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La marque italienne a travaillé avec un designer star d’Apple pour inventer l’intérieur de ses futurs modèles.
Vous ne connaissez peut-être pas Jonathan Ive. Mais sachez qu’il est peut-être dans votre poche. Ou à votre poignet. Ou encore derrière l’écran sur lequel vous lisez cet article. Ce designer britannique, âgé de 57 ans, a travaillé pendant près de trois décennies chez Apple. Ce disciple de Steve Jobs a participé au dessin de l’iMac, de l’iPod, de l’iPhone, de l’iPad, du MacBook ou de l’Apple Watch. Il a aussi défini la déco minimaliste des Apple Store. Au cours des trois dernières années, Jonathan Ive a planché sur l’intérieur de la toute première Ferrari électrique. Elle sera révélée le 9 octobre prochain.
À lire aussiDu rouge au vert : quel futur électrique (ou pas) pour Ferrari ?En mars dernier, un journaliste du New York Times s’est rendu chez LoveFrom, le nouveau studio de Jonathan « Jony » Ive, basé à San Francisco. Il en est revenu avec des infos sur les premiers contacts entre le grand patron de Ferrari et le designer londonien : « John Elkann a fait appel à l’entreprise, car il admirait comment l’Apple Watch avait transformé un outil analogique en produit numérique. Il voulait le même ressenti pour la première Ferrari électrique ».
L’accord fut annoncé fin 2021. LoveFrom, la boîte de Jony Ive, fut mandatée pour travailler sur l’habitacle du futur modèle au cheval cabré. Dans un immeuble du début du XXe siècle, au cœur de San Francisco, on s’est creusés les méninges : « En janvier (2024, ndlr.), John Elkann a visité le studio pour une réunion de plusieurs heures à propos du volant de la voiture. Il écouta Jony Ive et d’autres parler des dimensions exactes du volant et de la manière dont les conducteurs devaient le tenir. Le pilote d’essai en chef de Ferrari a testé un prototype du volant, qui empruntait des éléments de l’histoire de la marque, pour évaluer ses performances ».
L’article du New York Times se poursuit avec une citation de John Elkann : « Porter son attention sur le volant d’une voiture qu’on a envie de conduire et la physicalité de ce que cela signifie était un point sur lequel Jony était très clair ». Et le volant de la première Ferrari électrique sera, d’après Elkann : « quelque chose de très, très différent ».
Au-delà de ces déclarations, des indices permettent de se faire une idée plus précise des pistes explorées les designers de San Francisco pour le compte de Maranello. Il s’agit des demandes de brevet déposés par Ferrari S.p.A désignant Jonathan Ive comme inventeur.
Dans cet article, nous examinons les demandes de brevets déposées par Ferrari. Ce titre de propriété industrielle protège « un produit ou un procédé qui apporte une nouvelle solution technique à un problème technique donné » comme l’écrit l’INPI, chargé de la question en France. Cela ne signifie pas que les objets décrits verront automatiquement le jour en série. Une entreprise peut faire une demande de brevet mais ne pas industrialiser la technologie.
Quelques grandes idées se dessinent à leur examen. Première obsession : faire du démarrage de la voiture un évènement. En l’absence de V8 à la voix métallique ou de V12 hurlant à la lune, c’est plus difficile qu’auparavant. Comme nous vous l’expliquions il y a quelques mois, Ferrari travaille néanmoins sur des moyens de générer du son, sans pour autant passer par les enceintes.
À lire aussiLa première Ferrari électrique fera du bruitMais Jony Ive et ses équipes ont tenté de traiter le démarrage discret de l’électrique en sollicitant un autre sens : la vue. Première piste : aller au-delà du simple bouton « start » mettant en marche le véhicule. Dans une demande, les designers imaginent un sélecteur rotatif rappelant le manettino. Il pourrait être placé sur la console centrale et rétroéclairé. La couleur affichée permettrait de savoir si le véhicule est démarré.
Dans une autre demande, c’est un levier de commande de rapport qui pourrait porter un sélecteur rotatif, là aussi lumineux. C’est lui qui ordonnerait la mise en route des fonctions électriques du véhicule.
On peut aussi imaginer un volant lui aussi doté d’un dispositif lumineux. Celui-ci éclairerait une zone transparente situé sur le moyeu, informant lui aussi le conducteur ou la conductrice du démarrage du véhicule. Surtout, le volant pourrait porter un petit écran circulaire. Le document montre la vitesse instantanée et l’heure. Ces deux indications sont entourées par une graduation qui pourrait, par exemple, signaler le régime des rotors des machines électriques.
Incidemment, l’équipementier allemand ZF avait annoncé il y a quelques mois la création d’un nouveau volant. Il permet le déploiement de l’airbag tout en autorisant la pose d’un écran sur le moyeu. Il est donc techniquement possible de voir prochainement cette innovation en série…
Poursuivons sur le chapitre du démarrage. Un autre document détaille un système identifiant, à l’aide d’un lecteur biométrique, un conducteur autorisé à conduire le véhicule. Il peut prendre la forme d’un capteur de quelques centimètres carrés placé sur la console centrale et un conducteur y apposant son index. Le véhicule vous autoriserait à démarrer en vérifiant vos empreintes digitales.
On peut aussi imaginer une caméra vidéo utilisant la reconnaissance facile – comme sur les téléphones… – ou l’identification de l’iris. L’équipementier Continental a présenté récemment un système voisin.
