Vaste question que celle de l’impact environnemental des voitures électriques. Pour certains, les véhicules à batterie sont plus polluants que leurs équivalents essence et diesel. Pour d’autres, c’est l’inverse. Qu’en est-il réellement, loin des débats tumultueux et polarisés ? Est-ce que la voiture électrique pollue ? Est-elle plus polluante qu’une voiture thermique ? On fait le point !
Plusieurs études l’ont déjà prouvé : sur l’ensemble du cycle de vie, une voiture électrique rejette moins de gaz à effet de serre qu’une voiture essence ou diesel. Si l’écart varie significativement d’un pays à l’autre, l’avantage reste toujours au véhicule électrique.
Une étude très complète de l’ONG Transport & Environment (T&E) publiée en avril 2020 considère ainsi que, sur l’ensemble de sa vie, une voiture électrique émet 77 % de CO2 en moins qu’un véhicule thermique. Même en Pologne, où l’électricité est parmi les plus carbonées du monde, l’électrique demeure 29 % moins émetteur, et donc moins pollueur.
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Au-delà des matières et procédés industriels communs à toutes les motorisations (métaux pour la carrosserie, matériaux pour l’habitacle, l’électronique, les suspensions, les pneumatiques, etc.), les voitures électriques présentent quelques spécificités. Certains de leurs éléments nécessitent des ressources et énergies différentes des véhicules essence et diesel pour leur fabrication.
• L’extraction et la transformation des matériaux de la batterie sont les points les plus sensibles. Selon le lieu et les conditions dans lesquelles ces opérations sont réalisées, elles peuvent plus ou moins ternir le bilan environnemental d’une voiture électrique. La part très variable de matières recyclées et recyclables intégrées au pack influence également le résultat.
• La fabrication de la batterie en elle-même n’est pas le processus le plus polluant. Arrivés en usine, les matériaux transformés sont simplement mélangés et/ou cuits puis conditionnés en cellules. Assemblées les unes aux autres, elles sont ensuite intégrées au pack, qui regroupe plusieurs dizaines à plusieurs milliers de cellules selon le type de technologie.
À lire aussi Les batteries et l’enjeu des terres raresSelon l’étude de T&E, l’ensemble du processus de fabrication d’une batterie (extraction, transformation et assemblage) rejette en moyenne 75 kg de CO2/kWh si les deux dernières étapes ont lieu en Europe et 110 kg CO2/kWh si elles sont réalisées en Chine. Cela représente au total entre 6 et 9 tonnes de CO2 pour une grande batterie, comme celle du Kia EV6 (82,4 kWh).
• La production d’électricité pour la recharge génère des rejets de CO2 très différents d’un pays à l’autre. En France, par exemple, où l’électricité est majoritairement produite à partir de moyens décarbonés (nucléaire, hydraulique, éolien et solaire), la recharge a un impact extrêmement faible sur l’environnement. Toutefois, si le bilan fluctue au gré des types de centrales électriques, l’avantage est presque toujours en faveur du véhicule électrique. En Pologne, où 74 % de l’électricité est généré à partir du charbon, rouler en voiture électrique émet toujours un peu moins qu’en essence ou diesel.
• Le recyclage de la batterie en fin de vie peut s’effectuer par différents moyens plus ou moins polluants. D’abord, une batterie qui n’est plus assez puissante pour propulser une voiture peut toujours servir à d’autres usages, comme le stockage stationnaire d’électricité. Appelée « seconde vie », cette réutilisation permet de repousser la mise au rebut de la batterie pendant une dizaine d’années.
Une fois leur retraite terminée, les batteries terminent dans un centre de recyclage. Celui-ci broie ou carbonise les cellules pour extraire les matériaux qu’elles contiennent. Divers procédés mécaniques et chimiques permettent ensuite de les filtrer et séparer pour les réutiliser. Aucune étude n’a pour l’instant quantifié les émissions liées au recyclage de batteries de voitures électriques au regard de différentes chimies et procédés employés.
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• L’électricité, seule source d’énergie d’une voiture électrique, pollue nettement moins que l’essence et le diesel. En France, parcourir 100 kilomètres en voiture électrique rejette indirectement 0,85 kg de dioxyde de carbone (16 kWh à 74 g CO2/kWh*). C’est considérablement moins qu’un petit SUV thermique comme le Renault Captur essence 90 ch, qui émet environ 13 kg de CO2 aux 100 km. Même en Pologne, où l’électricité est fortement carbonée (768 g CO2/kWh en moyenne en 2021), un véhicule électrique reste moins polluant avec un rejet de 12,3 kg de CO2 aux 100 km.
