McDonald's, Lidl,… : est-ce le futur de la recharge dans les petites villes de province ?

En quelques années, l’offre de recharge pour véhicules électriques a considérablement évolué dans cette ville de 4 500 habitants, à l’extrême sud-est de l’Ille-et-Vilaine et de la Bretagne. Est-ce un modèle à suivre pour toutes les communes d’une taille similaire ? Est-ce le paradis pour les électromobilistes de plus en plus nombreux dans le secteur ? Le matériel est-il accessible, entretenu, et respecté ? Réflexions à partir d’un constat en France : de plus en plus de points de recharge ont été mis en service, mais il apparaît toujours difficile çà et là à des automobilistes de passer à la voiture électrique.

Une ville représentative ?

Intégrée à Vitré communauté, la ville de la Guerche-de-Bretagne est bien plus proche des départements de la Mayenne, de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire que de la mer. Est-elle représentative des communes d’une taille proche ? Elle brasse des caractéristiques très diversifiées, à commencer par un poil de curiosités touristiques qui ne feront pas venir beaucoup de monde de loin et une volonté évidente de la municipalité d’en faire une ville fleurie.

Située à l’écart des grandes routes à quatre voies dont celles de Rennes (35) à Laval (53) et de Rennes à Nantes (44), elle compte un lycée hôtelier, mais affiche une certaine carence en restaurants attractifs ouverts le week-end et en particulier le dimanche soir. À l’opposé d’un centre-ville attristé par les devantures fermées ou cloisonnées d’anciens commerces, deux principales zones hébergent des entreprises qui entretiennent le dynamisme économique au point d’attirer une main d’œuvre originaire des pays de l’Est.

C’est là que Velox assemblait à la main depuis 2019 les roues des vélos à assistance électrique Angell. Juste en face, l’imprimerie Raynard spécialisée dans la réalisation des calendriers des banques et appartenant au groupe Exacompta, Clairefontaine a été liquidée il y a deux ans environ.

De 0 à 14 points de recharge en quelques années

Bref, la Guerche-de-Bretagne est surtout une ville qui cherche son futur en s’appuyant à la fois sur ses acquis et sur son ouverture au monde, le tout symbolisé par son marché dont l’origine remonte à 1’an 1 121. Les premières bornes de recharge pour véhicules électriques sont bien sûr beaucoup plus récentes. Sur le Net, on retrouve la trace de l’inauguration début mai 2017 de celle à double point 22 kW AC installée sur la place du Champ de Foire par le syndicat départemental de l’énergie au titre de son réseau Bea. Alimenté à l’origine par Enercoop, il est intégré au maillage Ouest Charge.

Il est plus difficile de retrouver l’antériorité des infrastructures mises en place chez Super U. Y a-t-il eu sur place de la recharge rapide CCS2/CHAdeMO ? C’est ce que laisse supposer le site Coparking.ch sur la Toile, mais nous avons un doute. En revanche, il y avait bien deux points 22 kW AC opérés par ZEBorne, remplacés récemment par du matériel géré par Izivia.

Depuis, l’ouverture d’un supermarché Lidl en octobre 2022 puis d’un restaurant McDonald’s en décembre de l’année suivante ont ajouté en peu de temps quatre points de recharge DC et six prises 22 kW AC. Notre photo montre à la fois depuis son parking les bornes du magasin de l’enseigne allemande, ainsi que le McDonald’s tout au fond et le Super U plus près et sur la droite. Le rêve pour tout électromobiliste ?

La borne du SDE35

Gratuite au début, la recharge sur la borne 22 kW AC du SDE35 a ensuite été facturée 0,22 euro le kilowattheure aux abonnés pour passer d’un coup à 0,49 en janvier 2023 avant de redescendre au tarif actuel de 0,40 euro. Cette forte hausse a déjà été expliquée sur Automobile Propre par le renouvellement du contrat d’approvisionnement en électricité intervenu dans un contexte de crise de l’énergie.

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À partir de cinq heures de branchement sur la tranche 7 h 00 / 21 h 00 s’applique une pénalité de 0,20 € par minute de branchement. Bien que cette grille apparaisse dissuasive, cette borne, dont la puissance de recharge individuelle est divisée par deux lorsque les deux points sont mobilisés, est régulièrement utilisée, notamment par des professionnels. Il n’est donc pas toujours possible de s’y brancher.