Les équipes de LoveFrom ont aussi travaillé sur la place des écrans à bord. Ces dernières années, ils ont envahi les habitacles de nos voitures, culminant avec le système Hyperscreen de Mercedes, courant d’une portière à l’autre. Ferrari intégrait jusqu’ici ces « tablettes » avec une certaine prudence.
Une demande décrit un écran pivotant manuellement pour s’orienter, au choix, vers le conducteur ou son passager. Un autre document envisage aussi un écran en deux parties, glissant sur des sortes de rails. On pourrait ainsi regrouper les deux tablettes pour n’en former qu’une seule. Ailleurs, l’écran pivoterait sur un axe pour se glisser dans la planche de bord.
Les designers ont également déposé une demande de brevet concernant un écran déroulant. Il y a un an, Samsung avait présenté au CES un dispositif OLED à destination de l’automobile conçu de cette manière. La taille du prototype coréen est imposante. Peut-on déjà imaginer une déclinaison en série ?
Il y a deux ans, Ferrari avait signé avec le géant coréen un protocole d’accord pour « des solutions innovantes d’affichage » pour « des modèles de la prochaine génération ».
Étudiant, Jonathan Ive avait envisagé de se lancer dans le design automobile. Il suivit une formation dédiée au milieu des années 1980 : « Les cours étaient plein d’étudiants qui faisaient vroum vroom en dessinant », racontait-il en 2014, dans l’une de ses rares interviews, au magazine américain Time. Très peu pour lui.
Il préféra suivre un cursus en design industriel. Vainqueur d’une bourse pour son dessin d’un étrange téléphone, il s’envola pour la Silicon valley. Ive fut recruté par Apple en 1992. Lorsque Steve Jobs revînt aux commandes de la pomme au milieu des nineties, il confia au designer le projet iMac : le créatif inventa notamment le plastique transparent de l’écran.
Devenu vice-président d’Apple, il participa à la redéfinition esthétique de l’électronique grand public, tout en imaginant de nouveaux usages et des interactions inédites avec l’utilisateur… Et l’automobile ? Résident à San Francisco, il a longtemps parcouru l’heure de route entre la métropole et le siège d’Apple à Cupertino à bord de confortables anglaises. Bentley Mulsanne, Rolls-Royce Silver Cloud ou Aston Martin DB4…
Sur les écrans, on note la présence d’un chrono et d’un tracé – en l’occurrence Monza. Ceci pointe logiquement vers une utilisation sportive sur piste. Les boutons, leviers et interrupteurs pourraient être physiques, facilitant leur utilisation sans quitter le tracé des yeux. Des écrans orientables, coulissants ou roulants permettraient, par exemple, à un conducteur moins expérimenté de dialoguer plus facilement avec un coach de pilotage assis sur le siège passager.
Le sujet « circuit » avait déjà été exploré par Ferrari. Avant même les interventions de Jony Ive, la marque avait déposé un brevet concernant un système de réalité augmentée. L’idée ? Utiliser des signaux lumineux, projetés sur des lentilles attachées à un casque. Objectif : aider le pilote à optimiser ses trajectoires.
Le bureau de design californien a également envisagé d’installer un autre écran. Celui-ci trouverait sa place à l’intérieur de la trappe du chargeur. Sur le schéma, on peut ainsi lire des indications pouvant être l’état de charge de la batterie, l’autonomie restante à l’instant T ou une estimation du temps restant pour atteindre 80 ou 100 %.
Petit détail amusant : le dessin technique indique une batterie avec un état de charge à 67 % et une autonomie restante de 442 kilomètres. Viserait-on par hasard un rayon d’action de 660 kilomètres à Maranello ?
Enfin, les designers de Jonathan Ive ont imaginé un siège innovant, habillé de coussins maintenus ensemble par un système magnétique. Ces inserts amélioreraient le confort en s’adaptant à la morphologie de chaque conducteur. Ils pourraient par ailleurs être fabriqués avec des imprimantes 3D. Des déclinaisons confort ou circuit – assurant un meilleur maintien latéral – pourraient être envisagées.
Ailleurs, les designers de LoveFrom imaginent une autre innovation. Traditionnellement, plusieurs boutons placés, par exemple, sur le côté de l’assise ou sur la contre-porte, permettent de régler la position de conduite. Jony Ive et ses comparses ont imaginé une commande unique. D’une forme évoquant un champignon, elle permet à la fois de régler la distance avec le pédalier, la hauteur de l’assise, l’angle avec le dossier et le maintien lombaire.
Quelles astuces imaginées par Jony Ive retrouverons-nous à bord de la première Ferrari électrique ? La réponse arrivera rapidement. Benedetto Vigna, l’administrateur délégué de Ferrari l’a confirmé en février, lors de la présentation des résultats financiers de l’entreprise. Ferrari présentera son premier modèle électrique le 9 octobre prochain, à son siège de Maranello (Italie).
En juin dernier, le bureau italien de l’agence Reuters indiquait que le prix du premier modèle électrique serait supérieur à 500 000 euros. Selon les rumeurs, deux modèles de VE seraient prévus dans un premier temps. Le premier pourrait être une sportive surélevée, un peu plus ramassée que la récente Purosangue. Le second présenterait une silhouette ramassée.
Ferrari a inauguré l’été dernier son tout nouveau e-building,, situé sur son « campus » de la bourgade industrielle de Maranello. Le bâtiment abrite une nouvelle ligne. Le cheval cabré y fabriquera aussi ses propres moteurs électriques et assemblera ses modules de batteries. Ce qui est certain, c’est que le projet F244 sera une rupture dans l’histoire de Ferrari.
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