Leapmotor T03

Malgré son gabarit, la Leapmotor T03 présente un niveau de polyvalence assez correct. Elle peut même s’aventurer sur l’autoroute. Mais sa fiabilité lui fait défaut.

Mieux développée qu’une Dacia Spring, aussi bien équipée qu’une Renault Twingo e-Tech, et doté d’une autonomie similaire à celle d’un Fiat 500e, la Leapmotor T03 a bien des arguments à mettre en avant. Et malgré son gabarit qui lui interdirait normalement de s’aventurer loin des villes, elle se lance dans l’exercice avec une relative facilitée. Dans le cadre d’un long trajet autoroutier à travers le pays, nous lui avons calculé une autonomie moyenne de 164 km. À cela s’ajoute des temps de recharge corrects, mais tout ne se passe pas toujours comme prévu sous le soleil.

La recharge en bref

  • Puissance AC max. : 6,6 kW
  • Puissance DC max. : 45 kW
  • Temps de recharge AC ann. (30-80 %) : 3 h 30
  • Temps de recharge DC ann. (30-80 %) : 36 min

Courbe de recharge de la Leapmotor T03 : un plein utile en 35 minutes, mais…

Avec une puissance de recharge rapide annoncée à 45 kW, la Leapmotor T03 se place tout en bas de la hiérarchie. La voiture est cependant capable d’accepter un peu plus en début de recharge avec un pic enregistré à 53 kW de 10 à 16 %. La puissance indiquée est ensuite maintenue jusqu’à 75 % de charge, avant de retomber à 35 kW à 80 % de charge (un écart de -34 % par rapport au pic observé). La fin de recharge n’est pas moins intéressante puisque la citadine parvient à maintenir une puissance de 35 kW jusqu’à 98 % de charge, avant de couper les robinets.

Ainsi, l’exercice de 10-80 % réclame dans le meilleur des cas un temps de 35 minutes, ce qui se traduit par une puissance moyenne de 44 kW ! Contrairement à une Fiat 500e qui rend inutilisable le reste de la batterie en raison d’une fin de recharge bien trop lente, il est possible de récupérer quelques kilomètres d’autonomie supplémentaires avec la T03 : il faut 7 minutes de plus pour atteindre les 90 %, et encore 11 minutes pour faire le plein complet, portant le total (10-100 %) à 53 minutes.

Courbe de recharge type
10 à 80 %  80 à 100 %  10 à 100 %
Temps de recharge (en min) 35 18 53
Autonomie gagnée (en km) 115 33 148

Des puissances réduites en été

Mais voilà : cette courbe de recharge ne vaut que si la batterie est froide, à tout le moins dans une fourchette de température comprises entre 20 et 25 °C, comme nous l’avons déterminé au cours de nos essais. Au-delà, les recharges deviennent bien plus longues. C’est le cas si le mercure extérieur commence à chatouiller les 30 °C, mais aussi si les recharges rapides sont répétées lors d’un trajet autoroutier en été par exemple.

Preuve en est avec notre premier parcours, avec 28 °C à l’extérieur : alors que nous avons réalisé la première recharge en 35 minutes, nous avons dû patienter 47 minutes lors de la seconde pour passer de 10 à 80 %. Ici, la puissance a chuté à 34 kW dès 38 %, puis à 13 kW dès 71 % ! Pire encore, la Leapmotor T03 n’a pas voulu lancer la recharge au troisième et dernier arrêt. Là encore branchée sur une borne ABB Terra 54 CJG (gérée par Total, contre Ionity pour les deux précédentes), la voiture a même été jusqu’à rendre inopérante la borne. Et cela n’était pas un problème isolé : la seconde borne tri standard de la station, ainsi que les deux unités de 175 kW ont elles aussi été en panne après le passage de la T03 !

Lors d’autres tests réalisés « à froid », nous avons pu bénéficier de la pleine puissance et obtenir la courbe de recharge communiquée ci-dessus sur chacune de ces mêmes bornes Total. Lors de notre trajet retour exclusivement autoroutier avec un thermomètre extérieur à 16 °C (soit 12 °C de moins qu’au départ), nous avons constaté seulement une minute de plus sur le dernier exercice de recharge. À l’heure actuelle, nous ne savons toujours pas si la T03 dispose d’un refroidissement de la batterie passif (à air), ou d’un système actif (liquide), au demeurant très perfectible. En tout cas, il ne fait aucun doute que la citadine chinoise n’aime pas la chaleur, et que la prudence de son BMS fait sauter les plombs !

