamment dense pour permettre à chacun de réserver son taxi à hydrogène sans contrainte et sans attente.

Téléchargeable gratuitement, l’application Hype permet déjà de le faire. A noter que ces taxis à hydrogène ne sont pas plus chers que les taxis conventionnels. « L’idée n’est pas de vendre un service premium mais bien d’intégrer l’hydrogène comme une solution disponible pour le plus grand nombre » commente Mathieu Gardies.

L’hydrogène pour tous les taxis et VTC dès 2021

En pratique, ce cap des 600 taxis n’est qu’une première étape vers une adoption plus large de l’hydrogène au sein des VTC et taxis parisiens.

Préparer le terrain en créant un modèle économiquement viable pour l’ensemble des opérateurs de taxis ou de VTC en Ile de France. Tel est l’objectif fixé par les membres fondateurs d’Hypeco qui souhaitent amorcer la transition du secteur à partir de 2021, soit trois ans avant les « Jeux Olympiques de Paris 2024 » où les partenaires espèrent avoir déployé une flotte conséquente et surtout multi-opérateurs.

Un déploiement qui ne se limitera pas au seul territoire français. Hype a également des vues sur Bruxelles où il devait débuter ses déploiements au second semestre 2018. « Le démarrage aura lieu dès que le contexte réglementaire aura été clarifié » a précisé Mathieu Gardies, visiblement en proie à des difficultés juridiques pour lancer le service.

L’enjeu de l’offre

Rouler à l’hydrogène c’est bien, avoir des véhicules c’est mieux ! Si le déploiement des stations est primordial, le développement de l’offre l’est tout autant. Avec son franc parlé, Mathieu Gardies s’est souvent agacé de la difficulté à obtenir des véhicules. Il faut dire que la production n’intervient aujourd’hui qu’au compte-goutte. Toyota ne produit guère plus que 3000 à 3500 Mirai par an. Souvent servie après le Japon et les Etats-Unis, l’Europe prend malheureusement les restes… Avec le Hyundai Nexo, la situation n’est à priori pas meilleure…

Tout devrait toutefois changer dans les prochaines années. Au prochain salon de Tokyo, la Toyota Mirai entrera dans sa « phase 2 » et augmentera significativement ses volumes de production pour atteindre jusqu’à 30.000 véhicules par an.  Au Japon, son lancement est prévu en 2020, date des Jeux Olympiques de Tokyo. En Europe, elle devrait arriver un an plus tard, soit en 2021.

Outre l’augmentation de ses capacités de production, la voiture à hydrogène nippone devrait également évoluer techniquement. Alors qu’une augmentation de l’autonomie est plus que probable, nos interlocuteurs nous ont confirmé une configuration en 5 places (4 places pour le modèle actuel) et un meilleur espace de chargement, sans doute grâce à un meilleur agencement des réservoirs. Rendez-vous en octobre à Tokyo pour en savoir plus…