Un nouveau rapport publié par PA Consulting révèle qu’aucun constructeur automobile ne respectera les quotas d’émission de CO2 fixés par l’Union européenne (UE) pour 2021. Les analystes s’attendent à ce que les amendes qui seront appliquées s’élèvent au total à 14,5 milliards d’euros.
Rappelons que les normes européennes en matière d’émissions de CO2 des voitures neuves, révisées en 2014, imposent à chaque constructeur une limite moyenne de 95 gCO2/km. En 2020 ce quota sera calculé sur les 95 % des voitures les moins polluantes vendues par le constructeur pendant l’année. En 2021 le quota sera le même mais il sera établi sur l’ensemble des ventes.
La règle est en réalité plus complexe car l’Europe a introduit une certaine flexibilité pour éviter des distorsions de concurrence entre les constructeurs. La limite de 95gCO2/km sera donc pondérée en fonction de certains critères comme par exemple le poids moyen des véhicules vendus par un constructeur et le volume de ses ventes.
C’est ainsi que l’objectif à atteindre en 2020/21 par le groupe PSA pour ne pas être pénalisé est de 91,6gCO2/km alors que celui du groupe VW est de 96,6 g/km et que Volvo pourra se contenter d’un quota de 108,5 g/km pour ne pas payer d’amendes.
En outre les constructeurs ont le droit de s’associer en « pool » pour combiner leurs émissions avec d’autres. On sait déjà que Tesla, dont les émissions seront nulles, va vendre ses quotas au groupe Fiat-Chrysler pour permettre à celui-ci de réduire le montant astronomique des amendes qu’il devra vraisemblablement payer.
Un diagnostic peu réjouissant
La société de conseil PA Consulting Group, spécialisé dans les technologies de l’information et de l’innovation, a récemment publié les résultats d’une nouvelle étude qui s’est attachée à établir dans quelle mesure les 13 plus grands constructeurs respecteront (ou pas) les quotas qui leur seront attribués en 2021.
Et pour la plupart, le diagnostic n’est pas réjouissant. Alors que l’exercice fait les années précédentes par PA Consulting tendait à montrer que certains constructeurs comme Toyota, Renault-Nissan-Mitsubishi (RNM), Volvo, Honda et Jaguar Land Rover (JLR) devraient normalement atteindre leur objectif, il apparaît maintenant que ce ne sera vraisemblablement le cas pour aucun d’entre eux. En cause la mode des SUV dont la proportion dans les ventes de la plupart des marques ne fait que croître, annihilant du même coup l’effet positif de l’augmentation du nombre des nouvelles immatriculations de véhicules électriques.
Étonnamment l’étude montre que seul Toyota devrait s’en tirer à bon compte en 2021. Avec des émissions moyennes de 95,1 g/km prédites par PA consulting pour un objectif de 94,9 g/km, le constructeur japonais ne devrait payer « que » 18 millions d’euros d’amendes. Pourtant Toyota n’est pas à la pointe dans le développement des véhicules « full » électriques, c’est le moins qu’on puisse dire. Par contre en tant que pionnier des hybrides, il est leader dans ce segment. Les auteurs du rapport pensent que la proportion des hybrides dans le volume de vente de la marque atteindra 71 % en 2021. « Cela devrait suffire pour s’approcher de l’objectif » estime Michael Schweikl expert automobile chez PA Consulting, en réponse à une question posée par nos confrères d’Electrek.com. Toutefois le retard de Toyota dans le domaine des 100 % électriques pénalisera ce constructeur à partir de 2025, présume Schweikl, puisque les quotas à ce moment seront bien plus sévères.
A la 2e place du classement, PSA passe devant Renault-Nissan-Mitsubishi. Avec des émissions de 95,6 g/km, le groupe de Carlos Tavares devrait quand même verser 938 millions d’euros dans les caisses européennes. C’est un peu moins que l’Alliance qui ne s’en sortira probablement pas à moins d’un milliard.
Malgré ses efforts le groupe VW devra payer l’amende la plus salée
Michaël Schweikl remarque que certains constructeurs comme Volkswagen déploient des efforts gigantesques pour développer l’électromobilité. « Mais ils se sont tous lancés trop tard», estime-t-il, car le développement de la technologie et la mise au point des nouveaux modèles nécessite des années de travail. Pointant à la 5e place, le groupe VW devancera normalement ses concurrents allemands dans le classement des « moins mauvais » pollueurs. PA consulting considère que les voitures électrifiées représenteront 10 % des ventes du groupe en 2021, ce qui devrait lui permettre de réduire les émissions moyennes de ses nombreux modèles : de 121,1 g/km en 2019 à 109,3 g/km en 2021. Mais c’est encore beaucoup trop par rapport a son objectif de 96,6 g/km. Pénalisé par l’important volume de ses ventes, le premier constructeur mondial devra sans doute payer l’amende la plus «salée» : plus de 4,5 milliards d’euros.
