Image : Free-Photos from Pixabay (ce monsieur tient très mal son volant)
À l’ère de la voiture électrique, le nouveau plaisir de conduire s’appuiera aussi sur les algorithmes… et la façon dont ils nous noteront.
La vitesse, c’est dépassé. Les plus anciens se souviendront peut-être de ce slogan de la Délégation à la Sécurité Routière qui avait fleuri sur les écrans de publicité de la chaîne de télé unique dans les proverbiales années 70.
Avec l’avènement de l’électrique et des nouveaux modes de déplacement, on sentirait presque un petit fumet de remake de cet éloge de la lenteur. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes quand on connaît les performances de certaines voitures électriques, dont les plus calmes d’entre elles ridiculiseraient sans trop forcer n’importe quelle Golf GTI entre deux feux rouges.
Car, comme nous l’avons déjà vu, rouler électrique, c’est certes en avoir un peu sous le pied droit, mais c’est surtout – en tout cas pour certains électromobilistes – s’inscrire dans une nouvelle philosophie automobile, faite de conduite apaisée, de temps retrouvé, et de redécouverte des routes secondaires entre deux recharges sur la borne de la place du Marché, ou de la Mairie, bref la place Charles de Gaulle de tous les villages de France.
Rouler électrique, c’est donc avoir le pied léger pour ménager ses batteries, ce qui a le mérite d’induire des comportements vertueux en cascade, puisque c’est généralement bon pour l’environnement et pour sa sécurité et celle des autres.
Désormais, c’est votre voiture qui vous juge
Des comportements qui pourraient être accompagnés et encouragés par les constructeurs (et les assureurs ?) au travers de petits programmes embarqués incitant à améliorer sa conduite pour devenir champion de l’écoconduite.
De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’introduire de la ludification (ou gamification, comme vous préférez) dans notre rapport à la conduite automobile de façon à inciter à un comportement écoresponsable et sécuritaire au volant. L’idée n’est pas totalement nouvelle puisqu’elle avait émergé dès le début des années 2010 chez Toyota et Honda avec leurs premiers modèles hybrides. Toyota avait notamment lancé l’expérience Glass of water, qui consistait à poser un verre rempli d’eau sur le tableau de bord de sa voiture, et adopter une conduite assez douce pour ne pas que le liquide déborde. Une expérience dématérialisée à l’aide d’une application pour smartphone, qui reproduisait le verre d’eau sur écran, avec une géolocalisation GPS des points où le liquide était projeté hors du verre. Le tout, naturellement, accompagné d’un système de notation permettant d’évaluer le talent du conducteur pour l’écoconduite.
Par la suite, les constructeurs ont intégré directement ce genre de dispositif dans l’interface de leurs voitures. Un design ludique (ou « gameful design ») que l’on retrouvait dans le tableau de bord des premières Toyota Prius, affichant ainsi un graphique de sa consommation au cours des trente dernières minutes, avec une récompense représentée par un badge en cas de bons résultats. Certains constructeurs affichent des végétaux qui poussent en temps réel sur le tableau de bord lorsque la conduite est écoresponsable, comme des feuilles chez Honda ou des arbres chez Toyota.
Jouer et tenter de remporter des trophées est inhérent à la nature humaine. Quel que soit le dispositif, tout conducteur de voiture électrique ou hybride a déjà connu ce type d’incitation, et cette propension à se prendre au jeu pour obtenir les meilleurs scores, pour sa seule satisfaction, par simple amour du défi, car il n’y a rien à gagner concrètement.
Les assurances en embuscade
Rien à gagner ? Plus si sûr. Vous les voyez venir : les assurances se penchent sur le sujet depuis déjà plusieurs années, et ont déjà déployé des dispositifs permettant de distinguer les bons et les mauvais conducteurs. Même si elles s’en défendent encore officiellement, il est évident que le scoring aura à terme une influence sur la couverture et le montant des primes. C’est le cas par exemple avec l’application Aviva Drive, lancée en 2018, qui invite à utiliser son smartphone comme dashcam, avec une application collectant les habitudes de conduite de l’utilisateur. Celui-ci reçoit tous les 300 km une note de 1 à 10 en fonction de sa qualité de conduite. On notera non sans une certaine ironie que les commentaires sont… désactivés sous la vidéo de présentation sur YouTube. Par peur des réactions négatives ou des trolls ? Mais non, voyons.