De plus, un moteur électrique ne libère aucun polluant dangereux pour la santé et l’environnement, à l’inverse des moteurs thermiques qui rejettent notamment des particules fines, hydrocarbures imbrûlés, du dioxyde d’azote, monoxyde de carbone et benzène.
* L’impact carbone de la production électrique française s’est élevée en moyenne à 53 g CO2/kWh en 2021 selon l’ENTSO-E. Ce chiffre varie en fonction des années, des saisons et de l’horaire : il est plus bas en été et plus haut en hiver ainsi que lors des pics de consommation quotidiens. Si le véhicule est rechargé uniquement sur une installation photovoltaïque, le taux passe à 45 g CO2/kWh.
• Le moteur électrique, plus compact qu’un moteur thermique, nécessite aussi moins de matériaux. Il est essentiellement composé de cuivre et d’acier ou d’aluminium. Pour fonctionner, il n’est pas dépendant des accessoires que l’on retrouve sur les moteurs essence et diesel tels que le radiateur, les courroies, les conduites d’admission, de refroidissement et d’échappement.
Ainsi, selon T&E, la production d’une voiture électrique hors batterie émet environ 11 % de CO2 en moins qu’une voiture thermique. L’ONG estime ces émissions à 7,8 tonnes pour un véhicule essence ou diesel de grand gabarit contre 7 tonnes pour un modèle électrique équivalent.
• Le système de freinage régénératif exclusif aux voitures électriques (et hybrides) permet de réduire les émissions de particules fines liées au frottement des plaquettes sur les disques. Peu sollicitées, les plaquettes sont remplacées bien moins souvent que sur un véhicule thermique.
• L’entretien général d’une voiture électrique consomme moins de ressources. Elles ne nécessitent pas de vidange ni de remplacement régulier de pièces comme les courroies, plaquettes de freins, soupapes, bougies, etc. Seuls les pneumatiques doivent être renouvelés à une fréquence similaire de celle d’un véhicule thermique. Moins sujette aux pannes mécaniques, une voiture électrique est donc susceptible d’être utilisée plus longtemps, réduisant d’autant plus son impact environnemental à chaque kilomètre parcouru.
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Impact environnemental 🔴 = fort 🟡= modéré 🟢= faible
Voiture électrique |
Voiture essence ou diesel |
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Extraction, transport et transformation des matières premières pour la fabrication du véhicule |
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Extraction, transport et transformation des matières premières pour la fabrication de la batterie |
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Fabrication du véhicule et transport jusqu’aux points de vente |
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Fabrication de la batterie |
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Production d’électricité pour la recharge (en France) |
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Émissions de particules liées à l’usure des plaquettes de frein |
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Émissions de particules liées à l’usure des pneumatiques |
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Consommables (huiles, liquides, remplacement des pièces d’usure, etc.) |
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Extraction et transport du pétrole brut |
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Raffinage du pétrole brut |
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Transport et distribution des carburants |
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Combustion des carburants |
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Recyclage du véhicule en fin de vie |
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Recyclage de la batterie en fin de vie (sauf usage seconde vie) |
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La question du jour, qu’est-ce que c’est ?
Format à vocation pédagogique, la « question du jour » répond aux principales interrogations des néophytes autour de la voiture électrique et de son écosystème.
Si vous souhaitez aller plus loin, n’hésitez pas à consulter nos guides d’achat, notre rubrique vidéo « La minute branchée » et à échanger avec la communauté sur notre forum de discussion.
Même si l’on peut/pouvait démontrer que fabriquer un véhicule thermique et un électrique revient au même en terme de pollution, il reste les émanations des gaz d’échappement et le bruit !
On parle de véhicules qui mettraient un terme à la pollution dûe aux émanations ET sonore !
A « pollution de fabrication égale », le reste n’est même plus comparable….
Tous les citadins, devraient, pour leur santé et leur bien-être, être unanimement favorables à voir disparaitre les véhicules qui rejettent des polluants.
Sachant que tout le monde ne peut se déplacer en vélo, il semble bien que le VE reste l’alternative actuelle la plus pertinente ?
Le titre de l’article renvoit au classique sophisme de la solution parfaite que les immobilistes aiment balancer dans les conversations sans rien argumenter « ah mais un VE ça pollue aussi! ». Donc oui, dans l’absolu ce titre n’a pas de sens mais il embraye sur des explications assez détaillées, tellement détaillées que l’on ne peut pas vraiment les ressortir dans une conversation de comptoir!
Merci à son auteur.
Une étude de plus qui confirme, n’en déplaise aux mazoutophiles, que le VE est plus « vertueux » que le VT. Certes, ce n’est pas parfait, mais c’est déjà mieux.
