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Le 10 octobre, Tesla va lever le voile sur l’un des projets les plus ambitieux de l’histoire de l’automobile : le Robotaxi. Ce véhicule entièrement autonome, sans conducteur, volant ou pédales, incarne la vision futuriste d’Elon Musk pour la mobilité électrique. Mais derrière cette présentation spectaculaire se cache une longue série de décisions parfois risquées, comme le révèle la biographie “Elon Musk” de Walter Isaacson publiée en septembre 2023. Au travers d’un chapitre dédié au Robotaxi, ce livre dévoile les coulisses de ce pari fou, où Musk a souvent dû trancher dans le vif pour rester fidèle à sa vision radicale de l’avenir.
L’idée du Robotaxi a pris forme lors de discussions intenses entre Elon Musk et ses plus proches collaborateurs, un petit cercle de confiance décrit en détail dans la biographie d’Isaacson. En novembre 2022, Musk rassemble ses cinq lieutenants à Austin pour un dîner informel. Autour de la table, Franz von Holzhausen, Drew Baglino, Lars Moravy et Zach Kirkhorn réfléchissent avec Musk à ce que pourrait être le futur du transport autonome. Lors de cette réunion, Musk est catégorique : le Robotaxi doit être plus petit, moins cher et moins rapide que la Model 3.
Mais la question de l’intégration du volant et des pédales se pose. La plupart des ingénieurs recommandent la prudence : intégrer des commandes amovibles en attendant que la technologie et les régulations suivent. Mais Musk refuse catégoriquement. Il tranche : “Pas de volant, pas de pédales, pas de rétroviseurs. Nous misons tout sur l’autonomie.” relate Isaacson. Cette anecdote illustre la vision sans compromis de Musk. Il prend la responsabilité de cette décision radicale, même si cela complique le chemin vers la validation réglementaire. “Si cela échoue, ce sera ma faute” déclare t-il.
L’ingénierie du Robotaxi a également soulevé des défis techniques complexes, souvent inattendus. Walter Isaacson raconte comment, semaine après semaine, Musk est intervenu dans chaque détail de la conception, posant des questions qui dévoilaient la complexité du projet. Par exemple, il a demandé ce qu’il se passerait si un passager oubliait de fermer la porte en quittant le véhicule : “Il faut que le Robotaxi puisse fermer ses propres portes”, a-t-il insisté. Des discussions animées ont aussi eu lieu autour de l’accès aux parkings et à des lieux fermées avec contrôle d’accès. On apprend dans le livre qu’Elon Musk a envisagé d’équiper le Robotaxi d’un bras pour appuyer sur les boutons ou prendre un ticket, avant de conclure que cela serait trop compliqué, préférant simplement exclure ces zones difficiles d’accès.
D’innombrables problèmes inhérents à un véhicule partagé se posent. Selon des brevets récemment déposés par Tesla, l’intérieur du Robotaxi pourrait être équipé d’un système de désinfection automatique. Dans un contexte post-pandémie où l’hygiène est devenue une priorité, Tesla prévoirait d’intégrer des buses d’aération et des rayons UV pour désinfecter l’habitacle entre chaque passager.
Le Robotaxi n’est pas seulement un défi technologique, c’est aussi un pari industriel gigantesque, comme le souligne Walter Isaacson. Tesla ne cherche pas à produire quelques milliers de véhicules, mais bien des millions chaque année. Cette production de masse est cruciale pour rendre le Robotaxi économiquement viable et accessible à un large public. Elon Musk prévoit de construire des usines ultra-automatisées, où chaque milliseconde du processus de fabrication sera optimisée pour atteindre une efficacité sans précédent.
L’expérience du “production hell” entre 2017 et 2018, lors de la montée en production de la Model 3, a profondément marqué Musk. Depuis, l’optimisation des processus de fabrication est devenue une priorité centrale dans sa gestion. Sa quête incessante d’efficacité se traduit par des échanges réguliers avec ses ingénieurs pour affiner chaque étape de production. Musk consacre des heures à superviser personnellement chaque poste de la chaîne, cherchant constamment à réduire les coûts et à accélérer les cadences, comme le rapporte Isaacson. Cette obsession pour l’efficacité est désormais au cœur de la stratégie de Tesla et jouera un rôle déterminant dans la production du Robotaxi.
“Notre priorité doit être le volume”, martèle Elon Musk. Son objectif : atteindre un jour la production de 20 millions de Robotaxis par an. Comme l’explique Isaacson, cette ambition reflète la détermination de Musk à produire à une échelle massive pour faire du Robotaxi une solution de transport accessible à tous. Il envisage même que la majorité de ces véhicules soient détenus par Tesla ou par des flottes d’entreprises, remettant en question la propriété individuelle des voitures.