Mais revenons à l’électrique. La dernière annonce dans le domaine de l’incitation à l’écoconduite, ou plutôt à la conduite sûre, nous vient de Tesla, et elle n’est pas anodine. Le constructeur américain a récemment dévoilé son Safety Score. De quoi s’agit-il ? Pour faire simple, d’un dispositif qui donne une note à la conduite. Encore en version bêta, le Safety Score fournit aux conducteurs un retour sur le comportement de leur conduite et estime la probabilité que celle-ci puisse entraîner une éventuelle collision. Ainsi, sur une période d’évaluation de 30 jours, les propriétaires pourront prendre connaissance de leur score sur une échelle de 0 à 100 points. L’algorithme s’appuie sur cinq critères et n’est pas encore disponible hors USA, mais vous pouvez déjà voir son fonctionnement en détail sur cette page (passez sur la version US du site sinon vous arriverez sur une page d’erreur). Reste à savoir si ce score pourrait être opposable en cas d’accident, en servant de « circonstance atténuante » pour ceux qui ont la meilleure note, et aggravante pour les mauvais élèves.
Alors, le nouveau plaisir de conduire se déclinera-t-il lui aussi sous forme d’algorithmes et non plus dans notre capacité à pratiquer le talon pointe ? C’est probable. Mais gare aux effets de bord : un mode de conduite « énergique » n’est pas forcément synonyme de mauvaise conduite, et inversement conduire « mollement » n’est pas systématiquement un gage de sécurité. Ce sera peut-être la limite des algorithmes pour juger de notre comportement au volant. En tout cas jusqu’à ce que ces derniers apprennent et s’améliorent.
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Je serais curieux de connaître le score des motards…
Pas besoin de ses boîtiers mouchards qui ne serviront qu’à engraisser les assureurs.
La sécurité ? Que les politiques exigent des constructeurs la monte d’un anti-démarreur pour l’alcoolémie et le chit et vous éliminez une très grande partie des morts et blessés sur nos routes.
Les conducteurs sérieux en VE, c’était au début ça.
Les furieux qui profitent de l’accélération pour faire des dépassements et insertions dangereuses arrivent et c’est flippant.
Je ne partage pas le point de vue de cet article, en effet la fin parle de tesla, il aurait été judicieux d’expliquer pourquoi cette note: afin d’élargir la base des conducteurs qui peuvent télécharger le FSD (full self drive) dit aussi CATTS (conduite autonome toi tout seul) tesla a mis en place ce fameux test pour délivrer oui ou non son logo le en version bêta aux gens qui ne le sont pas, comme en plus l’état fédéral tombe sur tesla en ce moment sur le FSD (donc le CATTS) ils ont trouvé la parade avec ce mini logo le de notation.
Mahla rien de plus en fait, nous sommes bien loin du complot orwelien
Sur la Leaf il y avait un classement mondial d’ecoconduite.
Si ces boîtiers servent à faire payer plus cher en assurance ceux qui prennent plus de risques au volant et moins cher ceux qui en prennent moins, ma foi … Ca n’énervera que ceux qui prennent plus de risques…
Il y a bien déjà des assurances moins cher pour 5000 km annuels.
Et ça sera sûrement moins injuste par exemple que de surtaxer tout jeune garçon de 18 à 25 ans seulement “parce qu’il est jeune”
Avec l’électrique l’écoconduite c’est à la fois plus facile grâce au freinage régénératif et plus motivant question autonomie. Mais bizarrement avec le prix de l’essence qui augmente ma femme m’a demandé de lui apprendre à écoconduire notre voiture essence aussi.
Pour ce qui est de la sécurité toujours les mêmes poncifs : vitesse, distances de sécurité, manque d’anticipation, distraction avec le téléphone ou autre, défaut de clignotants ou même fatigue. C’est incroyable le nombre de gens qui ne mettent pas leur clignotant avant de tourner ou changer de file. Tous les jours sans exception sur l’A4 et le périph il y a des collisions. Ce matin encore une juste devant moi. Un jeune permis avec son A qui a percuté l’arrière d’un autre véhicule. Pas violent mais tôle froissée et constat qui ravira l’assureur du jeune conducteur en tort.
Des accidents graves avec des morts j’en ai vu aussi. C’est ma première motivation à faire hyper attention et pas faire le fou au volant. Je veux juste rentrer en vie chez moi.
En dehors des grosses incivilités, conduite en état d’ébriété, grand excès de vitesse, dépassements dangereux, peut-être qu’une application peut aider certains à améliorer leur conduite niveau économies (énergie, mais aussi freins et pneus) et sécurité.