Et il y a paramètre qui est souvent sous estimé, mais au combien important, c’est la pollution zéro en ville. Car il ne faut pas oublier que c’est en ville que les émissions cancérogènes, notamment des mazout, sont les plus importantes pour la santé de chacun…. Là, on ne parle pas de rejets de CO2, mais de maladies cardio vasculaires et pulmonaires, liés directement à tous ces foutus diesels…. Rien que pour ce ballon d’oxygène en ville, le VE a toute sa place…. Les piétons, les enfants, les cyclistes, les joggers, les chiens…. et nos petits poumons y merci aux VE….
Faut il rappeler encore une fois que le CO2 N’EST PAS UN POLLUANT ! C est simplement un gaz a effet de serre…. C est décevant de la part d AP de continuer a diffuser cette ambiguïté….🙄
Bonne synthèse (mis à part pour l’impact sur la consommation de pneus), pour moi la vidéo de référence sur ce sujet reste pour l’instant celle du Réveilleur de 1h17 (et oui il ya du boulot derrière): https://www.youtube.com/watch?v=zjaUqUozwdc
Tout ramener au CO2, c’est se voiler la face…
Combien de tonnes faut-il miner pour construire un VE ?
Quelle quantité d’eau ?
Quelle quantité de pétrole ???
Effectivement il n’y a pas de pot d’échappement mais pour le reste oui cela génère beaucoup de pollution et de consommation de ressources.
Est-ce qu’une voiture électrique pollue?
Titre assez maladroit.
Visiblement, votre sujet c’est « est-ce qu’une voiture pollue moins qu’une voiture thermique ? »
Et ça change tout, car à la première question, la réponse est bien évidemment oui, elle pollue!
Basé sur l’ONG T&E. Désolé mais quand on leur demande un detail sur leurs études ils répondent par une pirouette ( je les ai contacté pour connaître le protocole sur la fabrication de cellules en Chine et ils répondent par une étude basée sur la fabrication faite en Europe 10 ans plus tôt !!! ) . Baser les valeurs d’émissions sur ce genre d’étude … Autant faire confiance à Total.
Attention je pense que globalement un VE est un progrès mais il faut rester prudent.
A l’usage une VE consomme bcp plus de pneu qu’une thermique pour cause de couple moteur « violent » et de masse tres largement supérieure . Donc émissions de particules largement plus importantes . A ne pas négliger dans le bilan pollution locale ( qui reste largement meilleur qu’une thermique c’est évident ). Rarement mentionné pourtant !
Et toutes les études estiment les durées de vies alors que nous n’avons aucun retour de plus de 10ans pour l’instant. Comment savoir si c’est juste. A titre de comparaison on sait maintenant que les Prius « tiennent » environ 20 ans avec meme leur batterie ( toute petite de toute facon ) d’origine.
Des études de l’époque disaient le contraire par exemple en accusant la Prius d’être une source de pollution « à l’avenir » pour cause de batterie ( 40kg ..soit le double d’une batterie au plomb de diesel ).
« Seuls les pneumatiques doivent être renouvelés à une fréquence similaire de celle d’un véhicule thermique. »
Vous êtes sûrs?
Un VE est plus lourd, il peut potentiellement accélérer plus fort.
Qu’en disent les gens qui ont de l’expérience ?
Un de mes anciens prof de mécanique nous expliquait que les anciens moteurs diesel etaient moins polluant que les nouveaux, pour la simple raison que l’injection indirecte faisait que le moteur produisait de grosses particules, plus lourde que l’air. Resultat, ces particules tombaient directement sur la route et n’etaient pas dangereuse.
Avec l’injection directe et la montée en pression du carburant, les performances sont meilleures, mais les particules plus fine sont devenue plus légere que l’air et par consequent, flottent dans l’air. On peut donc maintenant les respirer plus facilement.
2e resultat, maintenant, il faut tout un systeme de depollution pour les moteurs moderne, alors qu’un ancien moteur diesel, non encrassé et bien reglé, ne pollue pas autant qu’on pourrait le croire.
Très intéressant comme article
seul défaut à mon avis est la durée de vie de la batterie et que se passe t’il si elle lache vers 180000km par exemple
je sais il n’y a pas encore énormément de ve avec ce genre de kilométrage mais avouez qu’il serait dommage de se débarrasser de son ve car la batterie serait hs et hors de prix a remplacer /réparer
Intéressante synthèse, même si rien de nouveau depuis des années si l’on cherche un peu. De là à conclure que les hybrides n’ont aucun avantage et cumulent tous les défauts, il n’y a qu’un pas que je franchis sans hésiter (Attention, ce commentaire n’inclut pas une communication commerciale).