AccueilArticlesPremière mondiale : convertir un car diesel Euro 6 au gaz naturel, une solution d'avenir ?

Première mondiale : convertir un car diesel Euro 6 au gaz naturel, une solution d'avenir ?

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Autocar diesel Iveco Crossway Euro 6 rétrofité au GNV/bioGNV
Autocar diesel Iveco Crossway Euro 6 rétrofité au GNV/bioGNV

Dans le cadre du club de réflexion associé au challenge de sobriété EcoGreen Energy, le CRMT a présenté la conversion au GNV/bioGNV d’un autocar diesel Iveco Crossway Euro 6. Le véhicule est déjà exploité dans la Sarthe par Transdev pour le ramassage scolaire.

Territoire méthaniseur

À la limite de l’insolence, l’Iveco Crossway en seconde vie exposait à l’entrée du circuit automobile de Fay-de-Bretagne (44) son arrière-train et exhibait ses entrailles aux invités et visiteurs de l’EcoGreen Energy. Déjà aux couleurs du réseau Aléop qui compte dans sa flotte d’autocars régionaux interurbains et scolaires 34 % de véhicules à faibles émissions, il affichait fièrement sur une bonne moitié de ses douze mètres « Premier car Euro VI converti au biogaz au monde ».

Il y a déjà eu des poids lourd de transport en commun dont le moteur diesel a été remplacé par un bloc au gaz, le CRMT l’a déjà fait précédemment sur un modèle similaire, mais Euro 5. La nuance est dans la norme. Ce n’est donc pas une nouvelle prouesse technique, mais un pas symbolique de plus et une démarche pragmatique vers la mobilité durable pour les territoires où la méthanisation se porte très bien.

C’est particulièrement le cas des Pays de la Loire qui comptent 62 unités de méthanisation fournissant déjà plus d’un térawattheure de biogaz à l’année. De quoi alimenter 4 000 autocars de ce type sur la même période à partir des 25 stations publiques d’avitaillement à ce jour existantes. C’est pourquoi la région a contribué à hauteur d’un peu plus de 200 000 euros au projet de rétrofit de cet Iveco Crossway.

Bénéfice du rétrofit sur les émissions

Ingénieur motoriste pour le CRMT, Brieuc Drouhot s’est glissé entre le climatologue François Gemenne et Pierre Fillon, président de l’ACO en charge des 24 Heures du Mans, pour présenter le travail réalisé sur l’ancien autocar diesel désormais éligible à la pastille Crit’Air 1 : « Les émissions polluantes sont réduites de 70 % pour les oxydes d’azote et de 80 % pour les particules fines ».

Le CRMT bénéficiant du matériel et de l’expertise pour effectuer les mesures, ces chiffres ont bien été calculés à partir des relevés effectués avant et après la conversion. Concernant l’empreinte carbone, elle est diminuée de 10 % si le véhicule roule au GNV, mais de 80 % si le carburant est issu de la méthanisation.

Si le CRMT, des constructeurs, des collectivités, des syndicats de l’énergie et des transporteurs sont engagés dans le bioGNV, c’est parce que « c’est une solution mature : maîtrise de la sécurité, réseau étendu de stations, remplissage rapide et facile ». C’est d’ailleurs le carburant choisi par quatre des équipes inscrites à l’édition 2025 de l’EcoGreen et dont les stands jouxtaient l’emplacement du Crossway converti.

La transformation a consisté à déposer tous les composants rattachés au moteur diesel pour les remplacer par des éléments de dernière génération pour le fonctionnement au gaz, en comprenant le circuit complet d’alimentation et les réservoirs GNC/bioGNC (gaz/biogaz naturel comprimé).

Adapté aux autocars scolaires

Si le rétrofit au bioGNV apparaît particulièrement adapté aux autocars scolaires, c’est pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que, pour cet usage, les soutes à bagages sont rarement utilisées. C’est donc là, visibles des deux côtés du véhicule, que les réservoirs ont été installés, en respectant les contraintes de masse. Ils dotent le véhicule en toute saison et dans la durée d’une autonomie supérieure à 300 km. Ce qui est largement suffisant pour le ramassage quotidien des élèves.

