Recharge grâce aux anciennes armoires télécoms urbaines

Au Royaume-Uni, BT Group s’active à démontrer le potentiel des armoires de télécommunication installées dans les rues pour distribuer l’énergie à des bornes de recharge en voirie pour véhicules électriques.

Un outil pour encourager le passage au véhicule électrique

De couleur verte, des armoires métalliques servent outre-Manche aux services téléphoniques et à haut débit en cuivre. Le développement de la fibre devrait progressivement les vider partiellement ou intégralement. Au point d’imaginer diverses conversions.

En juillet 2023, il était déjà question d’en faire un outil pour encourager le passage des automobilistes et des entreprises au véhicule électrique. Le potentiel est particulièrement important, puisque 60 000 des 90 000 armoires pourraient jouer un tel rôle, chacune servant de base technique à plusieurs bornes pour régénérer les batteries.

En comparaison, à ce jour, le Royaume-Uni compterait seulement et à la louche 53 000 points de recharge dans l’espace public. C’est bien trop peu à l’approche de l’interdiction des ventes de voitures neuves à motorisation essence ou diesel programmée en 2030, et de la projection du gouvernement britannique de faire grimper à 300 000 à cette échéance le nombre de PDR accessibles aux électromobilistes.

En outre, cette démarche aurait pour intérêt d’éviter de concentrer les actions sur les plus grandes villes du territoire. Ainsi Londres, d’où émergent différentes initiatives, comme, par exemple, l’exploitation des candélabres d’éclairage des rues.

Initiative distinguée au CES Las Vegas

Six mois plus tard, l’idée a fait son chemin. Au point d’être distinguée par les trophées de l’innovation au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas 2024, dans la catégorie « Vehicle Tech & Advanced Mobility ». Selon l’avis du jury, exploiter ces armoires télécoms permettrait de « résoudre les problèmes de disponibilité, de connectivité et d’utilisabilité en points de recharge des propriétaires de véhicules électriques ».

Et ce à une échelle majeure qui pourrait apporter une contribution importante à la décarbonation des transports au Royaume-Uni. Le réseau qui pourrait naître de la réappropriation de ce mobilier urbain déjà en place deviendrait ainsi le plus important et le plus dense du territoire.

Prenant très au sérieux son rôle et cherchant à rallier un maximum de structures à sa cause, BT Group multiplie les occasions de rappeler que le réseau de recharge pour véhicules électriques est insuffisant au Royaume-Uni. Ainsi en soulignant que 60 % des britanniques estiment que le maillage est inadapté sur le territoire, et que 38 % possèderaient déjà un véhicule électrique si la recharge était moins problématique.

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Projets pilotes

Des projets pilotes vont être initiés à ce sujet en différents coins du territoire, en commençant, dans les semaines à venir, par la région de l’East Lothian en Ecosse, limitrophe de la capitale Edimbourg.

Ces expérimentations vont permettre à l’entreprise de vérifier et fixer différents points, en gommant les obstacles potentiellement rencontrés. Déjà, au niveau technique, en plus d’autres considérations d’ingénierie, l’emplacement de l’armoire doit être compatible avec le service de recharge envisagé, être accessible aux utilisateurs, et disposer d’une alimentation électrique.

Il faut en outre que le conseil local autorise l’accès et l’usage. Globalement, le groupe BT espère que les conversions pourront être soutenues par un financement public et/ou des investissements privés. Il envisage des partenariats aussi bien pour l’adaptation du matériel que pour la phase d’exploitation.

En une ou plusieurs fois

« Il s’agit d’une étape clé dans notre mission visant à créer dès maintenant des produits et des services qui fonctionnent pour l’avenir, avec des résultats positifs », a souligné Tom Guy, directeur général chez BT Group. Il met en avant que le projet global de conversion permettrait de « résoudre un problème client très réel ».

L’exploitation pour la recharge des véhicules électriques pourra être démarrée avec des armoires aussi bien totalement que partiellement libérées des besoins pour les télécommunications. Dans tous les cas, le nombre de points de recharge rattachés dépendra de l’espace et de la puissance électrique disponibles.

Ce qui signifie que pour celles réorientées en partie, de nouveaux PDR pourront être ajoutés au fur et à mesure de la suppression du matériel de télécommunication. Les équipements alors retirés seront soumis au recyclage. Une précision qui a son importance pour calculer le bénéfice carbone de cette conversion.

BT Group assure que « ni les essais ni toute extension potentielle du nouveau réseau de recharge pour véhicules électriques ne présenteraient de changement ou de perturbation des services de télécommunications encore pris en charge depuis les armoires ».