Si Ionity vient de montrer la voie en passant à une tarification à l’énergie, d’autres réseaux de recharge rapide travaillent à passer à la facturation au kWh en France. En effet, dans les autres pays européens, la pratique est déjà largement répandue, mais la France faisait figure d’exception. Explications.

Pour facturer une recharge sur la base des kilowattheures (kWh) consommés, il est nécessaire de le faire sur la base de compteurs d’énergie certifiés. Pour les recharges en courant alternatif (AC), pas de soucis, les compteurs qui respectent la norme MID (Measurement Instruments Directive) sont largement utilisés par l’industrie de la recharge. La plupart des bornes de faible et moyenne puissance jusqu’à 22 kW en sont équipées.

En revanche, jusqu’à peu, il n’existait pas réellement de norme ni d’instructions pour la certification des compteurs DC en France. Un flou juridique qui a conduit à une situation bizarre : certains opérateurs comme Ionity ou Total se sont abstenus de facturer au kWh tandis que d’autres, plus téméraires, comme Fastned, Tesla ou Electra, ne se sont pas privés de le faire.

À lire aussi Quel est le prix de recharge d’une voiture électrique ?

Depuis le 1er mars, les règles qui s’appliquent à la certification de ces compteurs d’énergie électrique à courant continu ont été définies, ouvrant la voie à une certification des matériels installés par les opérateurs et à une facturation à l’énergie consommée. Enfin, diront certains, tant l’attente aura été longue.

Les réseaux de recharge rapide s’empressent désormais de certifier les compteurs de leurs différents modèles de bornes de recharge. L’enjeu ? Être prêts pour le pic d’utilisation de cet été. En effet, la facturation au kWh est un élément clé de la satisfaction utilisateur. Le coût de la recharge est bien plus facile à estimer que quand celle-ci est facturée au temps passé. Il est difficile d’anticiper le temps de recharge d’une voiture électrique tant celui-ci dépend de nombreux paramètres : le niveau de batterie à l’arrivée, la capacité de charge du véhicule, la puissance délivrée par la borne, la température extérieure, etc.

Et en été, la température a un rôle clé. Maintes bornes de recharge rapide ne sont pas abritées et se retrouvent en plein soleil, fortement sollicitées par les multiples recharges qui s’enchaînent. Elles ont du mal à refroidir et leur logiciel de pilotage réduit alors la puissance pour moins chauffer, augmentant au passage le temps de recharge. Une situation délicate quand on facture le service au temps passé… les chargés de support chez les opérateurs en savent quelque chose !

À lire aussi Le temps de charge d’une voiture électrique

Ces évolutions règlementaires et ces changements de tarification vont donc dans le bon sens, celui de la satisfaction client. Il reste néanmoins encore un autre problème à régler, celui de faire évacuer au plus vite les véhicules qui ont terminé de recharger afin de permettre à d’autres usagers d’utiliser les bornes. C’est un enjeu crucial pour éviter les files d’attente devant les chargeurs lors des pics de fréquentation.

Une situation qui pourrait rapidement inciter les opérateurs à appliquer une facturation au temps passé déclenchée une fois la recharge terminée. Un modèle tarifaire déjà mis en place par un réseau qui a des années d’avance sur ses concurrents : les Superchargers de Tesla.