Au total, les 13 constructeurs analysés par la société de conseil devront s’acquitter de plus de 14,6 milliards d’euros !
Notez que Tesla ne figure pas dans le classement puisque tous ses véhicules étant 100 % électriques, ses émissions sont nulles. Le constructeur californien sera le grand bénéficiaire de ce règlement européen puisqu’il pourra vendre ses quotas à ses concurrents, un accord en ce sens ayant déjà été conclu avec le groupe FCA.
Les analystes ont calculé que, par rapport à leurs prévisions pour 2021, les constructeurs devraient vendre au total 2,5 millions de voitures électriques supplémentaires pour atteindre les cibles fixées par l’Europe. « Dans un laps de temps aussi court, c’est une mission impossible car les moyens de production existants et les chaînes d’approvisionnement ne le permettront pas » estiment-ils.
Recommandations
Le rapport adresse une série de conseils aux constructeurs, parmi lesquels nous avons noté des efforts de recherche plus importants, l’accélération du développement de nouveaux modèles électriques et de leur mise sur le marché, ainsi que le partage de plateformes pour véhicules électriques.
Les gouvernements aussi devraient assumer leur part de responsabilité en développant beaucoup plus rapidement les infrastructures de recharge et en proposant diverses aides qui facilitent l’adoption de l’électromobilité. L’exemple de la Norvège et des Pays-Bas prouve que les politiques ambitieuses sont fructueuses.
Vu le mix énergétique en Allemagne, une tycan émets plus de 100gr de CO2 au km, on fait quoi,
Il a été utilisé « l’équivalent CO2 » comme unité de GES. Est-ce toujours le cas ?
Car un des « NOX », en l’occurrence le N2O (dit gaz hilarant) est 300 fois plus actif (en pondéré) que le co2 tout seul.
Cela devrait augmenter la note !
Les 5% restant, c’est pour les allemands qui ont réussi à gratter ce qu’ils pouvaient; pour épargner VW qui a Porsche, et aussi BMW avec ses M3-4 … et Daimler avec ses AMG. C’est que sur les autoroutes teutonnes, c’est no limite et il faut le véhicule qui va bien.
Si seulement ces milliards d’amende pouvaient 100 % être réinvesti dans les infrastructures de recharges, aménagements dédiés, aides aux commerces et entreprises qui proposes des recharges gratuites ou à prix coutant du Kw, bonus à l’achat de VE, production d’énergies renouvelables, aide au développement et à la recherche sur les batteries, de l’extraction des minerais au recyclage le plus propre possible.
C’est quand même bien dégoûtant le « protectionnisme » allemand : leurs bagnoles vont dépasser de loin les 95 g/km, mais c’est pas grave, on module en fonction du poids pour leur permettre de continuer à vendre leurs gros veaux.
C’est surtout immonde pour PSA dont l’objectif est plus dur que la norme. Pourquoi taper sur ceux qui ont fait de réels efforts sur la pollution de leurs véhicules au profit des enfumeurs et des arnaqueurs ?
Plutot que de payer des amendes énormes, les constructeurs devraient plutôt revoir à la baisse le prix de vente de leurs VE (pour ceux qui en ont…).
Cela permettrait d’écouler davantage de VE et moins de VT…
Quelques remarques :
1. On ne tient compte que du taux théorique d’émission de CO2 au km de chaque véhicule, mais pas de l’émission réelle tenant compte du kilométrage parcouru.
2. Pour respecter les quotas, les constructeurs peuvent toujours différer les livraisons des véhicules les plus polluants fin 2020 sur 2021 (ils l’ont bien fait pour les VE fin 2019!)
3. Il faudrait mettre en perspective le montant des amendes par rapport au montant des bénéfices !
Les voitures électriques sont considérées comme 0g pour les calculs ?
Il faut vraiment que les gouvernements développent en Europe les moyens de recharge rapide sur autoroute. Et également dans les villes et les parkings des entreprises.
@kafou59: « D’ailleurs ils vont où ces milliards ? »
L’article 9 alinéa 4 du règlement 443/2009 nous renseigne sur l’affectation actuelle des amendes :
« 4. Les primes sur les émissions excédentaires entrent dans les recettes du budget général de l’Union européenne. »
Bien entendu l’intention est certainement qu’ils soient réinvestis dans les infrastructures, le soutien à l’innovation et aux constructeurs.
