La suite de votre contenu après cette annonce
Un pionnier du rétrofit en France a dû baisser le rideau. Rien de surprenant pour notre râleur en chef, qui ne voit pas l’intérêt de ces transformations coûteuses.
Cette semaine, TOLV, qui se décrit comme « leader et pionnier français du rétrofit », a annoncé une nouvelle levée de fonds de 4 millions d’euros, qui doit l’aider à accélérer son développement industriel. Un million d’euros est ouvert au grand public, via une plateforme de crowdfunding, en gros une quête en ligne.
Comme le dit TOLV dans son communiqué de presse, c’est « une occasion unique de devenir actionnaire et d’agir concrètement pour la transition écologique du transport ». Ah mince, désolé, j’ai oublié mon portefeuille dans la voiture. Mais je vais y réfléchir, promis. Réfléchir en pensant au sort funeste de Lormauto.
On a en effet appris récemment qu’un autre pionnier français du rétrofit avait été électrocuté. Dans un fort intéressant article d’Automobile Propre que je vous conseille de lire, son co-fondateur, Franck Lefèvre, a dévoilé les coulisses de cette chute brutale, causée notamment par la perte d’un investissement crucial.
À lire aussiL’homme a pointé un conflit d’intérêts dans cette décision. L’organisme chargé de verser les fonds aurait expliqué de son côté que le rétrofit n’a aucun intérêt industriel. Franck Lefèvre s’est ainsi posé la question : « Si même Lormauto, avec une techno prête, une équipe de haut vol et une reconnaissance publique, se fait couper les ailes, qui pourra encore y croire ? »
Mais comment on peut y croire en fait au rétrofit ? Le rétrofit, c’est une bonne idée sur le papier. Prendre une ancienne voiture thermique et lui greffer un moteur électrique, c’est à la fois la rendre plus écologique et plus économique à l’usage. C’est aussi prolonger sa durée de vie et se dire qu’elle évite de fabriquer une autre voiture.
Mais dans la réalité, c’est une opération économiquement ridicule. Exemple dans le catalogue de Rétrofuture, encore un autre spécialiste français. On nous propose d’électrifier les anciennes Fiat 500. Sans le prix de l’auto, cela coûte 15 000 €, pour une autonomie de 80 km…
Lormauto pensait lui avoir imaginé une recette à succès en électrifiant la première Twingo. Une base économique, une fiche technique simple et une formule de location pour ne pas effrayer le client avec des prix catalogue élevés.
Car mine de rien, un tel véhicule pouvait être vendu par Lormauto…24 000 € TTC. Soit le prix de la nouvelle Citroën ë-C3 neuve, plus grande, avec trois fois plus d’autonomie, bien plus d’équipements.
Je veux bien soutenir l’entreprenariat, mais encore faut-il avoir une démarche qui semble logique pour le client. Franchement, quand l’argument du rétrofit est de dire qu’il n’est pas utile d’acheter une autre auto, qu’il suffit simplement de transformer l’actuelle mais qu’on voit de tels prix…
La démarche semble d’autant plus hasardeuse quand on sait qu’on peut mettre un boitier E85 sur ces Twingo pour moins de 1 000 € et les faire rouler avec un carburant qui coûte en ce moment moins de 80 centimes le litre…
Franck Lefèvre estime que « c’est un coup d’arrêt pour l’ensemble de la filière du rétrofit en France. Les autres acteurs, même les plus en avance, n’ont pas les épaules financières pour survivre à un tel choc ». Ah oui, donc c’est encore pire pour les autres ?
Bon, à quel niveau d’aveuglement faut-il être pour croire que ce genre d’entreprises peut être viable ? J’imagine que comme on est en France, au moment de se lancer, la première réflexion de certains est de se demander combien l’Etat va donner pour faire tourner un business qui n’a pas fait ses preuves, même après plusieurs années, sous prétexte d’innovation écologique. Et à quel point les Français seront aidés pour acheter. Chez nous, on n’a pas de pétrole, mais on a quelques idées bancales que l’on aime faire tenir en équilibre précaire avec l’aide de l’argent public !
Car outre les crédits promis dans le cadre des investissements post Covid, il y a les généreuses aides à l’achat. Le rétrofit profite d’une prime allant jusqu’à 5 000 €. Des primes régionales peuvent aussi être au menu. Selon le site de Lormauto, la Twingo 1 rétrofitée pouvait être à 12 500 € toutes aides déduites. Pendant ce temps, on a en occasion des « vraies » Twingo électriques récentes, avec 200 km d’autonomie et un chargeur 22 kW, pour moins de 10 000 €. Arrêtons la farce.
Certains pensent que le rétrofit peut trouver son salut dans les véhicules utilitaires. Mais avec les mêmes défauts, des coûts de transformation conséquents, des autonomies riquiqui… Même si le coup de pouce de l’Etat grimpe là à 9 000 €, qui peut être intéressé ? La plupart des utilitaires sont maintenant pris neufs avec un contrat de location. Pour les engins plus anciens, un argument pouvait venir des ZFE, mais il vient de tomber à l’eau ! Reste alors les camions ou les bus ?
Plus c’est gros, plus ça passe peut-être. Mais laissez les anciennes voitures tranquilles. Entretenez les bien, convertissez les essences à l’E85. Ou regardez les vraies voitures électriques d’occasion, il y a déjà une foule de bonnes affaires.
Arrêtons avec le rétrofit, du moins tant que la transformation n’est pas viable économiquement pour les sociétés et les clients, encore plus avec des produits qui semblent destinés à des ménages moins aisés, vu que cela concerne de vieux modèles.
La suite de votre contenu après cette annonce
Le meilleur d'Automobile Propre, dans votre boite mail !
Découvrez nos thématiques voiture électrique, voiture hybride, équipements & services et bien d’autres
S'inscrire gratuitement