À noter que le système de chauffage auxiliaire a, lui aussi, été remplacé pour un fonctionnement au GNV/bioGNV. A l’arrière gauche du véhicule, tout à côté du nouveau moteur, un système spécifique de dépollution a été installé. La conversion a nécessité l’intégration d’un système électronique de pilotage et de surveillance, ainsi qu’une recalibration de la boîte de vitesses. La structure de l’autocar n’a pas subi de modification.

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Dans sa nouvelle configuration, l’Iveco Crossway Euro 6 a décroché toutes les homologations permettant son exploitation, mais aussi d’installer son kit garanti deux ans sur des clones du modèle d’origine. Ce que le CRMT souhaite développer en s’associant avec des garages locaux spécialistes des poids lourds et équipés pour la dépose-repose des moteurs.

Une ou deux semaines d’immobilisation

Au cours de sa présentation, Brieuc Drouhot a souligné que ce rétrofit permet d’obtenir un véhicule qui « peut être exploité dans son usage d’origine, le respect de la réglementation, au cours d’une seconde vie plus vertueuse que la première ». Ce qui peut contribuer à séduire les entreprises chargées du transport des personnes, c’est le coût : moitié moins élevé que pour acheter un véhicule équivalent neuf GNV. Mais aussi la rapidité d’exécution.

Système de dépollution d'un autocar Iveco Crossway Euro 6 rétrofité au GNC/bioGNC
Réservoirs GNC d'un autocar Iveco Crossway Euro 6 rétrofité
Autocar diesel Iveco Crossway Euro 6 rétrofité au GNV/bioGNV

En prévoyant un délai de trois mois pour réunir les pièces nécessaires à la formation du kit, l’immobilisation du véhicule n’est que de deux semaines. Un temps qui devrait être divisé par deux lorsque la conversion sera réalisée en série. Grâce à l’emploi d’un maximum de composants provenant d’Iveco et fabriqués en Europe, les opérateurs pourront bénéficier du réseau après-vente du constructeur.

Le petit plus est que ce rétrofit est de nature à préserver ou créer des emplois, en jouant la carte de l’économie circulaire. Concernant le carburant, ce premier exemplaire fonctionne déjà avec un bioGNV produit à proximité de la zone de ramassage scolaire avec des déchets agricoles locaux.

Plus de 20 ans de conversion au GNV/bioGNV

Installé à Dardilly (69), à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Lyon, le CRMT (Centre de recherche en machines thermiques) bénéficie déjà d’une longue expérience des moteurs fonctionnant au gaz naturel. Cette société d’ingénierie, fondée en 1977, s’est spécialisée dans les motorisations pour véhicules et engins non routiers.

Dans le cadre du projet européen RES4Live, le CRMT s’est attaqué récemment au rétrofit au bioGNV d’un tracteur agricole. Il faut cependant remonter plus loin dans la vie de l’entreprise pour retrouver les premières conversions réalisées en interne pour un fonctionnement au gaz naturel. Il y a ainsi une vingtaine d’années, elle a modifié des taxis londoniens diesel pour qu’ils fonctionnent au GNL (Gaz naturel liquéfié).

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Des années plus tard, le spécialiste des engins de voirie Europe Service a fait appel au CRMT pour rétrofiter au GNV une balayeuse compacte Schmidt. Révélée en 2018, cette CleaNGo exploitée un peu partout en Europe est toujours commercialisée. Bénéficiant du soutien de Transdev, de GRDF et de la région des Pays de la Loire, la conversion au biogaz des autocars diesel Iveco Crossway Euro 6 semble bien partie. Le CRMT propose aussi toujours de modifier ce modèle dans sa version Euro 5.

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