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Les constructeurs généralistes ont promis une démocratisation de la voiture électrique avec une nouvelle génération de citadines branchées aux prix semblables à leur équivalent thermique. Mais les choses se compliquent…
Pourquoi n’êtes-vous pas encore passé à l’électrique ? Parce que c’est cher ? C’est une explication que l’on entend encore souvent. Et on ne peut dire le contraire. Une Renault Zoé s’affiche à partir de 33 700 €. C’est près du double du prix de base d’une Clio essence !
Mais les constructeurs nous ont promis du changement. À les écouter, l’année 2025 va marquer un tournant, avec l’arrivée d’une nouvelle génération de voitures électriques qui doivent démocratiser ce type de motorisation. Ce sont évidemment le plus souvent des citadines : Fiat Punto, Renault 5, Volkswagen ID.1… Avec ces véhicules, la voiture électrique entrera dans une nouvelle dimension en matière de volumes de ventes.
Et donc de volumes de production. Cet aspect est l’un des éléments clés pour faire baisser les prix. Produire plus, c’est logiquement faire baisser les coûts. Surtout, pour la voiture électrique, le moment des économies d’échelle arrive enfin, avec le partage d’éléments techniques entre les modèles et entre les marques. L’investissement de départ, très important, n’est plus fait pour de petites quantités, mais pour des centaines de milliers, voire des millions de véhicules.
Tous les groupes se sont notamment lancés dans la mise au point de bases modulaires : MEB chez Volkswagen, STLA chez Stellantis, e-GMP pour Hyundai/Kia… Chez Renault/Nissan, il y a la CMF-EV, inaugurée par les Ariya et Megane E-Tech, et qui servira en 2023 au nouveau Scenic et à la remplaçante de la Leaf, puis en 2024 au crossover Alpine.
Pour ses citadines, l’Alliance a toutefois fait un autre choix économique : adapter à l’électrique la plate-forme CMF-B de la Clio, ce qui permet d’avoir des composants communs au thermique et à l’électrique… et donc de booster davantage les quantités. Renault a annoncé que cette nouvelle base CMF-BEV coûtera 33 % de moins que celle de l’actuelle Zoé. Cette CMF-BEV doit équiper 250 000 véhicules par an, en étant utilisée par Nissan, Alpine, mais aussi Dacia. À titre de comparaison, Renault a assemblé 70 000 Zoé en 2021.
L’autre élément très important pour rendre la voiture électrique plus abordable, c’est évidemment la batterie. D’autant plus que c’est à cause d’elle qu’une voiture électrique coûte encore si cher ! Sur ce point, les groupes misent sur une forte baisse des prix. L’Alliance Renault-Nissan pense diviser par deux ce coût d’ici 2026. Et le réduire de 65 % d’ici 2028. Lors de son EV Days, en 2021, Stellantis disait que son objectif était « de réduire les coûts des modules de batteries des véhicules électriques de plus de 40 % sur la période 2020-2024 et de plus de 20 % supplémentaires d’ici 2030 ».
Pour cela, tous les éléments constitutifs des packs batteries sont pris en compte : l’optimisation de l’ensemble du module, la simplification de leur format, l’augmentation de la taille des cellules de batteries et l’amélioration de leur chimie. Exemple : aux États-Unis, Ford vient d’annoncer l’arrivée de batteries lithium-fer-phosphate, à côté des nickel-manganèse-cobalt. Selon la marque, ces batteries LFP seront 10 à 15 % moins coûteuses que les NMC.
Grâce à un travail poussé sur les bases, moteurs et batteries, plusieurs constructeurs se sont fixé un objectif symbolique pour le futur véhicule électrique « populaire » : un ticket d’entrée à 20 000 €, équivalent au thermique. Si vous trouvez que 20 000 € c’est encore beaucoup, cela est déjà le prix d’une citadine essence avec un moteur et un équipement corrects : une Clio equilibre TCe 90 ch est à 19 900 €.
À lire aussiLa voiture électrique peut-elle vraiment devenir abordable ?Un tarif qui va peut-être en surprendre certains, qui n’ont pas pris conscience de l’envolée des prix des voitures ces derniers mois. Et voilà le gros souci pour certaines marques : la promesse d’une voiture électrique dès 20 000 € date parfois un peu. Et depuis l’effet d’annonce, la crise sanitaire du Covid a engendré une crise économique et une crise énergétique, celles-ci étant renforcées en 2022 par la guerre en Ukraine.
Illustration de cette tendance : la moins chère des voitures électriques est devenue bien plus chère en quelques mois ! Lancée au printemps 2021 au prix de 16 990 €, la Dacia Spring commence maintenant à 19 800 €. La voici d’ailleurs déjà au niveau du seuil symbolique des 20 000 €, qu’elle pourrait franchir lors d’une prochaine hausse.
Cette flambée s’explique essentiellement par une envolée du cours des matériaux. Et les électriques sont doublement pénalisées, puisque la hausse des matières premières influe sur des éléments comme la carrosserie, mais aussi la batterie. Selon le cabinet AlixPartners, le coût en matières premières pour les véhicules électriques a augmenté de 123 % entre avril 2021 et mai 2022, à cause notamment du cobalt, du nickel et du lithium, alors que la hausse pour le thermique est de 91 % en deux ans. À cela s’ajoutent la flambée des prix du transport et ceux de l’énergie…
Voilà qui complique sérieusement l’équation des constructeurs. Werner Tietz, vice-président recherche et développement de Cupra, a fait part de son inquiétude face à l’inflation. Si celle-ci se poursuit, ce sera un problème pour arriver à proposer des voitures électriques à 20 000 €.
Arnaud Ribault, responsable de Citroën au niveau européen, déclarait récemment à nos confrères d’Autocar : « le travail que nous faisons maintenant est de baisser le coût des voitures pour compenser la hausse du coût des matières premières et celle de l’électrification ». Il va donc falloir regarder tous les postes de dépenses.
Et peut-être rogner sur la fiche technique ? Car il ne faut pas se leurrer. Si Renault espère avoir une R5 à 20 000 € en entrée de gamme, ce sera assurément avec une petite batterie. Ainsi, si le Losange a déjà promis 400 km d’autonomie avec la base CMF-BEV, la moins chère des R5 devrait avoir 200 à 250 km d’autonomie. Un double positionnement que l’on connait déjà avec la Fiat 500 électrique, qui existe avec deux batteries et deux autonomies (190 et 320 km). La R5 d’accès se placerait ainsi en remplacement de la Twingo électrique, qui commence maintenant à 24 050 €.
Être à 20 000 €, c’est possible, mais avec des prestations moindres. On imagine qu’une R5 à la configuration équivalente à la Zoé actuelle, soit 110 ch et 400 km d’autonomie, ce sera au mieux au prix de 25 000 €. Soit le prix d’une Zoé… avec le bonus. Car l’autre défi des marques est de faire face à l’arrêt progressif des aides gouvernementales. En France, le bonus doit passer à 5 000 € en 2023, et surement à 4 000 € en 2024.
De manière plus générale, avec leurs véhicules citadins et compacts, pour contenir les prix, les constructeurs vont contenir la taille des batteries, et faire preuve de pédagogie auprès des clients : 400 km d’autonomie, cela suffit pour les trajets du quotidien et les escapades de week-end. Pour les longs trajets, il y aura la recharge rapide. Il faudra apprendre à profiter des pauses pour remettre un peu de jus. Avec un autre défi : développer ce réseau de bornes rapides…
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