Bien que Tesla soit un leader incontesté dans le domaine des voitures électriques, la concurrence dans le secteur des véhicules partagés et autonomes est bien réelle. Parmi les compétiteurs les plus sérieux, Waymo, filiale de Google, a déjà déployé une flotte de 600 véhicules autonomes dans des villes comme San Francisco et Los Angeles. Ces véhicules, déjà pleinement opérationnels, transportent des passagers sans conducteur, un avantage certain sur Tesla.
Cependant, ces derniers mois Tesla a fait des progrès notables sur le FSD (Full Self-Driving), son propre système de conduite autonome, basé sur une approche technologique très différente. Elon Musk a récemment déclaré sur X que le FSD pourrait bientôt parcourir 10 000 miles (16 000 km) de façon autonome entre deux interventions critiques du conducteur, soit l’équivalent dune année de conduite pour un utilisateur moyen. Ce progrès montre l’optimisation continue du système et la confiance de Tesla dans sa capacité à proposer une conduite toujours plus autonome et fiable. Contrairement à Waymo, qui utilise principalement le LIDAR pour cartographier l’environnement, Tesla s’appuie sur l’analyse des flux vidéo en temps réel via l’intelligence artificielle, permettant au véhicule de “voir” et de réagir plus naturellement, bien que ce soit un défi technologique de taille. Ce pari risqué, Elon Musk l’a pris en abandonnant le LIDAR il y a des années, contre l’avis de ses propres ingénieurs.
Comme le rapporte Walter Isaacson, lors des discussions autour de l’abandon du radar, Jerome Guillen, alors président de la division automobile, s’y est fermement opposé, arguant que cette suppression serait dangereuse. Le radar pouvait détecter des objets difficiles à percevoir pour une caméra ou l’œil humain. Un débat interne a été organisé pour prendre une décision définitive. Après avoir écouté tous les arguments, Musk a déclaré “Je débranche le radar. Supprimez-le.” Malgré l’insistance de Guillen, Musk est resté inébranlable, allant jusqu’à dire : “Si vous ne le retirez pas, je trouverai quelqu’un d’autre qui le fera.” En janvier 2021, il a envoyé un email à toute l’équipe : “À partir de maintenant, désactivez le radar. Je ne plaisante pas.” Peu après, Guillen a quitté Tesla.
Ces éléments relatés dans la biographie de Musk montrent à quel point l’approche de Tesla est radicale et à combien l’entreprise joue gros. Dans son livre, Isaacson relate comment Musk voit le Robotaxi comme un produit capable de faire de Tesla l’entreprise la mieux valorisée au monde : “Ce sera un produit historiquement méga-révolutionnaire. Il va tout transformer. C’est le produit qui fera de Tesla une entreprise valorisée à dix mille milliards de dollars. On parlera de ce moment dans cent ans.”
La semaine prochaine, Tesla présentera le Robotaxi lors d’un événement dans les studios Warner Bros, près de Hollywood. Cet événement, appelé “We, Robot”, mettra en avant les capacités du véhicule autonome. Une ville reconstituée servira de décor pour simuler un environnement urbain où le Robotaxi circulera sans conducteur, illustrant ainsi la vision de Tesla. Selon Walter Isaacson, le design du Robotaxi pourrait s’inspirer du Cybertruck, mais dans une version plus petite. Un prototype a déjà été aperçu près des studios, dissimulé sous une carrosserie jaune.
Le 10 octobre, Tesla ne dévoilera pas seulement un nouveau véhicule, mais une vision ambitieuse qui pourrait redéfinir la mobilité. Comme l’explique Walter Isaacson, le projet de Robotaxi est le résultat de longues années de travail, de choix risqués et de débats intenses. Cependant, plusieurs questions restent ouvertes.
Elon Musk a-t-il modifié ses positions depuis les discussions relatées par Isaacson, notamment sur l’absence de volant et de pédales, ou son refus de compromis technologiques ? La production va-t-elle démarrer rapidement ou faudra-t-il attendre des années avant de voir ces véhicules dans les rues (le fameux “Elon Time”) ?
Le Robotaxi sera-t-il accessible au grand public, avec des pré-réservations ouvertes lors de la présentation, ou Tesla commencera-t-elle par gérer ces flottes en interne, à l’image de Waymo ? Enfin, comment les investisseurs réagiront-ils à ce pari risqué, mais potentiellement très lucratif pour Tesla ?
Rendez-vous sur Automobile Propre après la présentation du 10 octobre pour les premiers éléments de réponse.
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Focus sur Tesla24 septembre 2024
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