Des problèmes de compatibilité

Enfin, notons que la Leapmotor T03 n’est à ce jour pas compatible avec les bornes du fabricant EV Box (Avia, Norauto, …). Elle n’a également pas réussi à se recharger sur les unités urbaines E-Premium de l’opérateur e-Totem, alors que la recharge se coupait à de nombreuses reprises sur des bornes Efacec d’Allego. Bref, la prudence est de mise si vous vous rechargez sur un type de borne pour la première fois. Surtout si vous partez à l’aventure.

Autonomie récupérée : 100 km en 30 minutes

Sur notre trajet autoroutier de référence, nous avons passé la ligne d’arrivée avec une moyenne de 22,5 kWh/100 km, soit 164 km d’autonomie totale théorique sur un plein. Ainsi, la Leapmotor T03 est capable de récupérer 100 km en 30 minutes. La fin de recharge n’étant pas inintéressante, il peut être utile de rester branché 15 minutes de plus pour récupérer un total de 134 km d’autonomie. La T03 fait alors à peine mieux que les 136 et 139 km que peuvent gagner une Renault Zoé et Fiat 500e dans le même temps respectivement.

Autonomie récupérée
Temps de recharge (en min) 15 30 45
Autonomie gagnée (en km) 59 100 134

Coût des recharges de la Leapmotor T03

Entre 10 et 80 % de charge, les bornes ont facturé 25,76 kWh en moyenne. Sur cette base, le coût de revient kilométrique sur autoroute est de 13, 22 €/100 km, Chez Total, il faudra alors tabler sur un coût de revient de 13,90 €/100 km. Rien d’exceptionnel ici, puisqu’elle se situe dans les eaux de ses concurrentes directes.

Temps de trajet pour 500 km : 6 h 08

Même si elle dispose d’une autonomie forcément réduite en raison de son gabarit et de sa batterie modeste, la Leapmotor T03 se recharge relativement vite. C’est vrai en tout cas en fin de charge, ce qui permet de pousser le taux un peu plus loin que d’habitude, et ainsi s’épargner un arrêt supplémentaire. Surtout que dans le cadre de notre exercice, nous comptabilisons quatre minutes par étape. Voilà qui lui permet donc de reprendre l’avantage sur la Fiat 500e qui, rappelons-le, a effectué un voyage en quatre arrêts pour aller le plus vite possible. Ici, seuls trois pauses ont été nécessaires pour boucler le trajet, avec deux pleins presque complets, dont un jusqu’à 90 % de charge à mi-chemin.

Au final, le véhicule est resté immobilisé un total de 1 h 36 sur ce trajet. Ce qui, ajouté à notre temps de trajet habituel, se traduit par un chrono total de 6 h 08. C’est, pour la beauté des petits chiffres, à peine trois minutes de moins qu’avec la Fiat 500e. Elle se place donc, elle aussi, entre une Peugeot e-208 (5 h 32) et une Renault Zoé R135 (6 h 43).

À noter que la citadine ne propose aucun planificateur d’itinéraire embarqué. À ce jour, seul Chargemap propose un simulateur pour la T03. Ce dernier se montre cependant très pessimiste, avec un trajet à quatre arrêts (dont un en dehors de l’autoroute) pour un total de 2 h 43 de recharge.

Supertest Leapmotor T03 : le bilan

Malgré ses modestes puissances de recharge DC et autonomies sur autoroute, la Leapmotor T03 se montre relativement polyvalente pour une citadine de cette taille. La Renault Twingo e-Tech dotée d’une batterie plus petite et dénuée de recharge rapide est hors-jeu. La Dacia Spring, qui ne va pas tarder à passer entre nos mains, ne pourrait certainement pas en dire autant. Au final, la citadine chinoise se montre autant à la hauteur que la Fiat 500e pour qui veut disposer d’une citadine correcte au quotidien, sans avoir peur de s’aventurer loin du domicile. Mais la prudence devra être de mise : ses bouffées de chaleur peuvent vite signer la fin de la partie, tout comme les quelques bornes incompatibles avec la citadine !

La Leapmotor T03 rend au final les mêmes services que la Fiat 500e, tout en se montrant plus abordable : affichée à 25 990 €, la chinoise apparaît comme une bonne affaire face à l’Italienne, qui réclame au minimum un chèque de 33 900 € avec la grosse batterie. La Renault Twingo e-Tech est affichée de son côté à partir de 25 250 €, hors bonus de 5 000 € là encore. Reste que la facture semble tout de même salée pour la citadine, pourvue d’un chargeur de 6,6 kW, dotée de quelques lacunes de jeunesse et ne profitant d’aucun réseau de distribution et de SAV. Pas sûr qu’elle puisse donc voler la vedette à la petite Italienne.