Toyota RAV4 Trail

Perçues comme transition idéale entre le thermique et l’électrique, les voitures hybrides rechargeables ont bien caché leur jeu. Une récente étude européenne s’est intéressée aux émissions de CO2 réellement émises par ces véhicules. Et l’écart entre la théorie et la réalité est énorme.

Voitures hybrides rechargeables : l’arnaque du siècle ?

Les voitures hybrides rechargeables polluent beaucoup plus que ce que laissent penser les constructeurs automobiles. C’est le constat établi dans le cadre d’une récente étude menée par la Commission européenne. Publié le 18 mars 2024, ce rapport européen pourrait bien bousculer l’industrie. La Commission apporte la preuve que les modèles hybrides rechargeables (PHEV) produisent beaucoup plus d’émissions que ce que nous pouvions imaginer.

Théoriquement, les hybrides rechargeables sont censés offrir « le meilleur des deux mondes » : une batterie qui permet une autonomie suffisante pour rouler en électrique au quotidien, et un moteur à essence (plus rarement diesel) pour les trajets plus longs. Cette double fonction permet aux voitures hybrides rechargeables d’être considérées depuis plusieurs années par la plupart des consommateurs comme « une bonne alternative » pour moins polluer et comme une première étape avant l’électrique.

Dans l’imaginaire collectif, les PHEV permettent de rouler essentiellement en électrique et de n’utiliser le moteur thermique que de manière occasionnelle. Le problème, c’est que ce n’est pas le cas. L’étude de la Commission européenne montre que les véhicules hybrides rechargeables polluent beaucoup plus que ne l’indiquent leurs étiquettes. Même si, heureusement, c’est toujours moins que les thermiques. Les constructeurs surestiment les capacités de leurs modèles en version électrique.

Les utilisateurs ne branchent pas leurs véhicules

Mais il se trouve que ce n’est pas uniquement de leur faute. En effet, c’est aussi parce que les utilisateurs ne branchent pas suffisamment leur voiture sur une borne de recharge. Pour faire simple, les propriétaires de modèles hybrides rechargeables utilisent le moteur à combustion interne beaucoup plus souvent que prévu. Les auteurs estiment que les utilisateurs qui s’intéressent réellement aux technologies d’électromobilité « optent plutôt pour des modèles 100 % électriques ».

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L’étude révèle que la différence entre les émissions annoncées par les marques et les émissions réelles des hybrides rechargeables est élevée. Avec une moyenne à 200 %, l’écart diffère d’un pays à l’autre en raison des schémas d’utilisation des véhicules. Les écarts vont de + 176 % (en Finlande) à + 287 % (en Pologne).  En Allemagne, c’est + 284 %, notamment parce que les voitures hybrides rechargeables sont souvent louées comme véhicules de société.

Il s’avère que les professionnels font beaucoup de route et conduisent leur véhicule comme des voitures à essence. Mais dans ces conditions, les voitures hybrides rechargeables n’ont tout simplement aucun intérêt. Elles polluent moins uniquement lorsqu’elles sont utilisées en mode électrique. Et pour cela, « il faut les concevoir pour qu’elles ne fonctionnent avec la batterie et uniquement la batterie, dès que cela est possible », précisent les auteurs de l’étude.

En effet, les voitures qui basculent en thermique dès que l’utilisateur appuie sur l’accélérateur « ne sont pas utiles pour réduire les émissions de CO2 ». C’est malheureusement le cas de la plupart des modèles commercialisés à ce jour. Et cela pose question quant aux valeurs d’émissions de CO2 communiquées par les marques.

De nouvelles normes européennes à venir ?

Cette étude est importante car elle a été établie par une entité gouvernementale. Les données publiées sur les émissions réelles des voitures hybrides rechargeables vont être utilisées pour établir les futurs règlements de l’Union européenne. Sur la base de ces nouvelles connaissances, les régulateurs pourraient même baisser les subventions accordées aux modèles les plus polluants.

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Étonnement, il se trouve que les ventes sur les modèles hybrides rechargeables et hybrides simples augmentent rapidement en ce début d’année 2024. Plus vite même que les ventes des modèles 100 % électriques. Un constat partagé par les États-Unis et l’Europe. Sur le Vieux continent, les ventes des modèles PHEV ont progressé de 11,6 % en février, contre « seulement » 9 % pour les électriques.