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Lorsque l’on parle de véhicules électriques, tous les spécialistes n’ont pas la même vision du futur loin de là. Mais il y a au moins un point sur lequel leur opinion converge : la voiture électrique n’a pas vocation à remplacer la voiture à pétrole à l’identique. Elle n’en a de toute façon pas les moyens.
Pour réduire vraiment la dépendance au pétrole du secteur transport, il va donc falloir faire preuve d’un peu plus de volontarisme et ne pas attendre tout de la technologie. Explications.
Combien d’autres catastrophes comme celle qui vient d’anéantir la petite ville de Lac Mégantic au Québec avant que les automobilistes du monde entier prennent conscience de l’urgence à réduire sans attendre leur dépendance au pétrole ? Combien d’autres marées noires comme celle qui souilla en 2010 des centaines de kilomètres de cotes dans le Golf du Mexique aux USA après l’explosion de la plateforme pétrolière DeepWater Horizon ?
Malgré la puissance du marketing et les écrans de fumées déployés à grand renfort de dollars, il est urgent que les automobilistes aient conscience de l’impact écologique dramatique qu’exerce l’industrie pétrolière mondiale sur l’ensemble des écosystèmes terrestres, océans inclus. Et je ne parle même pas ici des quantités d’énergie colossales englouties par cette industrie pour extraire, acheminer puis transformer des pétroles de plus en plus lourds et de plus en plus sales avant d’en faire des carburants automobiles.
Sur AP, nous sommes nombreux à rappeler régulièrement les atouts indéniables des véhicules électriques pour sortir du tout pétrole dans le transport. Mais nous sommes aussi nombreux à avoir conscience que l’électrique ne pourra pas tout : Autonomie très inférieure à celle des voitures à pétroles, temps de recharge sensiblement supérieur à celui d’un plein d’essence ou de gazole, gestion de l’équilibre offre/demande de l’énergie électrique, etc…
Avant de pouvoir parcourir plus de 500 milliards de kilomètres avec des véhicules électriques1 comme le font les véhicules légers à pétrole tous les ans en France (VP + VUL), il risque de s’écouler plusieurs décennies. Ce qui est évidemment incompatible avec les pressions actuelles (économiques, environnementales, …) que fait peser l’industrie pétrolière mondiale sur la planète.
Il va donc falloir faire preuve d’une bonne dose de volontarisme, d’audace et surtout, ne pas rester dans le rôle du consommateur passif qui se contente sans dire mot de ce que les constructeurs ont a lui proposer !
Tout le monde n’a pas la possibilité d’utiliser les transports collectifs (électriques) à la place d’une voiture. Tout le monde n’a pas la possibilité d’opter pour le vélo pour effectuer les petits trajets solo du quotidien. Tout le monde n’a pas non plus les moyens d’investir ni de pouvoir utiliser un VE plutôt qu’une auto à pétrole pour les déplacements qui le justifient.
En revanche, il revient à chacun de faire le choix (ou pas) de tout mettre en oeuvre pour réduire au minimum sa consommation de pétrole ! A ce petit jeu, les français ont beau compter parmi les « bons » élèves de l’Europe en matière de choix automobile, il faut admettre que beaucoup reste à faire pour réduire le gaspillage induit par l’automobile à pétrole quotidiennement : petits trajets à froids, éco-conduite peu répandue, part des trajets effectués en voiture à pétrole y compris en milieu urbain dense, déplacements superflus, etc, etc…
On en parle trop peu souvent et pourtant, c’est un paramètre déterminant du parc automobile : acheter un véhicule neuf n’a évidemment pas la même conséquence sur l’évolution du parc roulant que d’acheter un véhicule d’occasion.
Etant donné les incitations fiscales toujours en vigueur à la faveur des véhicules Diesel les plus sobres du marché, difficile d’imaginer un revirement spectaculaire du marché automobile neuf à la faveur des véhicules hybride-essence et électriques. Néanmoins, dans les prochains mois, les révisions attendues autour du bonus/malus automobile devraient contribuer à améliorer un peu les choses.
Indépendamment des incitations fiscales qui pèsent très lourds au moment de l’achat, on peut quand même espérer un début de revirement du marché du neuf à la faveur de l’essence, de l’hybride (beaucoup de nouveaux modèles à venir) et de l’électrique pour d’autres raisons. En effet, vu les ennuis mécaniques dont ont été victimes nombre de propriétaires de voitures Diesel ces dernières années, de l’aveu même de nombreux professionnels de l’auto, les automobilistes qui songent très sérieusement à revenir à l’essence – idéalement en version hybride – seraient de plus en plus nombreux ! Et bien pourvu qu’ils disent vrai…
De toute façon, essence ou Diesel, désormais et à condition de le vouloir VRAIMENT, on peut tous2 réduire notre consommation de pétrole !
1Un rapide ordre de grandeur donne une consommation électrique correspondante en « tout électrique » de l’ordre de 100 TWh/an, soit 20 % environ de la consommation totale électrique française (+ une puissance appelée électrique supplémentaire non négligeable que le réseau actuel serait incapable de pouvoir gérer en intégralité même dans l’hypothèse d’un déploiement massif des réseaux électriques intelligents (smart grids).
2Exceptés les quelques milliers de français qui ne vont jamais à la pompe, qui n’utilisent que très occasionnellement l’avion et qui se nourrissent pour l’essentiel de produits locaux de saison, peu transformés…
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