Rarement en panne, elle a toutefois été indisponible plusieurs semaines l’hiver dernier, un délai en partie dû à la remontée tardive du défaut par les utilisateurs. Le mardi, jour du grand marché, des voitures thermiques viennent fréquemment occuper les places dédiées à la recharge, sans crainte d’une verbalisation. Notre tour d’horizon réalisé au cours du week-end du 15 août 2025 met en outre en évidence qu’en raison de la fête foraine qui va se tenir jusqu’à la fin de la première semaine de septembre, la borne du SDE35 est inexploitable, barrée par un camion.

C’est vraiment un problème pour ceux qui ne peuvent brancher chez eux leur voiture électrique et qui réside ou travaille à proximité. L’année dernière, la municipalité avait pourtant pris soin d’en réserver l’accès avec des barrières, mais on peut imaginer les réticences des électromobilistes à laisser leur VE à côté d’une foule qui s’amuse. De ce fait, la sous-exploitation du matériel sur cette période a sans doute mis en terme à l’effort de la collectivité.

En dépannage : les bornes du Super U

Jusqu’en octobre 2022, sauf à faire passer un câble de recharge depuis chez soi jusqu’à la voiture, la seule alternative locale à la borne du SDE35 était les deux points de recharge 22 kW AC du Super U. Bien qu’un panneau indiquait une gratuité limitée à une heure avant facturation, il était possible de l’exploiter sans présenter de badge, sans interruption et sans facturation. Toutefois, ce matériel s’est mis à dysfonctionner, volontairement ou non : bien que sous tension (voyant vert), il passait directement en défaut (rouge) dès le branchement d’un câble.

Deux nouvelles bornes de même puissance ont été installées il y a quelques mois. En raison du manque de communication sur l’indisponibilité lors de la gestion par ZEBorne puis concernant le nouveau service contrôlé par Izivia, les électromobilistes n’ont pas repris l’habitude de brancher leur voiture à cette station. D’autant plus que la tarification apparaît bien dissuasive face à celle des 150 kW DC du chargeur dressé tout à proximité sur le parking du restaurant McDonald’s.

Ça commence par un euro par session auquel s’ajoute 0,30 euro du kilowattheure entamé, et 0,033 euro de pénalité à la minute (2 euros pour une heure) au bout de deux heures sur la tranche de 8 h 00 à 20 h 00. De quoi expliquer que les deux places abritées des intempéries à droite de l’entrée du magasin restent le plus souvent libres. Un mieux toutefois : le service n’est plus limité aux jours et horaires d’ouverture du supermarché, mais accessible 24/7.

A (re)découvrir, les bornes Lidl

De l’autre côté de la route de Nantes, chez Lidl La Guerche-de-Bretagne, ça ne se bouscule pas trop non plus devant les trois bornes 22 kW AC et le chargeur 180 kW, offrant chacun deux points de recharge. C’est plutôt une aubaine, car aujourd’hui un électromobiliste, même en itinérance, peut quasiment à coup sûr régénérer ici sa batterie et éventuellement se trouver rapidement dans le magasin quelque chose à grignoter ou effectuer quelques courses. Ce qui peut aussi expliquer un relatif manque d’affluence, ce sont les dysfonctionnements qu’ont pu essuyer les utilisateurs, ainsi qu’une marche à suivre pas toujours intuitive.

Sur le chargeur DC, par exemple, le point CCS1 à gauche ne fonctionne qu’avec l’application Lidl, pour une puissance pouvant grimper jusqu’à 120 kW. De l’autre côté, le CCS2 n’est accessible qu’avec un badge d’opérateur de mobilité, comme Chargemap par exemple. Mais le flux maximum est là limité à 60 kW. Ici, la tarification est simple et plus accessible que sur les bornes du SDE35 et de Super U. Hors commission facturée en passant par un intermédiaire, sans limite ni pénalités à la durée, le kilowattheure est à 0,29 euro en AC et 0,39 en DC.

Accessible 24/7, le matériel est installé dans un coin assez tranquille et aéré du parking, ce qui est plutôt agréable. S’il ne fonctionne pas, bien lire et respecter les instructions. En exemple, lors de notre passage ce dimanche 17 août vers 7 h 30, le chargeur 180 kW n’était pas opérationnel. Indiquant que le bouton d’arrêt d’urgence avait été activé, l’écran donnait la procédure toute simple de redémarrage que nous avons donc pu tester. Ça n’a pris que quelques secondes pour que la borne soit à nouveau opérationnelle.

Tarif intéressant chez McDonald’s pour 30 minutes max

L’offre en recharge la plus récente est localisée à La Guerche-de-Bretagne à quelques dizaines de mètres des bornes de Super U et Lidl, sur le parking du restaurant McDonald’s. Là se trouve un chargeur avec deux connecteurs CCS2 pour une puissance jusqu’à 150 kW et une prise T2 pour le 22 kW AC. Il n’y a cependant que deux places situées juste devant et à gauche de l’entrée, en enfilade avec un emplacement dédié aux personnes avec un handicap, trois autres pour le service Click&Collect et trois dernières accessibles à tous.

