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Est-ce Tesla qui est en avance ou les autres qui sont en retard ?

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Homme des cavernes
Homme des cavernes

La clé de la réussite de Tesla ? Tout est conçu et fait maison, autour du système d’exploitation.

« Tesla c’est le futur, ils sont trop en avance sur tout, personne ne les rattrapera, ça sent le sapin pour les constructeurs historiques ».

Même si ce n’est pas exactement dans ces termes, combien de fois avons-nous entendu – et approuvé – ce genre d’affirmation ?

En moins de 20 ans – et même moins de 10 si l’on compte les années entre le premier Roadster et la Model S – Tesla a littéralement atomisé l’industrie automobile, et cela en entrant par la porte très étroite et balbutiante de l’électrique. Depuis, le secteur s’est un peu réveillé, et sous les coups de boutoir du trublion californien, s’est bon an mal an mis en ordre de bataille, pour le meilleur et parfois pour le pire.

Rarement une industrie aura été aussi profondément bousculée, puis transformée ou « disruptée » par un challenger venu de nulle part. Certes il y a eu l’informatique avec Microsoft, puis la téléphonie mobile avec Apple et l’iPhone, mais il s’agissait dans les deux cas de marchés très jeunes, pas d’industries lourdes ayant pignon sur rue depuis plus d’un siècle.

L’innovation Tesla a mis la concurrence en PLS

Pour s’imposer dans ce milieu et être capable de tenir la dragée haute aux baronnies bien installées depuis presque une centaine d’années, il fallait être capable de proposer un produit et une approche complètement nouveaux. C’est ce que Tesla a fait.

Et c’est ce qui fait également que le champion américain garde comme un totem d’immunité éternel cette image d’innovation et d’avance abyssale sur la concurrence. Et cela lui réussit plutôt bien puisque Tesla est le leader mondial des ventes de véhicules électriques. En 2023, la marque américaine devrait écouler plus de 1,2 million de voitures électriques dans le monde.

Une domination de Tesla qui est donc souvent attribuée à son avance technologique. Le constructeur américain a été le premier à commercialiser des voitures électriques à grande échelle, et il continue d’innover dans les domaines de la batterie, de l’autonomie et de la conduite autonome. Le constructeur dispose également d’un avantage concurrentiel en termes de production. Le constructeur américain a construit ses propres usines de production, ce qui lui permet de contrôler sa chaîne d’approvisionnement et de réduire ses coûts.

Mais est-ce vraiment Tesla qui est en avance, ou les autres qui sont en retard ?

En fait, c’est avant tout une question de cohérence. Au même titre qu’Apple maitrise l’intégralité de la chaine de valeur en produisant le matériel (hardware) et le logiciel (software), Tesla propose également des produits intégralement conçus et fabriqués dans ses bureaux d’études et ses usines. C’est ce qui lui permet de pousser son avantage aussi bien dans la fabrication des composants de ses voitures que dans ceux de son système d’exploitation, communément décrit comme le plus avancé et performant.

Tesla est-il pour autant à des années-lumière devant la concurrence ? Pas sûr. En fait, Tesla est à sa place, celle que devraient occuper tous les constructeurs aujourd’hui depuis qu’ils ont entamé leur mue vers l’électrique. Car oui, en 2023, toutes les voitures électriques devraient proposer a minima 500 kilomètres d’autonomie, une consommation moyenne ne dépassant pas les 15 kWh/100 km, une charge rapide d’au moins 200 kW, un planificateur d’itinéraire fiable et performant, un système d’exploitation fluide et facile d’utilisation, des équipements en série sans avoir à vendre un rein, une conduite autonome, des fonctionnalités connectées facilitant la vie de l’électromobiliste, et un réseau de recharge propriétaire (ah non ça on me souffle dans l’oreillette que ça n’existe pas).

Bref, la base.

On en est encore loin. C’est ce qui donne cette impression que Tesla est en avance, alors qu’en réalité ce sont les autres qui sont en retard. Ou plus précisément, qui ne proposent pas une expérience homogène. Car si vous voulez obtenir tout ce que propose Tesla chez d’autres marques, une seule auto ne suffira pas, il faudra en acheter plusieurs et les mixer pour obtenir un résultat équivalent. Une Porsche Taycan pour la performance, une Hyundai Ioniq 6 pour l’efficience, une Mercedes pour la qualité du planificateur, une BMW pour la conduite autonome, une Dacia Spring pour la sobriété, et une Audi e-tron avec 25 000 euros d’options pour les équipements. A ce prix alors, vous cocherez à peu près toutes les cases que coche d’entrée une Tesla, et vous aurez l’équivalent d’une Tesla, qui elle coûte moins de 50 000 euros, l’intégration permettant aussi de tirer les prix vers le bas.

Avouez que ça fait un peu cher pour se mettre à l’heure.

L’intégration, élément-clé de la réussite

Car au final, ce que propose Tesla n’a plus rien de révolutionnaire ni de futuriste, et nombre d’autres marques automobiles offrent des prestations qui n’ont rien à lui envier. Le principal avantage de Tesla ? Être un peu meilleur, voire simplement au même niveau que les autres, mais dans tous les critères. Malgré une gamme vieillissante composée de modèles dont l’âge oscille entre 2 et… 10 ans.

C’est le prix de l’intégration, et sur ce point, Tesla est imbattable. Car Elon Musk avait bien compris une chose dès le départ, du fait de ses expériences précédentes : écrire des lignes de code ne coûte pas grand chose, et peut rapporter gros. Surtout quand on conçoit et fabrique des engins souvent qualifiés d’ordinateurs sur roues. Et Tesla a avant tout de très bons informaticiens, qui poussent comme la mauvaise herbe du côté de la Silicon Valley.

Car l’OS est devenu le nerf de la guerre dans l’automobile moderne. Ce n’est pas le groupe Volkswagen qui dira le contraire. Ni Volvo ou Renault – et bientôt Porsche – lorsqu’il s’agit de leur pacte avec Google.

Tesla l’a probablement compris un peu avant les autres.

Qui sont en retard, du coup. Ce qui répond au titre de cet édito.

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