Par contre je rejoins certains car ces applis n’ont pas besoin d’être “connectées” à votre assurance. Là c’est clairement un fil à la patte et une intrusion dans la vie privée. La carotte se transformera en bâton. Il y a toujours des fayots pour dire “j’ai rien à cacher” mais ils ne rendent pas compte des dangers à long terme de la surveillance de masse.
Il y a déjà plus d’un an que mon assureur m’a proposé de “faire partie des testeurs” qui auront le “privilège” de tester en avant-première un boitier électronique d’évaluation de la conduite… Non merci, sans façons, on voit bien l’avantage à terme pour les assureurs, nettement moins l’avantage pour l’assuré…
A ce jour seules les dash cam peuvent être nos vraies alliées, en cas d’accident, pour prouver clairement une responsabilité ou une mauvaise foi en face…Et même si c’est payant, au moins on garde le contrôle de la caméra, et non l’inverse…
Vous remarquerez que nous vivons dans un monde qui veut nous évaluer de partout : vous voulez faire du blablacar ? Vous recevrez une note par vos passagers. Vous voulez vendre des objets sur internet ? Vous serez noté par vos acheteurs. Et dorénavant sur les pages jaunes n’importe quel professionnel, même un Médecin, se voit noté par ses clients… Et je ne parle pas des hôteliers ou restaurateurs qui dépriment devant leur classement tripadvisor…
C’est à la fois génial quand on se place du point de vue du client (le seul point de vue qui compte, désormais, car celui qui achète est désormais clairement du meilleur côté de la barrière, il est devenu un Roi qui peut faire et défaire la e-réputation de ses fournisseurs…) et horrible d’un point de vue rapports humains, et d’un point de vue sociétal en général…
Je suis le seul à trouver qu’on bascule doucement mais sûrement vers un univers Orwellien, sauce Black Mirror, vendu sous couvert de plus de “sécurité”, “d’écologie” ou autre motif fallacieux ?
Traçage permanent, identité numérique, flicage à tous les étages pour “notre bien”, gestion de notre vie par IA, notation de tout sur tout par tous…
Et c’est un informaticien qui parle…
On va tout droit vers un crédit social à la chinoise, visiblement avec la bienveillance passive (ou naïve) d’une partie de la population, modèle chinois dont certains sénateurs se sont inspirés (voir leur rapport officiel sur le site du Sénat) pour en promouvoir “l’efficacité” dans le contrôle des populations, entre autre….
Tout ceci porte un nom.
(Même si je ne suis pas contre la technologie, évidemment et vu mon métier, mais juste ses dérives)
La Smart ED que j’avais achetée en 2013 affichait un score d’éco conduite également, sur plusieurs critères, accélération, utilisation du freinage récupératif, notamment
Déjà sur mon ancienne i3 en mode éco pro, la machine jugeais la conduite du point de vue de la consommation du trajet : accélération / utilisation de la regen (et donc l’ANTICIPATION), après le reste se déduit automatiquement… si on anticipe bien, on a une distance de sécurité confortable, on accélère pas comme un malade quand la circulation se libère alors que 4 voitures plus loin ça commence a ralentir… c’est du bon sens.
Evidement y a moins de sensations, mais si vous voulez en avoir, faites un peu de karting ça coute pas cher et… les sensations physiques sont garanties… (et la piste est prévue pour faire des conneries, pas la route).
Par contre les chiffres 0 à 100km qu’on voit (trop?) souvent quand il s’agit d’une nouvelle voiture aussi bien içi qu’ailleurs n’arrangent rien à la perception que les gens ont des VE… oui on fait des belles pointes, mais OSEF, sauf rares cas pour se dégager d’une situation qui pourrait être dangereuse.
Accessoirement les spyware des assurances sur un tel mobile, je suis désolé, mais ce n’est pas le rôle d’une assurance de s’assurer tout le temps de la conduite du conducteur. Ceci dit, pour les dashcam (intégrées ou non), elle pourraient avoir une utilisation pour clarifier un incident / accident et donc une reduction de cette prime d’assurance pour les véhicules équipés (de série ou non).
Respect des distances de sécurité, respect des limitations de voies, c’est sûr que pas mal de conducteurs sont en dessous du niveau d’un bon régulateur adaptatif. L’équipement a du bon, il paraît que BMW réfléchit à remettre les clignotants en série 😀