La borne fait partie du programme lancé en novembre 2023 en partenariat avec Izivia pour équiper les restaurants de l’enseigne américaine. Attrayante, la tarification du service amène régulièrement des électromobilistes à toute heure, y compris lorsque l’établissement est fermé. En période « Happy hour », entre 10 h 00 et 11 h 30 puis de 15 h 00 à 18 h 00, le kilowattheure via connecteur CCS est facturé 0,30 euro, contre 0,35 le reste du temps.

Mais attention, dans les deux cas, après une heure de connexion s’applique une pénalité de 0,30 euro à la minute. Pour précision, la tarification est uniforme sur toute la session. Ainsi, en branchant à 11 h 29 pour une déconnexion vingt minutes plus tard, par exemple, c’est bien le seul tarif préférentiel qui servira de base à la facturation.

La recharge toujours accessible

Parce qu’il n’y a que 21 places accessibles à tous devant le magasin et que celles dédiées à la recharge sont très proches de l’entrée, nous avons voulu constater l’éventuelle présence de voitures ventouses pouvant nuire aux électromobilistes. Pour cela, nous sommes venus sur place samedi 16 août 2025 lors du service du midi et celui du soir. En arrivant à 11 h 00 ce jour-là, il y avait déjà une Tesla Model 3 en charge qui est restée branchée jusque vers midi environ, soit un minimum de 9 euros de pénalités en plus des kilowattheures.

D’abord peu encombré, le parking a connu son maximum d’affluence à l’approche de 13 h 00. À aucun moment les places dédiées à la recharge n’ont été occupées par des voitures thermiques. Constat similaire en soirée où seulement un camping-car un peu trop long pour prendre une place classique a barré les deux devant la borne. Son conducteur est toutefois resté au volant, pouvant les libérer si des voitures électriques arrivaient.

Avant lui, une Peugeot e-208 est restée en charge trente minutes entre 19 h 20 et 19 h 50. Comme le midi avec la Model 3, les occupants ne se sont pas restaurés chez McDonald’s, préférant a priori se trouver quelque chose à avaler au Super U à côté.

Une configuration qui sauve les places pour recharger

Ce samedi 16 août, recharger une voiture électrique n’a pas été un problème. Bien que la clientèle du restaurant étaient des plus variés, comprenant entre autres des locaux, des vacanciers et des forains, les places devant la borne sont toujours restées libres en dehors des VE mis en recharge. Même la Tesla Model Y, la BMW i4 et l’Opel Corsa-e transportant des personnes qui ont dîné chez McDonald’s ont été garées ailleurs.

Lorsque le petit parking devant l’établissement a commencé à être saturé, nous nous attendions à constater des actes d’incivilité. Pas ici ce jour-là. Lorsque la place réservée aux personnes avec un handicap a été occupée, c’est bien parce qu’il y avait à bord une personne avec un fauteuil roulant. Qu’on fait les autres clients du restaurant quand le petit parking a été plein ? Certains ont décidé d’utiliser le drive à la rotation assez fluide. D’autres sont tout simplement venus se garer du côté du Super U lors fermés.

Conclusion

Avec désormais quatorze points de recharge à La Guerche-de-Bretagne, les électromobilistes locaux et de passage ne devraient pas souvent se retrouver bloqués pour régénérer la batterie de leurs VE. Heureusement qu’une certaine diversité existe dorénavant pour contourner les difficultés, en particulier l’inaccessibilité à la borne du SDE35 lors de la fête foraine et le mardi matin en raison du marché.

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Les personnes qui font attention au prix du service pourront éviter de l’exploiter. Même chose pour celles du Super U qui apparaissent aussi explicitement dissuasives pour de la recharge AC avec une voiture équipée en 7 ou 11 kW et branchée uniquement le temps des courses. Au moins la part fixe d’un euro est de trop. Les automobilistes qui pourront se contenter de 30 minutes au maximum sur chargeur DC ont intérêt à s’arrêter chez McDonalds’s. Dans le cas contraire ou si déjà deux VE branchés, les infrastructures du magasin Lidl deviennent la solution à privilégier.

Globalement, sans être parfaitement idéale, la situation de La Guerche-de-Bretagne est plutôt bonne pour les utilisateurs de véhicules électriques. Ce n’est pas le cas dans toutes les communes de la même taille. N’hésitez pas à indiquer dans les commentaires comment c’est chez vous.