Mais cela va mieux en le disant. Ma proposition est que ce règlement soit modifié et de permettre aux constructeurs le choix entre verser la prime à l’UE ou la consacrer à un investissement en capital ou en obligations convertibles dans des sociétés mettant en œuvre des infrastructures de charge de VE:
• Charge publique résidentielle
• Charge publique rapide périurbaine
• Charge publique rapide sur autoroutes
• Charge inductive dynamique , « scalectrix » ou caténaire
• Infrastructure distribution Hydrogène
• Batteries as a Service (batterie d’appoint modulaire attelable) (comme EP Tender bien sûr!)
• Autres systèmes permettant à des véhicules zéro émissions de se recharger en stationnaire ou en roulant
Et en respectant les conditions suivante:
• Projet TRL 7 à 9
• Infrastructure accessible aux VE de tous les constructeurs qui le souhaitent (charge aux constructeur tiers de doter leurs VE des caractéristiques techniques nécessaires).
• Tarification de la charge sans discrimination par marque (mais tarification libre par ailleurs).
• Chaque constructeur ne peut détenir plus de 25% du capital dilué de la société à l’origine du projet .
• Si le chiffre d’affaire de société ainsi financée est supérieur à 1 m€, au moins les 2/3 de celui-ci doit provenir de prestations de charge de VE.
• La société doit démontrer que les investissements issus des primes CAFE ont été consacrées en totalité à de la R&D, l’industrialisation, la fabrication ou le déploiement de son infrastructure de charge dans l’UE.
• [Les composants et leur assemblage, financés par les primes issues de CAFE, devront pour au moins 50% de leur valeur provenir de l’UE]
On crée ainsi un cercle vertueux puissant:
• Les constructeurs peuvent choisir librement quelle est leur techno favorite.
• Les primes servent à la collectivité et tous les acteurs sont encouragés à jouer un jeu collectif (pas d’infrastructure « dédiée »)
• Les infrastructures et l’innovation bénéficient d’un financement à la hauteur des besoins et un coût du capital réduit.
• Le montant d’investissement est proportionnel au besoin effectif par une régulation en boucle fermée.
• On conserve un arbitrage économique, où le capital est affecté aux modèles économiques et technologies les plus efficaces (contrairement aux subventions qui peuvent entretenir un déséquilibre sans arbitrage de marché).
• A terme les infrastructures deviennent profitables, autofinancées et dimensionnées convenablement.
• Les constructeurs conservent le fruit de l’investissement qui a été consenti dans la phase de ramp-up, au lieu de payer des amendes qui rentrent dans le budget général de l’UE.
• CAFE n’est plus une pénalité, mais un investissement.
Si l’idée vous paraît bonne, n’hésitez pas à la faire suivre à votre député, votre député européen et aux associations pour qu’elle soit relayée!
Même si tesla importe ses voitures, il est incontestable que sa pollution local a l’utilisation est nul est ce s’est le plus important a mon sens pour mes poumons et ceux de mes proches. Un gros pickup en ville avait mi des autocollants « bilan diesel » pour lio c’était ironique, quelle misère d’en être encore à ce niveau de conscience.
C’est contestable ces objectifs taillés sur mesure pour alléger les obligations des vendeurs de voitures de luxe
130g au lieu de 95 pour Jaguar Rover , du coup pourquoi changerait il avec une si faible amende ?
Je n’ai aucune confiance dans ce rapport. Rien que pour les constructeurs français, qui peut prédire combien de VEs, PHEVs et hybrides, Renault et PSA vont vendre cette année ?
D’autant plus que j’ai lu sur electrek que les chiffres les plus récents de cette étude sont ceux de l’année 2018.
Je ne dis pas qu’il n’y aura pas d’amendes à payer, mais je ne pense pas que ça atteindra ces montants là.
Un nouvel impot c’est tout ce que c’est. Rien de plus.
Merci de corriger l’article : « … que l’alliance qui ne s’en sortira pas à moins d’un… milliard. »
Tesla est pourtant un très gros pollueur, en ce qui concerne la fabrication de ses grosses américaines mais aussi et surtout à cause de leur exportation par cargos bien polluants à travers le monde. A quand, à défaut de la limitation drastique de la mondialisation/libre-échange, d’un embargo sur ces VE en provenance d’autres continents???
Comme si l’UE allait délibérément torpiller son industrie automobile…
Comme toute règlementation mal foutue elle sera reportée
faudra pas venir pleurer que les constructeurs licencient derrière…
Si seulement ces 14,6 milliards étaient investis dans les réseaux de recharge…
Mais il ne faut pas rêver !